& les Chroniques
Express
Pleasure Symbols
"Closer and Closer Apart"

"Closer and Closer Apart"
DATES | Sorti 24 mai 2019 | Publié le lundi 16 décembre 2019
ET ALORS | Une guitare que la réverb bien maîtrisée fait sonner comme une harpe, une basse bien plantée, et un chant féminin froid et lancinant qui flotte au-dessus de l’ensemble en nous racontant de troublantes histoires. Une étrangeté qui en piochant à la fois dans le shoegaze, la cold wave et le post-punk parvient à créer des ambiances sommes toutes plutôt originales et surtout assez plaisantes. La formation, originaire de Brisbane, a signé pour son premier album sur le label italien Avant! Records et réussi avec "Closer and Closer Apart" un très bel exercice, inventif et soigné. qui bien que reprenant des éléments "classiques" des genres sus-cités réussit à créer quelque chose d’assez inédit et de particulièrement esthétique.

Bedless Bones
"Sublime Malaise"

"Sublime Malaise"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le jeudi 12 décembre 2019
ET ALORS | Alors que dans un premier temps la voix de Kadri Sammel fait mine de nous entraîner vers des ambiances plutôt éthérées, la musique qui l’habille s’avère quant à elle rapidement bien plus complexe. Des rythmes parfois presque martiaux soutiennent des compositions d'obédience synthétique que n’auraient pas reniées en son temps Propaganda, avec un don pour les mélodies tout aussi solide que celui de ses aînés, mais ici vraiment modernes, mais bien moins faciles, comme un compromis malin entre heavenly, EBM et new wave. Le disque est riche en textures et en ambiances et se tient parfaitement de bout en bout même s’il faut un peu de patience pour se l’approprier. Une vraie surprise en provenance de Tallinn en Estonie, destination particulièrement touristique d’où l’on n’imaginait pas voir apparaître un aussi bel objet que ce disque de Bedless Bones.

Hiro Kone
"A Fossil Begins To Bray"

"A Fossil Begins To Bray"
[Dais]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mercredi 11 décembre 2019
ET ALORS | Sur son troisième album, Nicky Mao aka Hiro Kone nous force à la concentration et nous invite à une démonstration de sa maîtrise des séquences rythmiques complexes au cœur de structures électroniques soignées. Coiffez un casque, fermez les yeux et laissez ces morceaux vous envahir tant ils semblent provenir de l’intérieur, s’appliquant à traduire à merveille le prolongement d’une observation, d’une angoisse, d’un doute, d’une décharge d’adrénaline. Impossible de se laisser distraire de cette profusion de sons d’un bout à l’autre du disque, l’Américaine nous offrant un habillage sonore de premier choix, d'une ingéniosité et d’une richesse rares. Il s’agit là d'une besogne digne de celle d’une colonie de fourmis digitales, allant et venant selon les aspérités d'un terrain cabossé par des rythmes façon coup de poing, et qui permettent à "A Fossil Begins To Bray" de se démarquer instantanément d'une production IDM trop souvent anesthésiée.

Wingtips
"Exposure Therapy"

"Exposure Therapy"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le jeudi 26 septembre 2019
ET ALORS | Il faut à peu près 20 minutes pour comprendre pourquoi l’ombre de Robert Smith se dessine derrière ce projet synthpop originaire de Chicago. Au départ "Deaf Pursuit" ne laisse rien transparaitre tant le lyrisme un brin romantique du chant de Vincent Segretari renvoie vers de belles ambiances new wave 80’s, mais dès le titre suivant, "Accidental Effigies", cette même voix se transforme et semble mimer celle si caractéristique du leader de The Cure d’une façon assez inattendue car la synthpop du duo, sombre, riche, comme une version plus "lumineuse" de Cold Cave, a déjà réussi à se mettre en place d’une façon assez sérieuse. Mais à peine quatre titres plus loin, avec "Here and Now", de cette synthpop il ne reste plus grand chose tant une nuée de guitares s’impose et prend la place des sons jusque-là électroniques. Et quelles guitares, ce ne sont pas moins celles du Cure période "Disintegration"/"Wish" qui déferlent sur la deuxième partie du disque et lui font prendre un virage à 180 degrés qui malgré tout continue tant bien que mal à tenir la route. Une expérience incongrue, juste plaisante, pas très ambitieuse ni très maline, à l’image de la pochette du disque.

