Lol Tolhurst
Interview réalisée par Christophe Labussière
« Cured, A Tale of Two Imaginary Boys »
Sortie UK le 22 septembre 2016
Sortie US le 11 octobre 2016
Lol Tolhurst aura passé aujourd'hui plus d'années hors de The Cure qu'au sein du groupe qu'il a pourtant lui-même fondé avec Robert Smith lorsqu’ils étaient au collège. C'était lui ce jeune garçon de 15 ans qui jouait à la batterie tandis que son copain Robert officiait au piano. C'est ensemble qu'ils ont fait leur tout premier concert en fin d'année au collège de Crawley. Et c’est ce même garçon qui a grandi en traversant le monde de part en part, jouant dans de toutes petites salles jusqu’à remplir les plus grands stades.
Alors que certains artistes se brûlent les ailes et sont terrassés par le succès et ses dommages collatéraux, la drogue, le suicide, la dépression, Lol y aura survécu, mais aura consumé toute son énergie, jusqu’à son dernier souffle, perdant jusqu’à son âme au point de n'être plus que l’ombre de lui-même. À défaut de le tuer véritablement, l'alcool aura tout fait disparaître en lui de ce qu’il était à 15 ans, obligeant Robert Smith à l’exclure du groupe en 1989, après la sortie de "Disintegration" auquel il avait à peine participé.
Vingt-sept ans plus tard, vingt-sept années sans alcool, Lol est absolument "clean". Dans sa tête, dans sa vie, dans ses projets. Il est sauvé. Il s’est sauvé. Depuis The Cure, Lol a sorti en 1993 un album sous le nom de Presence (dont le second album ne sortira qu’en 2014), puis trois avec Levinhurst, le projet qu’il mène brillamment avec son épouse Cindy Levinson depuis 2004. Lol s’est offert une nouvelle vie, humaine et artistique.
Aujourd’hui, c’est sans faillir qu'il le dit, revenir dans Cure est pour lui comme une évidence, The Cure n'est pas une partie de son histoire, il est une partie de The Cure.
Alors que certains artistes se brûlent les ailes et sont terrassés par le succès et ses dommages collatéraux, la drogue, le suicide, la dépression, Lol y aura survécu, mais aura consumé toute son énergie, jusqu’à son dernier souffle, perdant jusqu’à son âme au point de n'être plus que l’ombre de lui-même. À défaut de le tuer véritablement, l'alcool aura tout fait disparaître en lui de ce qu’il était à 15 ans, obligeant Robert Smith à l’exclure du groupe en 1989, après la sortie de "Disintegration" auquel il avait à peine participé.
Vingt-sept ans plus tard, vingt-sept années sans alcool, Lol est absolument "clean". Dans sa tête, dans sa vie, dans ses projets. Il est sauvé. Il s’est sauvé. Depuis The Cure, Lol a sorti en 1993 un album sous le nom de Presence (dont le second album ne sortira qu’en 2014), puis trois avec Levinhurst, le projet qu’il mène brillamment avec son épouse Cindy Levinson depuis 2004. Lol s’est offert une nouvelle vie, humaine et artistique.
Aujourd’hui, c’est sans faillir qu'il le dit, revenir dans Cure est pour lui comme une évidence, The Cure n'est pas une partie de son histoire, il est une partie de The Cure.
La dernière fois que l'on s'est parlé, c'est en 2004 au sujet de Levinhurst. Où en es-tu avec ce projet aujourd'hui ?
C'est un projet toujours en cours. Mais en ce moment il est en stand-by parce que l'écriture et la sortie du livre me prennent tout mon temps !
Concernant le livre, tu as demandé son accord à Robert ?
La réponse est dans ta question ! Parce que c'est ma biographie, je n'ai besoin de l'autorisation de personne pour écrire mon histoire, mais je voulais, par courtoisie envers Robert, qu'il sache que je travaillais sur ce projet. Je lui ai dit en 2014 que j'allais écrire ce livre et que je tenais à l'en informer en premier parce c’est mon ami.
Tu lui as fait lire le livre ?
Je le lui ai donné tout récemment, il l'a certainement lu maintenant !
