& les Chroniques
Express
NNHMN
"Shadow in the Dark"

"Shadow in the Dark"
DATES | Sorti le 7 janvier 2020 | Publié le mardi 10 mars 2020
ET ALORS | NNHMN, pour Non Human. Bien que la rythmique binaire dispensée par Michel Laudarg et la voix lancinante de Lee semblent dans un premier temps vouloir confirmer cet état de "non humain", présentant dès le démarrage de l'album une composition basique, froide et robotique, on découvre vite qu'il ne s'agit en fait que de subterfuges et que le duo à beaucoup plus que ça à nous raconter. La progression de chaque morceau, l'ambiance étrange qui s'installe très vite et qui ne nous lâchera pas jusqu'au terme des huit titres, les subtilités électroniques parsemées ça et là, sans hasard, le charme de la voix et surtout de ce chant aux nuances bien plus riches que ce à quoi le genre minimal wave nous habitue, NNHMN est clairement bien plus humain que ce que la formation tente de nous faire croire, et surtout, bien plus intelligent que ce vers quoi renvoie le champs sémantique un peu vulgaire ("Shadow in the Dark", "Scars", "Black Sun", "Vampire"…) qui risque d'en détourner plus d'un de leur disque. L'intrigante vidéo du titre "Spécial", inspiré par Nico dans le film "La Cicatrice intérieure" réalisé par Philippe Garrel en 1972, n'est pas en reste pour nous convaincre que ces deux artistes méritent toute notre attention.

Shopping
"All or Nothing"

"All or Nothing"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 2 mars 2020
ET ALORS | Une guitare discrète, une basse slappée, dansante et omniprésente, quelques notes de synthés, beaucoup d'espace, un chant féminin et masculin alterné qui fait parfois penser aux B 52's, inutile de vous faire un dessin : on est en plein dance-punk, ce mouvement né de la no-wave et du post-punk au début des années 80, où l'on croise les fantômes de Gang Of Four, Erase Errata, Bush Tetras, Radio 4 ou ESG. Ici, ça claque, ça pulse, ça obtient un succès fou sur les pistes de danse, et en même temps l’ensemble reste froid et hargneux, ce qui comble prafaitement les rebelles coriaces que nous sommes. Un petit disque foutrement efficace qui ravira autant votre âme que votre corps, et est l’occasion de rendre un bel hommage a Andy Gill, le guitariste de Gang Of four, disparu il y a quelques jours.

Bedroom Eyes
"Nerves"

"Nerves"
DATES | Sorti le 31 octobre 2019 | Publié le mercredi 26 février 2020
ET ALORS | La pochette a elle seule aurait pu faire passer ce "Nerves" pour le disque de rock gothique qu’il n’est absolument pas. Les membres de Bedroom Eyes le définissent plutôt comme de l’heavy shoegaze, et l’on adhère bien volontiers à cette étiquette qui semble inventée pour qualifier le troisième album du groupe de Boston. On adore se laisser happer par cette brume sonore parfois indistincte, qui nous met dans le même état que lorsque l’on essaie de se rappeler un rêve sans y arriver complètement, dans lequel on se souviendra pourtant, par flashs, d’y avoir rencontré les guitares malmenées de My Bloody Valentine, le chant de Ride et la section rythmique d’Amusement Parks on Fire. Était-ce les uns après les autres ou plutôt tous ensemble ? Ce n’est plus très clair, mais peu importe : la fougue du quatuor fera le reste tout au long de ces douze titres bouillonnants et passionnés, guidés par un savoir faire peaufiné depuis le premier enregistrement de 2012 et indispensable à la réalisation d’une telle collection de chansons fiévreuses.

Say Hi
"Diamonds & Donuts"

"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.

Pray For Sound
"Waves"

"Waves"
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mardi 11 février 2020
ET ALORS | Le post-rock compte presque autant de ramifications, de sous-genres et de crossovers que de formations qui en jouent. Celui que propose Pray For Sound possède ses spécificités et son originalité, porté par une frappe ample et tout en rondeur au service d'une écriture qui rappelle avec surprise celle de la pop plutôt que celle habituellement plus saccadée du genre dans lequel sont classés ses disques. Avec ses refrains joués à la guitare et à fredonner en toute circonstance, le quatrième album instrumental du groupe américain originaire de Boston ne laisse que peu d'espace dans ses compositions, telle une pop rock suivant le schéma couplet-refrain sans chanteur ni chanteuse qui n'aurait pas sa place ici. Le son est à rapprocher de celui des jeunes prodiges belges Endless Dive plutôt que de celui, plus neurasthénique, de Mogwai. Plus pop que post, ce rock étiqueté avec maladresse s'est installé à la frontière entre deux mondes que l'on n'aurait guère osé rapprocher, et pourtant quelle réussite lorsqu'il est organisé par de jeunes gens si talentueux.

