Wet Leg

« Wet Leg »

[Domino Recording Co]

Chronique rédigée par Fred Thébault

publiée le jeudi 21 avril 2022 à 22h52

sorti le vendredi 08 avril 2022



De temps à autre, régulièrement, la presse grand public à tendance culturelle branchée pour adultes bon teint écolos et responsables découvre un groupe de rock "underground" (notez les guillemets) dont elle fait immédiatement le plébiscite. Il suffit en général que le chanteur soit sorti avec un mannequin célèbre, qu'une star du cinéma ait lâché le nom du groupe ou qu'une pub pour Nike ait utilisé un morceau dans son générique. Le groupe ainsi choisi a alors droit à tous les honneurs, un peu partout, personne ne voulant rater la nouvelle sensation. Le groupe, lui, soit n'en a rien à foutre et sa carrière pourra être longue, soit il se laisse hypnotiser par les lumières scintillantes et il ne fera pas long feu. Pour nous autres, qui écoutons des machins destroy ou tordus dans notre coin, ledit groupe ne semble pas plus exceptionnel qu'un autre qui ferait la même chose, mais l'impartialité du vrai critique rock (si cela sert encore à quelque chose), est de faire fi des multiples couches et parasites médiatiques, comme de la plastique des membres du groupe ou de leurs frasques et de juger sur un seul critère : la musique. Voici donc Wet Leg, duo féminin post-punk bien dans son époque, qui suit les traces de Fontaines D.C., DIIV ou d'autres avant eux, et dont les trois ou quatre singles ont tous bénéficié d'une vidéo et d'une couverture médiatique d'importance, l'album ayant été annoncé longtemps à l'avance et attendu au tournant par tous les critiques alors que d'autres, à la musique similaire, resteront dans l'ombre, écoutés par quelques nerds seulement. Dans le cas de Wet Leg, il faut bien reconnaître que l'album de ces jeunes filles au nom et aux paroles légèrement érotiques remplit ses promesses. On y retrouve tous les singles que l'on avait aimés, et le reste est du même acabit : des morceaux nerveux, répétitifs, avec de chouettes mélodies qui accrochent bien, de la guitare électrique juste comme il faut pour ne choquer personne et plaire à tout le monde, et deux ou trois titres un peu plus lents et tranquilles, de vraies "chansons", mais rien de vraiment ennuyeux. On navigue ici dans les eaux de Parquet Courts ou The Intelligence, Billy Nomates, Sharon Van Etten (les groupes de la catégorie undergound, donc), mais pas seulement : mélange de morgue et de fausse joie, de cynisme et de candeur, des textes sans concessions relativement trash, et en cherchant bien, on trouvera aussi un peu de Young Marble Giants ou plus près de nous, de Breeders, Beat Happening ou nombre de girl-bands comme les apprécient les mecs : des filles à la moue boudeuse capables de vous envoyer un pain si vous les collez un peu trop, mais des jolies filles qui restent sexy et pas destroy (pas de L7 ou de Hole ici). Bref, l'album de Wet Leg est une sucrerie dont on peut user et abuser, et on l'appréciera tout autant que l'on soit un adulte bon teint bio et branchouille ou un teigneux indé intransigeant. Allez tiens je me le remets.


Ce qu'on a aimé
- Sous la fausse candeur, un vrai feeling punk
- Les textes inspirés
- Les chouettes mélodies
- La folie douce qui règne sur l'ensemble
Ce qu'on n'a pas aimé
- Que tout le monde écoute ça
- Qu'il n'y ait pas de nouveau tube hormis ceux qu'on connaît déjà
PLUS D'INFOS
ÉCOUTEZ
TRACKLISTING
1. Being In Love
2. Chaise Longue
3. Angelica
4. I Don't Wanna Go Out
5. Wet Dream
6. Convincing
7. Loving You
8. Ur Mum
9. Oh No
10. Piece Of Shit
11. Supermarket
12. Too Late Now

DATES
Sorti le vendredi 08 avril 2022
Chroniqué le 21 avril 2022