& les Chroniques
Express
The Telescopes
"Exploding Head Syndrome"

"Exploding Head Syndrome"
DATES | Sorti le 1er février 2019 | Publié le mardi 5 mars 2019
ET ALORS | Depuis le mythique "Taste" en 1989, Stephen Lawrie mène sa barque tranquillement, fidèle au registre shoegaze/noise/space rock qui est sa marque de fabrique, et dont il est, il faut le dire, l'un des champions actuels. L'âge aidant, la musique s'est faite de plus en plus expérimentale et planante, sans toutefois délaisser une profonde noirceur, larsens et synthés entremêlés à l'infini, lancinants, répétitifs, cotonneux, sur fond de voix monocorde ensommeillée. "Exploding Head Syndrome", comme le précédent, est de cet acabit, et il est magistral. On n'écoute pas les Telescopes pour se distraire, mais pour se soigner : les vapeurs psychédéliques dégagées par cette musique ont ce don extraordinaire d'agir sur le cerveau aussi bien qu'une drogue : on s'y plonge avec délectation, et on en oublie tout le reste.

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.

FTR
"Manners"

"Manners"
DATES | Sorti le 15 février 2019 | Publié le jeudi 28 février 2019
ET ALORS | Le made in France se porte merveilleusement bien. Pour preuve, la liste des jeunes formations basées dans notre pays capables de sortir des productions impeccables s'allonge un peu plus chaque mois (Divine Shade, Hante.), certains allant jusqu'à signer pour la diffusion hors de nos frontières. Les Parisiens FTR (ex-Future) rassemblent dans leurs compositions passion, énergie, talent et de belles références bien assimilées. C'est au meilleur de The Jesus and Mary Chain façon DIY ou à A Place to Bury Strangers que l'on pense dès les premières mesures de "Manners", avec cependant un grain personnel, une sorte de mur du son construit autour d’une boîte à rythmes infatigable, une basse énorme qui ne s’arrête jamais et des guitares qui hurlent. La voix se veut rassurante dans cette masse cold-pop-rock-noisy sans concession qui trace en ligne droite son propre chemin quitte à pulvériser tous les obstacles.

Queen Zee
"Queen Zee"

"Queen Zee"
DATES | Sorti le 8 février 2019 | Publié le mercredi 27 février 2019
ET ALORS | C'est la sensation du moment outre-Manche : les punks queers multicolores Queen Zee et leur charismatique chanteur trans, Zena "Obscene" Davine, dont l'album était très attendu après plusieurs singles qui en mettaient plein les gencives. Queen Zee, c'est comme le Spritz : c'est coloré, ça vous rebooste et ça vous fait tourner la tête. Pour faire un bon Spritz, une seule règle : trois bonnes doses de punk énervé (des guitares à fond les ballons), deux solides doses de glam-rock (une solide base rock et des looks allant des New-York Dolls à Marylin Manson en passant par The Cult), et une petite dose de goth pétillant (un chant qui fait penser autant à Gavin Friday qu'à Rozz Williams). En guise de rondelle d'orange, un sens mélodique parfait qui fait de cet album une véritable usine à tubes. Vous savez ce qu'il vous reste à faire : maquillez-vous et bondissez dans la rue en criant "Sass or Die !".
CONNEXE | Spritz

Fawns of Love
"Permanent"

"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.

Mono
"Nowhere Now Here"

"Nowhere Now Here"
DATES | Sorti le 25 janvier 2019 | Publié le mercredi 13 février 2019
POURQUOI | Mono
ET ALORS | Il y a chez MONO une sensibilité et une mélancolie que l'on ne retrouve nulle part ailleurs, de sorte que le plus célèbre des groupes japonais semble dépositaire d'une forme de poésie ancestrale qu'il se doit de la perpétuer album après album. De fait, leur musique est intemporelle et dépasse largement le cadre même du disque, puisqu'elle s’apparenterait facilement à une conversion musicale du nombre d’or, cette proportion universelle qui définit la beauté. Les mélodies de "Nowhere Now Here" sont comme toujours intimes et dramatiques à la fois, suivant cet ordre de construction qui va crescendo, comme un nuage que l'on voit approcher au loin avant le véritable orage qui balaye absolument tout. Car c'est bien cela que l'on retrouve inlassablement chez MONO : une certaine mise en scène de l'avènement des furies. Et le plus incroyable, c'est que cela fonctionne à chaque fois.

