& les Chroniques
Express
Manon Meurt
"MMXVIII"

"MMXVIII"
DATES | Sorti le 12 octobre 2018 | Publié le mercredi 10 avril 2019
ET ALORS | Qu’est-ce qui a pu pousser un groupe formé en République Tchèque à choisir de s’appeler Manon Meurt ? Nous avons préféré ne pas lever le mystère qui participe à la gravité et à la solennité de ces compositions qui nous renvoient aux Sundays, My Bloody Valentine et Slowdive, et au chant fragile et plus contemporain de Daughter. Ces chansons, d’une beauté et d'une clarté apaisantes, trouvent le juste équilibre entre une voix féminine gracieuce et des guitares qui hurlent comme des sirènes, empruntant tout aussi bien au post-rock qu'au shoegaze. Un chant que le poids des mots semble oppresser, jusqu'à ce que le souffle de cette voix unique les oblige à s'envoler lentement au rythme d'une batterie qui, patiente, frappe à l'économie, à l'instar de celle des Red House Painters. Le disque est à peine terminé que l’on sait au fond qu'il nous accompagnera sans l'ombre d'un doute encore longtemps.

Fatamorgana
"Terra Alta"

"Terra Alta"
DATES | Sorti le 20 février 2019 | Publié le mardi 2 avril 2019
ET ALORS | Étonnant ce son. Ces synthés. Cette ambiance. Cette voix. Cette langue. Anna Proniewska et Louis Harding sont originaires de Barcelone et parviennent, équipée d’une boîte à rythme toute simple et d’un synthé aux sonorités en apparence basiques, pour le moins vintage, à créer à travers les 11 titres de "Terra Alta" un univers assez fascinant. Si la voix froide d’Anna et ce léger écho qui agit comme un exhausteur sont en grande partie à l’origine de l’addiction que l’on peut avoir à l’album dès la première écoute, ce sont tout autant les mélodies diablement efficaces et la construction plutôt intelligente de ces compositions qui en sont responsables. On pense en vrac à Fad Gadget, un early Depeche Mode, Visage, Human League… Un disque magique qui ferait très bonne figure au catalogue du label BOREDOMproduct.

Drenge
"Strange Creatures"

"Strange Creatures"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le jeudi 28 mars 2019
POURQUOI | On l'attendait
ET ALORS | Après "Undertow ", un superbe premier album paru en 2015, Drenge avait sorti en 2018 un EP sympathique, mais guère enthousiasmant. On attendait donc avec impatience une suite... que voici enfin ! Le groupe a évolué, ou a cherché à le faire, et cela se sent. Malheureusement, si l'ensemble n'est pas désagréable et si deux ou trois titres sont à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer, "Strange Creatures" laisse une impression un peu décousue. Le rouleau compresseur des débuts a disparu au profit de morceaux certes plus évolués et pas désagréables, mais le coeur n'y est pas et quelque chose manque, quelque chose s'est affadi. On va leur laisser le bénéfice du doute et souhaiter que le groupe passe l'écueil toujours difficile du second album pour nous donner un troisième disque à la hauteur de leur originalité, ils en sont capables.
CONNEXE | Undertow (le premier album)

Laibach
"The Sound Of Music"

"The Sound Of Music"
[Mute]
par Anthony Augendre
DATES | Sorti le 23 novembre 2018 | Publié le mardi 26 mars 2019
ET ALORS | Invité à se produire à Pyongyang en Corée du Nord en 2015, Laibach découvre que "The Sound Of Music" ("La Mélodie du bonheur"), la comédie musicale signée en 1965 par le réalisateur humaniste Robert Wise ("West Side Story", "La canonnière du Yang Tsé"), y est très appréciée. Le collectif décide alors d'adapter ce qu’il estime être sa source d’inspiration fondamentale. Car les analogies entre le film faussement naïf et l’œuvre des Slovènes sont nombreuses ; à commencer par l’art de dépeindre l’autoritarisme sous des dehors pop. Dans ce remaniement, les arrangements orchestraux somptueux, en mode mineur, évoquent parfois Goldfrapp ou Samuel Barber mâtiné d’électronique kraftwerkienne ; vocoder et lignes de basses moog oblige. Le livret et ses illustrations détournant l’esthétique réalisme socialiste et l’iconographie montagnarde est à mourir de rire. Du grand Laibach en marche.

Fews
"Into Red"

"Into Red"
[PIAS]
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le lundi 25 mars 2019
ET ALORS | Classé dans le top 10 de l'année 2016 par votre serviteur, le premier album de Fews représentait l'exception de toute une scène post-post-post new-wave qui n'en finit plus de pondre des albums médiocres, à l'instar de Editors ou Interpol, pour citer les plus connus, qui courent en vain après leurs débuts, sans jamais parvenir à retrouver le génie qui les caractérisait alors. Le deuxième album de Fews remplit... presque, les promesses du premier ! Légère déception, mais difficile de dire si elle est liée à l'absence d'effet de surprise ou à la diminution du tempo de deux ou trois titres. C'était en effet là où le groupe était brillant : réussir des morceaux d'une noirceur extrême tout en jouant vite, en toute urgence, en toute tension, dans un registre proche des débuts de Bloc Party. Reste un bon album, idéal pour qui aime se noyer dans les ambiances sombres.
CONNEXE | Bloc Party "Silent Alarm"

Glaring
"L'enfer c'est les autres"

