& les Chroniques
Express
Lou Tides
"Autostatic!"
DATES | Sorti le 23/05/2025 | Publié le jeudi 3 juillet 2025
ET ALORS | Un disque qui débute par une suite de déflagrations digitales est forcément prometteur, d’autant plus que "Autostatic!", le tout premier album de l’énigmatique Lou Tides est une histoire de fantômes, principalement ceux de son passé. Lequel ? Membre de la formation américaine TEEN pendant une dizaine d’années avec ses deux soeurs, Kristina Lieberson déploie des capacités de polymorphisme inédites, et excelle dans l'élaboration de chansons pop expérimentales, voire déstructurées. La chanteuse donne vie à ses fantômes en modifiant franchement sa voix au grés des chansons, comme ce timbre venu d'ailleurs appuyé par le ronronnement de la basse sur "Low Wow". La subtilité des arrangements sur "Folklorish" permet au titre une transition habitée, la faisant passer d’une extrême à l’autre. L'artiste nous rappelle ces formations actuelles qui s'efforcent de conférer du caractère à la pop, dussent-elles avant tout en maltraiter les codes, quitte à la dénaturer. Au jeu des références fortuites, on retrouve dans "Autostatic!" des similitudes de voix qui se seraient infiltrées dans un environnement mutant : on croit entendre Marva Von Theo de passage dans l'univers de David Lynch sur "Flood Facts", quand "Map Marker" nous évoque Bestial Mouths pour son caractère électro assumé. Avec "Autostatic!", Lou Tides signe un disque d'une richesse inouïe, et qui n'a pas fini de troubler nos sens. Superbe.
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PRÉMO
15/20
La Machine
"Contrôle Total"
DATES | Sorti le 25/04/2025 | Publié le lundi 9 juin 2025
ET ALORS | "Contrôle Total", le premier album de La Machine, s'écoute comme le best of des deux années passées. Deux années au cours desquelles le duo nous a surpris à la sortie de chacun de ses EPs : tout d'abord par le choix de ses reprises, affichant de manière subtilement provocatrice un goût prononcé pour la variété, majoritairement française (Dani, Jacno, Michel Sardou), le second degré comme fil rouge, réhabilitant au passage le tube planétaire "Vamos A La Playa", lui rendant son sens premier et globalement incompris. Ensuite, par les thèmes abordés dans ses propres compositions, à travers lesquelles, un sourire toujours en coin, La Machine joue à nous faire peur, se nourrissant goulument de nos travers humains ataviques, exacerbés en ce début de vingt-et-unième siècle. On se délecte de ces paroles en français à l'humour évidemment cynique et décalé, de ce chant suffisamment éloigné des projets respectifs des protagonistes pour donner une voix nouvelle à cette machine punitive. Le virus de la Covid-19, dont s'inspire "F.F.P.2" est passé par là, et d'autres suivront nous dit-on. Dès lors, La Machine anticipe les prochains cataclysmes sur fond d’une électro vintage minimale de premier choix, synthés d'origine de rigueur, et pas si froide que cela, en nous avertissant que si nous méritons l'anéantissement, La Machine en sera sa Némésis. Un disque véritablement addictif !
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PRÉMO
16/20
The Young Gods
"Appear Disappear"
DATES | Sorti le 13/06/2025 | Publié le jeudi 5 juin 2025
ET ALORS | Quel cadeau ! Nous n'osions plus espérer un disque d’une telle efficacité immédiate de la part des Young Gods après leurs deux derniers exercices expérimentaux successifs, "Data Mirage Tangram" et "The Young Gods Play Terry Riley In C", qui, s'ils nous offraient chacun une facette différente de leurs infinies possibilités, nous laissaient tout de même sur notre faim. Mais cette fois, aucun doute possible : c’est la bonne. Quel plaisir de retrouver ces compositions qui rappellent l’ambiance générale de "Superready / Fragmenté", ces riffs samplés auxquels se superpose un jeu de guitare live introduit depuis l’album "Everybody Knows". Le groupe nous propose la crème de sa recette old school, les tubes s’enchaînent en rafale du début à la fin : la batterie percute, avec soin et précision, Franz nous sert des expressions phonétiques qui n’appartiennent qu’à lui ("Tu En Ami Du Temps", "Blue Me Away"), s'accrochant toujours au concept pivot sur lequel repose essentiellement l’énergie du groupe : le son, qu’il soit mitraillé par un sampler ou qu’il s’agisse de celui d’un simple mot. "Appear Disappear", ce sont dix titres qui mêlent un savoir faire unique à de nouvelles trouvailles sonores, et qui garantissent aux jeunes Dieux une immortalité qu'ils n'avaient probablement pas anticipée à leurs débuts. Un cru exceptionnel.
