The Cure forcément. Évidemment. Nous en avons parlé, re-parlé, ici, ailleurs, avec nos ami.e.s, nos conjoint.e.s, nos enfants, ce disque est "au moins" celui de 2024, non parce que seize années le séparent de son prédécesseur, "4:13 Dream" paru en 2008, mais parce que ce sont trente-deux années qui se sont écoulées depuis "Wish" sorti en 1992, trente-deux années pendants lesquelles Robert Smith a tenté en vain de réanimer l’âme de The Cure. Il y est enfin parvenu avec "Songs of a Lost World". Le disque n'est pas parfait, ce n'est évidemment pas le meilleur du groupe, mais il "restera". Les quatre albums précédents peuvent quant à eux enfin être oubliés.

J'ai compté un peu plus de 200 albums parus cette année. Il y a eu beaucoup de flops, ces disques qu'on n\’attendait pas spécialement, qui de toute évidence auraient du nous plaire, Pixies, Kim Deal, The Wolfgang Press, Anja Huwe d’Xmal Deutschland, mais qui se sont avérés tous décevants. Il y aura eu des ratages comme TR/ST, des interrogations comme Night Bus, mais que font ces Mancuniens qu'on avait repérés en 2023 parce que bourrés de talent et qu'on imaginait être la révélation de 2024 ?, ou encore R. Missing qui semble empêchée par un plafond de verre. Il y a eu de très belles choses, des disques magnifiques même, comme Chelsea Wolfe, Einstürzende Neubauten, Mono, And Also the Trees, Nick Cave & the Bad Seeds, Kill The Thrill, Détroit, Trentemøller, qui m’auront accompagné tout au long de l’année. Il y aussi eu quelques perles et bonnes surprises comme Theis Thaws, le nouveau side-project de Tricky, Profit Prison, Curses, Pyrit et le dernier album de Position Parallèle "Aiguille à Découdre". Mais si je n'en gardais qu'un, un seul, autre que celui de The Cure, ce serait "Ecce Homo", le nouvel album de Gavin Friday. Le disque est fin, subtile. Superbe. Certainement le plus excitant de 2024.

Ce sera sans hésitation, et ce sera un concert notable parce que particulièrement décevant, le plus décevant de l’année écoulée : celui de Front 242 au Trianon à Paris. Décevant à double titre, parce que les garçons ont décidé que ce serait leur ultime (sans nous demander notre avis), et parce que ça n'a pas été leur meilleur. On leur pardonnera, c'est certain, mais pas tout de suite. Pour l’instant, on doit "gérer" ce sale sentiment d’avoir été abandonné, comme lorsqu'on est quitté sans vraiment comprendre ce qui nous est reproché.

Il y a deux projets qui pourraient nous impressionner en 2025.

Tout d’abord les Néerlandais de Pol, une formation qui conjugue l'esprit new wave et new romantic, avec une belle allure (on pense à David Sylvian, John Foxx, Gary Numan, David Bowie…), et avec qui l’on voit passer quelques fantômes, comme le synthé de Tubeway Army, Ultravox, une basse et une guitare ancrées dans une new wave flamboyante, avec une telle subtilité qu’on n’y décèle pour l’instant aucune once de poussière. Un seul EP est paru, et j’ai eu par ailleurs la chance de les voir sur scène il y a quelques mois. J’espère que leur premier album sera à la hauteur du plaisir qu’ils m’ont procuré ce soir-là.

Il y a aussi Topographies, le groupe de Gray Tolhurst qui, avec deux albums, est parvenu à faire ce que son père, Lol, n’avait jamais réussi à faire depuis son éviction de The Cure : capter un bout d’âme du groupe de Robert Smith, en toute discrétion, et en faire naître autre chose, surtout, quelque chose de plutôt charmant. Un nouvel album pourrait faire monter le garçon d’une belle marche et nous impressionner.

Quoi d’autre ? Prémonition, forcément. Que nous continuions à vous satisfaire au quotidien, avec nos infos, nos chroniques, nos Tentatives de Transmission, notre agenda de sorties et de concerts, que nous parvenions toujours à vous procurer ce plaisir, ce même plaisir que nous procure le fait de vous savoir "là", tout aussi avides de sons pour vos sens que nous le sommes pour les nôtres.