"L'enfer c'est les autres"
DATES | Sorti le 12 février 2019 | Publié le mercredi 20 mars 2019
ET ALORS | Que d'esprits dans cet étrange disque. Tout d'abord celui d'Anna Nin et sa voix fantômatique qui plane au-dessus de la majeure partie des titres, évanescente, éthérée, son souffle habille avec subtilité ces compositions sombres, tout en synthés et en basses. On est immédiatement happés par cette ambiance en apparence lourde mais pourtant assez raffinée, sorte d'apnée délicieuse où l'air manque mais la proximité de l'étourdissement est attirante. Avec "Drifting Away", les fantômes sont ceux de The Cure avec ces percussions qui rappellent "Carnage Visors". D'ailleurs ici tout est gris, ce gris que l'on connait si bien et qui à amené Anna à reprendre Sartre pour le titre de ce deuxième album de son projet qu'elle mène en solo, illustrant ainsi son état lors de l'écriture du disque "Pretty hopeless, disappointed, alone…". Si son mal-être fait autant notre plaisir, on ne peut que lui souhaiter le pire.

LANE
"A Shiny Day"

"A Shiny Day"
DATES | Sorti le 8 mars 2019 | Publié le lundi 18 mars 2019
POURQUOI | Les Thugs
ET ALORS | Forcément, quand on a été marqué à vie (et profondément) par la formidable discographie des Thugs, groupe français mythique des années 90, apprendre que le premier album de Love And Noise Experiment, résumé en LANE, est le nouveau combo des frères Sourice, Pierre-Yves et Éric, accompagnés de Camille et Etienne Belin, de Daria, et du fils de Pierre-Yves, Félix, notre sang ne peut faire qu'un tour, et notre cerveau s'affoler. Avec une petite angoisse quand même : vingt ans après la fin des Thugs, LANE sera-t-il à la hauteur ? Soulagement, et enthousiasme : même voix fragile, mêmes choeurs whooo-hou, mêmes guitares tendues à l'extrême, même basse chantante, même énergie rageuse, même émotion à fleur de peau… LANE réussit le tour de force de ne pas nous donner envie de réécouter les Thugs (on n'avait jamais arrêté), au profit d'un groupe formidable et d'un album bouleversant.
CONNEXE | Années 90

Ghostland
"Dances on Walls"

"Dances on Walls"
DATES | Sorti le 10 décembre 2018 | Publié le jeudi 14 mars 2019
ET ALORS | Trop de repères peuvent nuir à l'auditeur. "Dances on Wall" de Ghostland en est un parfait exemple. La formation est originaire d’Athènes et a signé avec le label parisien Manic Depression pour son premier album. Un label d'obédience gothique, qui accueille un groupe au nom qui l'est tout autant. Une poignée d'indicateurs comme autant de fausses pistes qui desservent les premières écoutes. Le disque est en effet plus lumineux que ce à quoi on pourrait s'attendre, neuf titres menés par la voix rafraîchissante de Makrina qui rappellent avant tout une autre formation bien éloignée de cet univers, les Canadiennes de The Organ. On est malgré tout plus près de Cure que des Smiths, avec quelques synthés en prime et de belles lignes de basse, mais il y a ici cette même lumière, ce don pour les mélodies enjouées et les compositions riches qui emporte tout et nous permet de passer un très bon moment.

Iv/An
"Somewhere There's a Hunger Strike"

"Somewhere There's a Hunger Strike"
DATES | Sorti le 2 février 2019 | Publié le mardi 12 mars 2019
ET ALORS | "Somewhere There's a Hunger Strike" fait suite à l’album "Comforts of the Future" publié l’année dernière sur le label Tonn Recordings. Son auteur, Ivan Antunović, est un designer graphique doublé d’un musicien inspiré par la rigueur minimaliste des pionniers John Foxx, Blancmange et Portion Control. La qualité mélodique de ses compositions est soutenue par des prouesses vocales singulières. Interrogé sur un probable héritage de Winston Tong, Karl Biscuit ou David Byrne, l’intéressé reconnait là quelques-uns de ses héros. C’est pour ces raisons que les Novö coincés dans une faille spatio-temporelle et surtout frustrés par le rendez-vous manqué entre David Bowie et Kraftwerk trouveront dans la musique d’Iv/An bien plus qu’une consolation. La pop futuriste enfin personnifiée.

Isolated Youth
"Warfare"

"Warfare"
DATES | Sorti le 2 février 2019 | Publié le jeudi 7 mars 2019
ET ALORS | La formation est suédoise et c'est sur un label grec qu'elle publie son premier EP. Un grand écart géographique qui justifie peut-être l’étrangeté du disque. À moins que ce ne soit le contraire… Les hostilités démarrent avec la rythmique tribale de "Oath" et son chant presque chamanique. L’ambiance est posée, Isolated Youth est loin des repères normés et de la facilité auxquels le genre nous habitue ces derniers temps. Le titre "Warfare" offre une voix plus androgyne qui rappelle celui de Dolores O'Riordan ou d’un Brian Molko des premières heures, porté par une basse exemplaire, l’ambiance est plus instable. Avec "Safety" on sait que l'on est en présence de quelque chose de fascinant, avant que "Gold Lane" plus lancinant, torturé et addictif, confirme nos impressions. Le disque s’achève avec un endiablé "Seasons" (dont l’intro rappelle "Love Will Tear Us Apart"). Trop court, mais délicieux.

FILTRES | te









