& les Chroniques
 Express
Lith
"Anthropocene"

"Anthropocene"
[M-tronic]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 29 janvier 2022 | Publié le vendredi 17 juin 2022
ET ALORS | L’Anthropocène est l’époque géologique caractérisée par l’avènement de l'activité humaine prépondérante à tout autre facteur naturel qui prédominait jusque-là, et détermine le sort de notre planète tout entière. Et c’est cette réalité que décrit fort bien le nouvel album du Français David Vallée et son projet Lith, dont l’électronica brute, massive et tellurique, associée à des patterns rythmiques fouillés et complexes, imagine la bande-son d’un futur que l’humanité a déjà orienté, voire condamné. Sur les dix titres instrumentaux qui composent "Anthropocene", le ton est solennel et la palette sonore est inquiétante pour évoquer ce constat tragique. Dès son intro qui sonne comme une mise en garde, "Anthropocene" semble remonter aux premières heures de l’Homme sur Terre avec sa rythmique tribale, avant de nous entrainer dans la désolation d’un monde de ruines et de cendres, au moyen de titres sans équivoque. Pour rendre compte de la puissance de nuisance et de destruction dont fait preuve notre espèce, le musicien emprunte autant au dubstep qu’à l’industriel et à la dark ambient sur ce disque dont la finesse d’exécution n’a pas fini de révéler la tonne de détails sonores qui nous fascinent.

Onoda
"Land/Islands"

"Land/Islands"
DATES | Sorti le 9 octobre 2020 | Publié le jeudi 26 novembre 2020
ET ALORS | Quelle claque ! "Land/Islands" est le tout premier album du groupe français Onoda, et pourtant, il fait déjà preuve d’une audacieuse maturité. Et de la maturité, il en aura fallu pour laisser ces cinq longs morceaux de six à dix minutes chacun progresser à un rythme tout autant serein que martial. Quitte à doubler le nombre de mesures afin d’atteindre un idéal sonique époustouflant soutenu par des boucles répétitives et emmené par une rythmique qui vrombit comme le moteur d’une mécanique qu’il faudrait sans cesse alimenter. Passées leurs intros inquiétantes et tendues, les chansons montent en puissance, mues par une batterie intraitable et des boucles qui tournent, retournent et permettent aux refrains de s’introduire dans la tête jusqu’à l’ivresse. On pense à une version noisy pop aux accents krautrock du "Data Mirage Tangram" des Young Gods, avec cette idée commune du travail sur le son au coeur même des compositions, pour un résultat extrêmement dense et d’une richesse incroyable. Une telle réussite n’arrive pas par accident : il y a forcément une sacrée dose de talent là-dessous.





