Ça faisait déjà deux ou trois ans qu'on les suivait de près, les bizarroïdes gay friendly de HMLTD, pour leurs singles dingos à chaque fois différents et leurs vidéos surréalistes et dérangeantes. Alléluia, leur premier album est enfin sorti, et il est à la hauteur des attentes ! Des groupes comme ça, il y en a fort peu : hors du temps, hors des modes, hors des clichés, même s'ils SONT en eux-mêmes un cliché, volontairement sans doute, par provocation et par sens du dérisoire. Des comme eux, il n'y en a d'ailleurs pas eu depuis des lustres, tous ceux auxquels on pense étant estampillés années 80 : pour le look, Adam & The Ants, Frankie Goes To Hollywood, Dead Or Alive, Virgin Prunes, et pour la musique, encore Adam & The Ants et encore Frankie Goes To Hollywood, plus Wall Of Voodoo, Soft Cell, Depeche Mode, avec Fatima Mansions pour les années 90 et pour le XXIe siècle, Liars. Si vous connaissez les susnommés, vous aurez alors une bonne idée de la teneur, riche en couleurs et en grandiloquence, de ce qui fait le charme fou de HMLTD : une pop vénéneuse, tordue et expérimentale, qui passe du country & western à la J-pop, au cabaret, à l'electro ou au post-punk aussi facilement qu'une drag-queen gothique ose le maquillage noir et le boa rose sur chaussures à talons compensés vert pomme. "West Of Eden" se boit comme du petit lait, et chacun y trouvera son bonheur. Le grand guignol est ici parfaitement assumé, et surtout il n'est jamais exagéré (pléonasme ?), chaque ambiance et chaque sonorité tombant à chaque fois pile là où il faut juste quand il le faut, c'est à dire avec surprise, en déclenchant l'admiration devant tant de culot. Un disque à déguster allongé sur son canapé cousu de fils d'or, vêtu d'une sobre toge blanche, en égrenant une grappe de raisins aux côtés de son fidèle tigre de compagnie.