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PRÉMO
19/20
Foretaste
"Happy End!"
DATES | Sorti le 29 janvier 2021 | Publié le lundi 19 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Synthpop | France
ET ALORS | Cinq ans après son impeccable "Space Echoes" enregistré la tête dans les étoiles, Foretaste pose les pieds sur terre avec un sixième album dont le track-listing compose une phrase (à condition d’y placer judicieusement la ponctuation), et nous promet une fin heureuse, même si la pochette de "Happy End!" suggère, non sans malice, une issue bien différente. Et question contraste, le duo a cette fois-ci fait le pari d’un son plus brut et plus expérimental, orchestré par des motifs rythmiques plus chaotiques qu’à l’ordinaire, renforcé par une palette sonore moins lisse que sur ses productions précédentes, qui confèrent un relief inédit à ses compositions de pop électronique. Car c’est bien de pop dont il s’agit avant tout ici : gorgée des refrains imparables qui font la force des Français, et portée par une quantité de sons qui clignotent de toutes parts. À mi-parcours, "Robotic Blues" qui renvoie la politesse du "So Sorry" de Dekad constitue la surprise de ce voyage vers la fin du monde, avant de laisser la place à trois tubes supplémentaires introduits par "Bored To Death", dédicace au label qui accueille fidèlement le groupe depuis ses débuts. Mais pourquoi diable l’histoire devrait-elle se terminer ?
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PRÉMO
14/20
House of Harm
"Vicious Pastimes"
DATES | Sorti le 4 septembre 2020 | Publié le mardi 24 novembre 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On est tout de suite tombé sous le charme de la new wave de House of Harm. Le premier contact a évidemment eu lieu avec la pochette et ces trois silhouettes monochromes et floues, hommage forcément intentionnel au "Pornography" de The Cure. La référence à leurs grands-parents britanniques ne s'arrête pas là tant la formation originaire de Boston s'amuse à piocher ça et là sons et mélodies qui ne sont pas sans rappeler celles de Robert Smith, les clochettes de "Coming of Age", la rythmique et la basse du démarrage de "Against the Night", ou encore la petite mélodie de guitare de "Catch". Mais ces clins d'oeil ne sont que des repères rassurants et amusants et n'entachent en rien la construction des compositions, pas plus que leur originalité. Celles-ci s'avèrent en effet bourrées d'intelligence et fichtrement efficaces. Les synthés, guitares, et rythmiques puisent allègrement dans le genre sans finalement ne plagier aucun groupe particulier, on ne pense d'ailleurs jamais vraiment à The Cure, d'autant que la voix de Michael Rocheford, si elle aussi suit les codes du genre, s'impose et contribue à entériner l'identité propre du groupe. 35 minutes trop courtes qui incitent à écouter encore et encore le disque.
