& les Chroniques
Express
We.The Pigs
"We.The Pigs"

"We.The Pigs"
DATES | Sorti le 26 novembre 2021 | Publié le lundi 24 janvier 2022
ET ALORS | Le premier album des Suédois de We.The Pigs est l’excellente surprise de la fin d’année dernière. Ce quintette originaire de Stockholm n’avait jusqu’ici enregistré que deux discrets singles, mais la sortie de "We.The Pigs" devrait changer la donne en ce qui concerne leur exposition au monde. Les chansons y sont efficaces et robustes, les influences sont héritées de l’indie rock à tendance noisy, shoegaze ou purement pop des 90s. Portés par un chant féminin aérien, We.The Pigs rejoint cette famille de jeunes talents que nous aimons et qui ne refusent pas quelques larsens lorsque l’occasion se présente ; on pense à Manon Meurt, à Pinkshinyultrablast, à Blankenberge ou encore à Be Forest, des formations qui ont essaimé dans toute l’Europe et dont la qualité des productions n’a rien à envier à celles qui créaient la sensation en Angleterre il y a plus de trente ans. Avec ce premier album pop, audacieux et bluffant, We.The Pigs, le pied sur les pédales d’effets, passe ce mur du son que nous adorons tant franchir avec ou sans casque, et délivre ici une sacrée collection cohérente et enivrante de chansons que l’on a envie de continuer de fredonner pendant longtemps. Reste tout de même un point qu’il faudra éclaircir : pourquoi ce drôle de nom ?

Sébastien Guérive
"Omega Point"

"Omega Point"
DATES | Sorti le 19 mars 2021 | Publié le lundi 12 avril 2021
ET ALORS | À la fois musicien et sound designer, Sébastien Guérive fait partie de cette famille de compositeurs à laquelle appartiennent également Ben Lukas Boysen, Ben Frost ou encore Franck Vigroux, et dont le travail sur le son est essentiel, sinon primordial, pour transmettre des sensations à l’auditeur, reléguant parfois la mélodie au second plan. "Omega Point", le nouvel album du Nantais, est de par son apparente simplicité mélodique et sa complexité sonore, une machine à faire cristalliser des émotions pures, comme s’il appartenait à chacun d’imaginer les scènes d’un film muet à partir de ses compositions électroniques. Grâce à une palette généreuse de sons juxtaposés et de mélodies discrètes à la musicalité fraiche, presque candide, les titres s’enchaînent, chacun suggérant une émotion particulière, comme si nous étions immergés dans une succession des scènes où s'inviteraient tour à tour l’angoisse, la surprise, la déception, la colère, l’audace ou encore la mélancolie, voire le regret. Egalement metteur en son pour des créations au théâtre, ce magicien maîtrise sans conteste le pouvoir suggestif des vibrations et des textures. Une très belle réussite, émouvante et délicate.
CONNEXE | Instrumental | Electronica | Néo-classique | Ben Lukas Boysen | Ben Frost | Franck Vigroux

Front Line Assembly
"Mechanical Soul"

"Mechanical Soul"
DATES | Sorti le 15 janvier 2021 | Publié le dimanche 28 mars 2021
ET ALORS | Deux mois seulement ont séparé son annonce et sa sortie, et l’on comprend l’urgence car qui mieux que Front Line Assembly sait chanter la pandémie, la désolation et la fin du monde ? Mais c'est surtout dans sa conception que "Mechanical Soul" intrigue : Rhys Fulber reconnaît avoir accumulé énormément de matériel solo depuis ses débuts techno en 2017, et admet volontiers avoir pioché dans cette réserve pour donner corps à cet opus, pourtant enregistré à deux. Cela s'entend effectivement sur chaque morceau qui sonne comme ses productions personnelles, avec en sus la marque de fabrique du groupe reconnaissable entre mille : les vocaux de Bill Leeb calés au millimètre. Les morceaux s’enchaînent et percutent comme cet extraordinaire "Unknown" qui présente quelques similitudes avec "Shifting Through the Lens" sur "I.E.D", ou "Komm, Stirbt Mit Mir" qui rappellera à bien des égards "Schicksal" sur "Civilization". Un magnifique tour de passe-passe transforme le "Future Fail" avec Jean-Luc de Meyer sur "Artificial Soldier" en un "Barbarians" peut-être ralenti, mais à la puissance de frappe décuplée. Avec un nouveau Noise Unit également dans la course, on se dit que l'on va réussir à tenir bon en 2021.

Tides From Nebula
"From Voodoo to Zen"

"From Voodoo to Zen"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le lundi 30 mars 2020
ET ALORS | Le rock instrumental des trois jeunes gens de Tides From Nebula a de quoi nous étonner et nous passionner : un jeu de guitare rageur, une section rythmique qui exécute des tonnes de motifs et des synthès aériens. La formule est diablement maitrisée et si elle était poussée au maximum, elle pourrait faire office de trait d’union entre le "WarMech" de Front Line Assembly et le "Myra" de Spurv. Ces musiciens originaires de Warsaw en Pologne jouent aujourd’hui dans la cour des grands en accordant une attention équivalente à leurs machines et leurs guitares, inventant une communication parmi deux mondes que l’on avait considérés jusqu’ici aussi hermétiques que peuvent l’être deux planètes d’un même système solaire, en permettant des échanges que l’on pensait impossibles voire contre-nature. "From Voodoo to Zen", leur cinquième album en dix ans revêt des allures de superproduction dans laquelle les machines et les guitares font match nul, et c’est bien là que réside la force de leurs compositions qui nous apparaissent alors comme une rafraichissante sortie de chemin sur l’autoroute souvent trop bien balisée du post-rock. Une sacrée réussite !

Bragolin
"I Saw Nothing Good So I Left"

"I Saw Nothing Good So I Left"
DATES | Sorti le 24 mars 2018 | Publié le mardi 22 janvier 2019
ET ALORS | Il arrive parfois que l’on éprouve l’envie d’écouter des choses plus faciles, sans que cela ne ternisse d’aucune façon l’estime que l’on a de l’album que l’on va choisir. "I See Nothing Good So I Left" fait partie de ces disques qui semblent évidents. La cold (pop) wave de Bragolin rappelle des sonorités plus anciennes comme celles de Sad Lovers & Giants sans trop s'en approcher, la voix charismatique et intrigante de Edwin van der Velde , la très belle guitare (baryton pour être précis), la boîte à rythmes et les synthés transforment chaque titre en un joyau lumineux et donnent à l’ensemble un son propre, presque cristallin, et insufflent surtout à ces huit titres une véritable identité. Le groupe, originaire d’Utrecht aux Pays-Bas, est passé au Supersonic à Paris en mai dernier, quelques mois après la sortie de cet album qui est sa toute première production.