« Je souhaitais comprendre ma vie, et en trouver le sens. L'écriture de ce livre m'a véritablement aidé à faire ça. J'espère aussi que ça pourra aider les personnes qui ont des problèmes d'addiction à les régler. »
Qu'est ce qui t'as motivé à écrire cette autobiographie ?
Je souhaitais comprendre ma vie, et en trouver le sens. L'écriture de ce livre m'a véritablement aidé à faire ça. J'espère aussi que ça pourra aider les personnes qui ont des problèmes d'addiction à les régler.
Quand as-tu commencé à l'écrire ?
J'en ai eu l'idée en 2013, et c'est en 2014 que j'ai sérieusement commencé à y penser et à regrouper mes idées. En 2015, j'ai passé toute l'année à l'écrire.
En 2011, tu as joué avec les Cure à Sydney pour interpréter "Faith" deux soirs de suite, tu as ensuite fait 7 autres concerts avec le groupe les mois suivants. Tu étais de nouveau aux côtés de Robert et Simon, comment se sont passés ces concerts ?
C'était une expérience merveilleuse, je la détaille dans mon livre !
Vingt-deux ans avant tu t'étais fait éjecter de The Cure par Robert Smith. Comment ça s'était passé ? As-tu immédiatement compris que c'était irrévocable, que ce n'était pas qu'une engueulade ?
Ma vie n'était que chaos et, au bout du compte, ce fut à la fois un soulagement et quelque chose d'inévitable que je doive quitter le groupe.
Il y avait eu des avertissements avant ?
Robert étant mon ami, il a attendu très longtemps que "son ami" aille mieux. Et au final, il n’y a pas de doute sur le fait qu’il fallait en passer par là pour que j’aille mieux.
« Tout se désintégrait autour de nous. Je pense que ce n'est pas un hasard si le dernier disque auquel j'ai participé se soit appelé "Disintegration". »
Quelle était l'ambiance dans le groupe avant cet évènement ? Tu ne savais pas que ça allait arriver ?
Tout se désintégrait autour de nous. Je pense que ce n'est pas un hasard si le dernier disque auquel j'ai participé se soit appelé ainsi ("Disintegration" -ndlr)
Avec le recul, tu dirais que tu n'étais déjà plus dans le groupe depuis quand ?
Il n'y a pas eu un évènement particulier qui aurait acté le fait que je ne sois plus dans The Cure. Et même si aujourd'hui je ne suis plus "dans" le groupe du tout, je me sens toujours comme étant un morceau de The Cure. Pendant toute mon existence ça aura pris une place très importante.
The Cure faisait des tournées aux 4 coins du monde, remplissait des stades, avait tout de ces groupes qui tiennent grâce aux drogues, et c'est ce groupe qui te rejette parce que tu es alcoolique, comment tu expliques ça ? Tout le monde est clean dans le groupe ? Pas de cocaïne, pas d'alcool, pas de filles, tout le monde va se coucher 20 minutes après la fin du concert ?
Bien sûr tout le monde a dans sa vie ses propres problèmes à régler. Disons qu’à un moment donné, les miens étaient juste plus visibles ! Mais là-dessus je ne peux parler qu’en mon nom. Je ne m'aventurerais pas à parler pour les autres.
Et ces tournées, ces rencontres avec le public, ça a dû te manquer terriblement après ton éviction du groupe ?
Bien sûr ! J'adore jouer avec The Cure. Ça m’a manqué énormément.
Avant que Robert ne t'invite au concert de Sydney, tu avais eu l'occasion d'échanger avec lui ? Tu avais gardé le contact ?
Nous nous sommes reparlés très rapidement après que j'aie quitté le groupe. Après, il y a eu entre nous un silence de quelque années, pendant toute la période qu'a duré le procès que j’ai intenté au groupe, puis il y a encore eu quelques années avant que nous nous reparlions. Nous avons fait ensemble le long vol qui sépare Londres de Sydney, et nous avons longuement discuté tous les deux. Lorsque nous nous voyons nous commençons toujours par parler de nos familles respectives, parce que je suis une des seules personnes qu'il connaisse depuis aussi longtemps pour pouvoir le faire, de telle sorte que, l'un et l'autre, nous connaissons tous les acteurs de nos vies respectives.