CONNEXE | The Cure | New Wave | Synthpop
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14
PRÉMO
14/20
Helicon
"This Can Only Lead To Chaos"
par
DATES | Sorti le 24 janvier 2020 | Publié le mardi 5 mai 2020
POURQUOI | Pochette | Titre
ET ALORS | "This Can Only Lead To Chaos", le second album des cinq de Glasgow porte tellement bien son nom qu’il eut été impossible qu’ils lui en préfèrent un autre. Sauf que de ce chaos là naissent des compositions si maîtrisées et si éloquentes, qui vont du rock psychédélique à la ballade instrumentale pour sitar en passant par l’indie rock des 90s ou le post-rock, que les ignorer serait faire preuve d’un manque de discernement patent. Le talent de ces jeunes gens s’entend sur chacune des chansons du disque, et nous nous imaginons en très bonne compagnie, un peu comme si The Jesus & Mary Chain, Ride, Primal Scream et Slowdive avaient décidés de jouer tous ensemble, les uns apportant les reverbs, les autres leur chambres d’écho et leurs pédales d’effets fuzz calées sur leur maximum. "Pure Filth" vous happe dans son tourbillon de guitares et d’effets, "The Sun Also Rises" vous rattrape d’une main et vous lance de l’autre vers la noirceur de "Glasgow Uni Accent", et le rodéo se poursuit avant de conclure sur le court "Cosmic John" dont on relèvera la tête avec une idée fixe : y retourner à la première occasion.
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15
PRÉMO
14/20
The Vagina Lips
"Outsider Forever"
DATES | Sorti le 20 janvier 2020 | Publié le jeudi 9 avril 2020
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Très bel album que ce "Outsider Forever" de The Vagina Lips ! Le disque démarre en trombe avec un "I Don’t Want this Day to End", endiablé, tout en guitares, qui donne immédiatement le ton. Ici, s’il s’agit de new wave, ce n’est pas celle 100% synthétique et dansante dont on parle si souvent dans nos pages, mais l’autre, sa cousine proche, celle qui, si elle a en commun ses synthés, sa mélancolie et son romantisme, se distingue par sa parure de guitares lumineuses, ses mélodies puissantes et le lyrisme de son chant. Un peu comme si Morrissey avait rencontré Prefab Sprout, flirté avec Beloved et s’était entiché de Simple Minds. On pense aussi à New Order dans leur version "pop guitare", mais qui auraient signé chez Sarah Records plutôt que Factory. The Vagina Lips est un hommage à toute cette époque mais l'aborde avec une candeur d’adolescent. On se délecte de ces neuf titres qui parviennent à s’imposer dès la première écoute et qui, on le parie, vont rester comme une belle référence, s’installant durablement dans nos oreilles. "Outsider Forever" est le troisième album de Jimmy Polioudis, et le garçon vient de nous envoyer depuis Thessalonique un souffle de fraîcheur extrêmement agréable.
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PRÉMO
14/20
Say Hi
"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.
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PRÉMO
14/20
Ubikande
"Artefact"
DATES | Sorti le 30 avril 2019 | Publié le lundi 23 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Français
ET ALORS | Lorsqu’on découvre pour la première fois la voix de Cassandre Azama-Buxton, c’est à celle de Tanit que l’on pense. Immédiatement. Lyrique, grave, ciselée, décidée et maîtrisée ; une voix que l’on sait d’entrée importante et qui ne nous lâchera pas jusqu’à l’issue de l’écoute du premier album de Ubikande. Quant à l’environnement qui l’accompagne, il semble être tout aussi sûr de lui. Comment ne pas l’être pour concevoir des compositions aussi intenses, sorte de cold wave noisy qui mêle à la fois le malaise et la tension des Cranes, la noirceur des Cure et une énergie qui flirte avec l’industriel. On pense à The Young Gods ou à Killing Joke avec ces guitares dont émane une tension par moment quasi cathartique et ses mélodies hypnotiques. Mais l’objet, aux contours en constante transformation ne cesse de surprendre à chaque nouvelle écoute et rend rapidement bien futile cette recherche de références. Parce que si Ubikande a certainement les mêmes que les nôtres, la formation, originaire de Tours, a avec cet "Artefact" qui porte parfaitement son nom, créé quelque chose d’envoûtant.
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17.5
PRÉMO
14/20
Undertheskin
"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Pologne
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.
CONNEXE | Gothique | Post-Punk
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PRÉMO
14/20
FILTRES | 4 | The
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