J’ai fait les comptes. Comme chaque fin d’année. 390 albums dans ma "discothèque", essentiellement au format digital, mais tout de même quelques vinyls et autres supports physiques à droite à gauche. En revanche, toujours pas de streaming de mon côté. Je tiens à avoir, à posséder, m’approprier. Toujours.
Est-ce que le disque à retenir est celui que j’ai le plus écouté, celui qui m’aurait le plus touché ou encore celui qui "restera" ces prochains mois ou années ? Est-ce que le plaisir doit être immédiat, admettre qu'il soit jetable, ou bien doit-on l'autoriser à prendre son temps, à s'installer tranquillement et être pérenne ? Est-ce que le disque idéal doit combiner toutes ces singularités ? Que cet exercice est difficile. J’ai réussi à faire une short list de dix-huit disques, j’ai ensuite tourné autour de cette liste pendant trois jours, je les ai tous réécoutés… Celui qui m’a ému le plus, toujours un peu plus à chaque fois que je l'écoute depuis que je l’ai entre mes mains, est le chef d’oeuvre de Frédéric Lo qui rend hommage à Daniel Darc avec "Cœur sacré - un hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc". Une série de reprises de très haut vol, sincères car appliquées, Frédéric s’étant même autorisé à inviter Daniel sur deux d’entre elles, mêlant sa voix à celle de Jane Birkin puis de Bill Pritchard. Des artistes que l'on a peu l'habitude d'écouter qui par leur présence manifeste l'importance qu'a Daniel pour eux. La musique ne devrait-elle pas n’avoir qu’une qualité, celle de nous procurer de l’émotion ?
.

Nightbus ou NewDad sont à surveiller, Fragile est stupéfiant. MØAA est fascinante de délicatesse. Et je suis submergé d’émotion lorsque j’écoute Lost Under Heaven "Something Is Announced By Your Life!", la subtilité et la grâce des compositions de ce couple installé à Manchester, la magnificence de leurs interprétations, leur dernier album, "Something Is Announced By Your Life!" me bouleverse à chaque fois que je l'écoute. L’émotion, toujours.

Je ne cesse de parler d’émotion mais à quel autre endroit que dans une salle de concert celle-ci peut devenir palpable, la nôtre s'entremêlant à celle de ceux qui nous entourent, se confrontant à celle des artistes, un mélange d'énergies qui se heurtent et s'entrelacent rendant l'instant magique. J'ai compté. Encore. J’ai vu 69 concerts en 2023. De la sueur, des bleus, des étourdissements, des larmes, des cris, des moments de solitude, d'autres d'intense communion. Certains étaient d'une intensité inouïe, The Chameleons, New Order, Front 242, Kas Product Reload, The Sisters of Mercy, d'autres des moments d'une beauté incommensurable comme Martin Dupont, Corpus Delicti, Frédéric Lo, Opera Multi Steel, Collection d’Arnell Andrea ou encore Crime and the City Solution, parfois une sublime tension inondait la salle comme ce fut le cas pour Hide ou Bruit Noir, il y a eu aussi beaucoup de découvertes, Pyrit, Gérard Jugno 106, Sad Madona, UFO Nurse. Quelle année. Brillante. N'en garder qu'un seul ? Il va falloir que je fasse "am stram gram" entre The Chameleons au Trabendo et New Order au Zénith.

Des vœux pour l’année qui arrive ? Nous avons survécu au confinement, à 2023… Espérons que l’on survive à 2024. Ce qui nous effraie n’est pas entre nos mains, souhaitons juste que nous continuions à être portés par nos passions. Qu’elles nous transportent et nous permettent de toujours prendre autant de plaisir à tout et au presque rien, que nos tympans continuent à vibrer avec nos chairs, que nos sens continuent à être bouleversés à chaque instant, que l’on suive nos envies et que le plaisir nous inonde. Ha, on parlait de musique ? Moi aussi. Des disques, des concerts, de l’art, des émotions, des désirs et surtout, du plaisir.
Je souhaite que Prémonition continue à contribuer à ce que ces souhaits se réalisent, pour vous comme pour nous.