« À vrai dire, c'est moi qui ai suggéré que nous fassions une commémoration pour les 30 ans de la sortie de l'album "Faith". »
Quand il t'a invité à Sydney, quelle était l'intention de Robert, à ton avis ? S'excuser ? Te tester ? T'offrir une nouvelle chance ? T'offrir le dernier concert que tu n'avais pas eu la chance d'avoir ?
À vrai dire, c'est moi qui ai suggéré que nous fassions une commémoration pour les 30 ans de la sortie de l'album "Faith". J'avais vraiment pris plaisir à jouer cette année-là avec Michael (Dempsey -ndlr) nos premières chansons, ça avait rallumé la flamme ! Robert a alors pensé que nous pourrions jouer les trois premiers albums sur scène et m’a demandé de participer aux claviers et percussions de "Faith". Pour répondre à ta question, je pense que c'était un simple signe d'amitié entre deux amis qui ont toujours été amis et qui le resteront toujours.
« J'ai aujourd'hui une vie très remplie mais il y aura toujours une place pour The Cure. »
Tu n'aimerais pas réintégrer The Cure ?
Carrément. J'adorerais reprendre la route "une dernière fois" ! J'ai aujourd'hui une vie très remplie mais il y aura toujours une place pour The Cure.
Que penses-tu des derniers albums du groupe ?
Pour être honnête, je n'ai les ai jamais vraiment écoutés. J'ai été tellement intimement investi dans le groupe que je ne peux plus écouter leur musique d'une façon indépendante de mes sentiments pour ses membres. Je ne veux pas porter le moindre jugement sur ce qu'ils font alors que j'ai si peu écouté.
Quel est LE titre de The Cure que tu préfères ?
Aujourd'hui c'est "Piggy in the Mirror".
Robert Smith est un ami d''enfance, est-ce que ça a toujours été le cas ou bien à un moment vous êtes devenus "collègues de travail" ?
Au contraire, le temps passant nous sommes devenus plus proches et de moins en moins des "collègues".
Tu habites où maintenant ?
J'ai vécu ces vingt-deux dernières années à Los Angeles dans une maison au bord de la mer.
Tu as des enfants ?
J'ai un fils de ma première femme, mais mon épouse Cindy l'a élevé avec moi.
Qu'écoute-t-il ?
Mon fils Gray a maintenant 24 ans et il me dit : "J'écoute de tout... du psyché 60's, de l'avant-garde et du minimalisme américain et européen, de la world music d'Afrique et du Moyen-Orient, du shoegaze et de l'indie rock des années 90, du noise, drone, du folk et du blues américain, du dub, du rocksteady, du punk et de la no-wave des années 70 et 80, du kraut rock, la liste est sans fin…".
Depuis combien de temps ne bois-tu plus une goutte d'alcool ?
Je suis clean et totalement sobre depuis maintenant 27 ans.
Tu y es arrivé seul ou tu t'es fait aider ?
Nous avons tous besoin d'être aidé. J'ai été en cure de désintoxication à Londres pendant 6 semaines. Et ça a parfaitement fonctionné pour moi.
« Simon m'a écrit récemment et m'a dit "j’aurais aimé que, étant jeunes, nous ayons été plus sympas l'un envers l'autre". Je suis d'accord avec ça et je le reprends pour moi pour répondre à ta question. »
S'il y avait une chose que tu pourrais changer ce serait laquelle ?
Simon m'a écrit récemment et m'a dit "j’aurais aimé que, étant jeunes, nous ayons été plus sympas l'un envers l'autre". Je suis d'accord avec ça et je le reprends pour moi pour répondre à ta question.
Être membre de The Cure c'est être un artiste, un employé, c'est un sacerdoce, une croix à porter ?
J'aime l'idée de sacerdoce, mais comme quelque chose de positif ! Comme entrer au séminaire. Je pense que je me suis toujours senti comme étant un artiste dans The Cure. Une "croix à porter" laisserait entendre que ce serait un fardeau alors que je n'ai jamais eu le sentiment que ce soit le cas.
L'album et la chanson "Pornography" se terminent par "I must fight this sickness, find a cure". Tu y es parvenu ?
Lis mon livre et tu me diras ce que tu en penses !