Indi
"Precipice"

"Precipice"
DATES | Sorti le 12 octobre 2018 | Publié le mercredi 23 janvier 2019
POURQUOI | Orchestrations
ET ALORS | Savant mélange d’electronica, d’orchestrations luxuriantes, d'expérimentations et d’exercices de vocalises, "Precipice" propose une construction toute personnelle de chansons chaudes comme un souffle d'été. Avec sa voix douce et son phrasé enfantin, la néo-zélandaise Indi (de son vrai nom Indira Force), également chanteuse du groupe de trip-hop Doprah, propose dix sucreries délicieusement expérimentales et pop, sans état d’âme, où les machines s'approprient la rythmique façon mille-pattes, et soutiennent des orchestrations riches en sons de violons, de cors, de flûtes, harpes et clavecins, telle une Björk underground en direction de territoires inédits.

Bragolin
"I Saw Nothing Good So I Left"

"I Saw Nothing Good So I Left"
DATES | Sorti le 24 mars 2018 | Publié le mardi 22 janvier 2019
ET ALORS | Il arrive parfois que l’on éprouve l’envie d’écouter des choses plus faciles, sans que cela ne ternisse d’aucune façon l’estime que l’on a de l’album que l’on va choisir. "I See Nothing Good So I Left" fait partie de ces disques qui semblent évidents. La cold (pop) wave de Bragolin rappelle des sonorités plus anciennes comme celles de Sad Lovers & Giants sans trop s'en approcher, la voix charismatique et intrigante de Edwin van der Velde , la très belle guitare (baryton pour être précis), la boîte à rythmes et les synthés transforment chaque titre en un joyau lumineux et donnent à l’ensemble un son propre, presque cristallin, et insufflent surtout à ces huit titres une véritable identité. Le groupe, originaire d’Utrecht aux Pays-Bas, est passé au Supersonic à Paris en mai dernier, quelques mois après la sortie de cet album qui est sa toute première production.

Beauty Of Inconsequenz
"Persephone LP"

"Persephone LP"
DATES | Sorti le 16 novembre 2018 | Publié le lundi 21 janvier 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Est-ce parce qu’on ne sait absolument rien de Beauty Of Inconsequenz, que l’écoute de "Persephone" s’avère aussi troublante ? La troisième production du label berlinois Unterland ne dévoile d’elle que le corps fascinant de sa pochette, comme une invitation à pénétrer un univers que l’on découvre vertigineux, terriblement sombre, et profondément mélancolique. L’écoute de ses neuf titres révèle une juxtaposition légère et incroyablement intelligente de sons et d’ambiances qui nous emmènent aux confins d’une dimension où les fantômes de Massive Attack cotoîraient ceux d’esprits déviants. Ambient, expérimental, industriel dubsteps, trip hop, craquement de vinyls, bribes de voix énigmatiques… Un disque qu’aurait pu publier Cold Meat Industry si le label avait été basé à Bristol.

Semiotics Department Of Heteronyms
"SDH"

"SDH"
DATES | Sorti le 6 juin 2018 | Publié le mardi 15 janvier 2019
ET ALORS | Les coups de foudre sont rares, mais la première rencontre avec l’album de Semiotics Department Of Heteronyms en a pourtant toute l’allure. Une new wave/cold wave aérienne, parfois low tempo ("The Scent") mais souvent plus entraînante ("Tell Them", "I Mean", "She Uncovers Before Me"), des synthés omniprésents, fascinants, une rythmique entêtante, et surtout, une voix féminine terriblement addictive. Voilà les composantes des huit titres qui constituent "SDH", le premier album de ce duo originaire de Barcelone qui n’en est pas à son coup d’essai ; outre un premier single en mai dernier, Andrea P. Latorre et Sergi Algiz avaient fait leurs armes au sein d’une formation post-punk, Wind Atlas, avant de monter le label Conjunto Vacio. À l’image de la pochette, ces compositions intriguent, fascinent, créent l’envie et se livrent un peu plus à chaque nouvelle écoute. Un bijou froid, racé, intelligent.

FILTRES | Records