Silent EM
"The Absence"

"The Absence"
DATES | Sorti le 15 juillet 2019 | Publié le lundi 3 février 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Sèche mais mélodique, l’EBM de Silent EM impose dès ses premières mesures une ambiance qui, si elle n’est pas vraiment inédite, s'avère étonnamment plaisante. Un synthé et une boîte à rythme assez basiques, une voix qui scande plus qu’elle ne chante, et le tour est joué : Jean Lorenzo pose les bases de ce que seront les 38 minutes de "The Absence". Les titres suivent un fil conducteur linéaire d'une façon très assurée qui rappelle les formations EBM françaises des années 80/90, ces petits génies qui allaient rarement plus loin que des auto-productions au format K7 mais que l'on écoutait pourtant en boucle. Originaire de Miami mais installé à New York, Jean cite parmi ses influences And Also The Trees, The Sound, The Chameleons, Data-Bank-A, In the Nursery, ou encore Opera De Nuit et la scène cold wave française… autant de références pour le moins atypiques pour un garçon installé sur la côte Est des États-Unis, mais qui donnent une grille de lecture intéressante à ce disque et aux choix qui ont permis de le construire. Cette combinaison de spontanéité, de simplicité, le lyrisme du chant, en apparence naïf, ces rythmes binaires, faussement simples, à l'efficacité désarmante, tout ça n'est donc pas le fruit du hasard.

Night Sins
"Portrait in Silver"

"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.

Skemer
"Benevolence"

"Benevolence"
DATES | Sorti le 25 octobre 2019 | Publié le jeudi 16 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Il y a un charme fou dans le chant de Kim Peers. Et il y a une ambiance incroyablement intrigante dans les compositions de Mathieu Vandekerckhove. Lorsque l’un fait grincer ses guitares et marteler la rythmique, l’autre ensorcelle avec sa voix lancinante. La formation, originaire de Gand en Belgique, parvient avec son premier album à créer quelque chose d’assez inédit, comme une ambiance un brin malaisante mais qui se veut en même temps cotonneuse, rassurante, à la fois violente mais toute en retenue. Il n’est ici qu’histoire d’équilibre, de subtilité, de dosage, 7 titres comme 7 nuances de rouge d'un disque étonnamment mature pour un premier album. L’écoute de "Benevolence" se transforme immédiatement en une véritable immersion et devient rapidement génératrice d’images et d’ambiances, intense, comme une longue cinématique sur laquelle on n'aurait aucun contrôle. L’une est modèle (Yves Saint Laurent, Louis Vuitton, Vogue...), l’autre était guitariste d’une formation de doom métal (Amenra) ; Skemer est le fruit de leur rencontre, sordide et sentimentale. On adore.

In The Nursery
"The Seashell and the Clergyman"

"The Seashell and the Clergyman"
[ITN Corp]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 octobre 2019 | Publié le mercredi 15 janvier 2020
POURQUOI | In The Nursery
ET ALORS | C’est déjà le neuvième volume de l’Optical Music Series d’In The Nursery, cette fameuse discographie dédiée aux bandes originales de films anciens imbriquée à l’intérieur même de la discographie principale du groupe de Sheffield, débutée en 1995 avec "The Cabinet of Doctor Caligari". "The Seashell and the Clergyman" propose une musique inédite au court métrage muet réalisé par la Française Germaine Dulac en 1928, "La Coquille et le Clergyman". Bien moins barrée que la bande son originale, elle apaise plutôt le propos d’un film expérimental et surréaliste, entre rêve et cauchemar. Si la plus angoissante de toutes les créations de Klive et Nigel Humberstone était celle qu'ils avaient imaginée pour "The Fall of the House of Usher", celle-ci serait à considérer comme la plus excentrique, allant jusqu'à tirer des notes à l'aide d'un énorme coquillage. Et c’est aussi la plus courte : avec moins de quarante minutes au compteur, elle va droit au but sans trainer les multiples variations de thèmes habituelles que l'on rencontrait sur les précédents épisodes qu'a réalisé le duo.

Pencey Sloe
"Don’t Believe, Watch Out"

"Don’t Believe, Watch Out"
[Prophecy]
par Bertrand Hamonou
DATES | sorti le 27 septembre 2019 | Publié le lundi 6 janvier 2020
ET ALORS | Cet album, nous l’attentions depuis qu’un premier extrait, "Lust of the Dead", fut dévoilé en avril dernier : ces guitares, cette ambiance à la fois plombée et tellement belle, la formule sacrée nous avait ensorcelés. Et puis cette voix, tout autant fragile que battante, bien décidée à exister face à ce mur du son, ce véritable monolithe autour duquel l’univers musical des Parisiens de Pencey Sloe semble tourbillonner sans jamais s’arrêter, mû par une rythmique rampante et obsédante à laquelle les cordes de guitares hurlantes s’accrochent en tombant du ciel. Les compositions se drapent alors d’intemporalité, se rappelant immédiatement à nos années d’indie rock et de shoegaze des 90s avec un supplément d’âme et de personnalité, puisque ce jeu et cette façon de faire semblent tout à coup uniques, les guitares hurlant leurs propres refrains. "Don’t Believe, Watch Out" est un coup de maître improbable pour un premier album à l’instar du "MMXVIII" de Manon Meurt, touchant du bout des doigts une perfection qu’il sera vraiment difficile de dépasser.

FILTRES | k









