Bilan 2024 et mes voeux pour 2025 !
Frédéric Thébault : l’essentiel de 2024 et ses voeux pour 2025
Un disque ?
Mannequin Pussy "I Got Heaven" chez Epitaph Records. Impossible de rester insensible devant ce manifeste féministe écorché vif, entre shoegaze à fendre l'âme et cris de rage hardcore. Un deuxième album bouleversant fort en émotions qui éclate toutes les autres sorties de l'année, sans problème. Le rédac-chef a demandé un seul disque, mais un disque c'est comme un steak : tout seul c'est pas bon, il faut qu'il y ait un accompagnement de qualité. En l'occurrence, il y a d’autres groupes de filles pas contentes qui auront marqué cette année au même repas, l’album de Destroy Boys, pour le dessert, dans le même genre, shoegaze en moins, Ekko Astral et leur post-punk cinglé rose fuchsia, et en digestif, avec tout autant de couleurs flashy, Cumgirl8 et leur électro expérimentale psychédélique, très banshienne et surtout bien allumée.
Un autre ?
Plutôt que de vous parler d'un autre album, je voudrais rendre hommage au talent du rock français, dans le désordre VoX Low, Dead., Gwendoline, Rendez Vous, Dead Horse One, Lysistrata, We Hate You Please Die, Mad Foxes, Basic Shapes, Johnny Mafia, tous ont sorti cette année de brillants albums qui démontrent la qualité et l'originalité des musiciens bien de chez nous.
Un concert ?
Difficile de choisir tant l'année aura été fertile en concerts extraordinaires, alors tant pis pour les Loose Articles, Bodega, Fragile, Crocodiles, Cherry Glazerr et Telescopes, on va choisir Ditz. Ce soir-là, le 11 février 2024, dans la petite salle du Joker's Pub (une salle à la programmation digne des meilleures salles parisiennes type Supersonic) on avait rendez-vous avec le chaos, la folie démentielle d'un groupe stupéfiant sur scène. Ditz à digéré tout ce que le post-punk le plus rageux, parano et schizophrène a produit de meilleur depuis 40 ans, et il se l'est approprié avec un talent fou.
Un autre ?
Qui connaît encore Prolapse aujourd'hui ? Déjà, au milieu des années 90, ils étaient trop différents, trop uniques, avec leur musique alternant longues plages expérimentales bourrées d'angoisse et de tension (ils s'étaient formés avec l'idée de faire la musique la plus déprimée du monde, même si c'était un joke), et leur power-pop krautrock débridée propre à réveiller les morts, avec trois guitares et un couple au chant (elle petite et sautillante, lui géant avec un accent à couper au couteau) qui passe son temps à se hurler dessus quand ils ne racontent pas n'importe quoi entre deux morceaux, faisant rire un public surexcité et conquis d'avance. C'était un concert de reformation au Hasard Ludique à Paris le 28 septembre 2024, et c'était purement et simplement magique, plein de fraternité, d'amour, de dérision, de talent et de puissance. Un grand petit groupe oublié mais nécessaire à toute biographie du rock dit indépendant.
Un livre ?
"Le Club des punks contre l'apocalypse zombie", de Karim Berrouka. Ok le bouquin date de 2016, mais il n'est jamais trop tard pour parler des œuvres qui le méritent, (Et vu que le rédac-chef chronique régulièrement sur ses réseaux sociaux persos des livres sortis il y a 35 ans, je ne vais pas me gêner). Donc tout est dans le titre : des punks bien crétins, bien basiques comme on les aime, qui passent leur temps à ne rien faire et à boire de la bière dans leur squat, sont pris au piège dans une apocalypse zombie. D'abord, il y a plein de références de punk old school, typique du début des années 80, et c'est bourré de références : si vous n'avez jamais écouté ça, ça vous donnera une liste idéale de disques à vous faire offrir pour Noël 2025, et si vous connaissez déjà, vous goûterez avec un plaisir non dissimulé ce rappel à l'essentiel de la musique (en effet face à Conflict, Crass, Flux Of Pink Indians ou Cockney Rejects, il faut l’admettre, tout ce qui est sorti après n'est que platitude ennuyeuse). Ensuite, tout simplement, on se marre bien, mais vraiment bien, et pour finir le style de Karim Berrouka (qui n'est autre que le chanteur de Ludwig Von 88) est un vrai plaisir. Le bouquin à obtenu un prix, il est en poche pas cher, on rêve que ça devienne un film de série B à déguster au cinoche, alors profitez-en, quand bien même vous préféreriez la dream-pop délicate au oï bourrin.
Et la suite ?
Vous êtes tous au moins aussi vieux que moi, alors :
- Ne crevez pas cette année et revenez pour le best-of 2025.
- Écoutez de la musique de jeunes sans pour autant renier la musique de vieux, ça conserve (d’ailleurs en plus de mes podcasts pour Prémo, j’en ai un autre qui se consacre à l’histoire du rock (ici !), n’hésitez pas à vous en délecter).
- Soyez féministes, wokistes, altermondialistes, jmenfoutistes, riendutoutistes, ce que vous voulez mais soyez quelque chose (pas lepenistes quand même) et ne vous laissez pas faire par Poutine, Trump, Netanyaou, Macron ou tous ces cinglés qui font rien qu’à nous embêter. Amen.
- Ne crevez pas cette année et revenez pour le best-of 2025.
- Écoutez de la musique de jeunes sans pour autant renier la musique de vieux, ça conserve (d’ailleurs en plus de mes podcasts pour Prémo, j’en ai un autre qui se consacre à l’histoire du rock (ici !), n’hésitez pas à vous en délecter).
- Soyez féministes, wokistes, altermondialistes, jmenfoutistes, riendutoutistes, ce que vous voulez mais soyez quelque chose (pas lepenistes quand même) et ne vous laissez pas faire par Poutine, Trump, Netanyaou, Macron ou tous ces cinglés qui font rien qu’à nous embêter. Amen.
par Fred Thébault
publié le samedi 11/01/2025 à 10:38
modifié à 11:22
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