Moaan Exis
"Postmodern Therapy"

"Postmodern Therapy"
DATES | Sorti le 25 juin 2019 | Publié le mardi 24 septembre 2019
ET ALORS | Annoncé en mai par l’hallucinante vidéo du titre "Witness" qui ouvre de manière inquiétante "Postmodern Therapy", le second album de Moaan Exis s’impose comme une véritable machine de guerre de techno industrielle et rituelle. C’est d’ailleurs le visage peinturluré de rouge pour l’un et de noir pour le second que Xavier Guionie et Mathieu Caudron délivrent ensemble une musique musclée, truffée de trouvailles sonores astucieuses et de parties rythmiques boostées que les deux Français ont d’ailleurs baptisées "drum battles" lors de leurs lives. Au travers de son imagerie tribale, l’entité Moaan Exis cultive les mystères qu’un tel nom évoque, mais qu’elle sait cependant partager le temps d’un titre avec Caitlin Stokes du groupe Corlyx, digne d’être initiée. La mixité du chant rappelle d’ailleurs KMFDM, eux aussi habitués des albums lancés à cent à l’heure. Reste que "Postmodern Therapy" propose derrière une imagerie unique le son d’un nouveau monde sauvage, mi-humain et mi-animal, où ça hurle dans le micro et ça tambourine sur les fûts pour un résultat électro tribal et bestial.

Echoberyl
"Apparition"

"Apparition"
DATES | Sorti le 27 juillet 2019 | Publié le mercredi 18 septembre 2019
ET ALORS | C'est un exercice assez périlleux auquel se sont prêtés Cecilia Dassonneville et Adriano Iacoangeli avec leur projet Echoberyl. La première, parisienne, et le second, romain d'origine, que l'on connait pour son autre projet Polyverso qu'il partage avec Ari Todero, auteure des textes d'e cet album, expérimentent en effet une synthpop totalement décomplexée qui allie sans gêne des sonorités synthétiques "classiques" à des guitares plus inattendues. Et le mélange prend sacrément bien ! Avec les premières notes de "Dark Embrace Me" c'est New Order qui déboule en trombe, tandis qu'un peu plus loin c'est Cure qui s'invite sur "Rectangle" ou encore sur "Salt on Scars"… . Quant à la voix de Cécilia, elle n'est pas en reste pour nous séduire avec son phrasé atone qui pourrait rendre jalouse Léti de Celluloide, comme un compromis malin entre la pop française des années 60 et une synthpop froide, parfois empruntée, voire habitée, mais surtout diablement bien foutue. Parce que c'est dans cette cour-là qu'Echoberyl joue, celle des défricheurs qui parviennent encore et encore à renouveler un domaine qui n'en finira jamais de nous toucher.

Statiqbloom
"Asphyxia"

"Asphyxia"
DATES | Sorti le 7 juin 2019 | Publié le mardi 17 septembre 2019
ET ALORS | L'adage populaire assure que l'on ne choisit ni sa famille ni ses parents, mais dès lors qu'il s'agit d’appartenir à une scène musicale, c'est une tout autre histoire. Il y a bien entendu des filiations plus évidentes que d'autres, et dans le cas présent, les membres de Statiqbloom ont clairement choisi de se positionner en tant qu'enfants légitimes du Skinny Puppy de la seconde moitié des 80s… qui auraient passé leurs vacances chez Synapscape. Sur leur second album de dark électro à l'ancienne (garanti sans aucun son préprogrammé), les compositions raclent le plancher et accrochent le plafond pour un résultat véritablement organique, jusqu’à sa pochette servie par un serpent albinos rampant sur le logo du groupe réalisé en bois. Le duo de Brooklyn y démontre un savoir-faire que l'on ne peut que respecter, tout en dépoussiérant du même coup "Vivisect VI" et "Cleanse Fold and Manipulate" que l'on avait un peu dédaignés ces dernières années. Fort heureusement, "Asphyxia" est venu remettre de l'ordre dans nos priorités.

Nuovo Testamento
"Exposure"

"Exposure"
DATES | Sorti le 7 mars 2019 | Publié le vendredi 9 août 2019
ET ALORS | Parfois on s’emballe. Souvent on doute. Lorsque tout est trop évident, quand il ne suffit que de quelques secondes pour déceler les références et l’inspiration flagrantes, quand les intentions sont dévoilées dès les premières notes, quand chaque instrument rappelle celui d’un autre. C’est soit que l’artiste n’est pas très malin, soit qu’il est intrépide. Nuovo Testamento doit faire partie de cette deuxième catégorie. Car on adore, immédiatement. Cette voix féminine assurée, celle de Chelsey Crowley, californienne d’origine, et l'armada italienne qui la soutient : une rythmique tranquillement orientée dancefloor, une basse et une guitare que le fils de Simon Gallup ne renierait pas, et surtout des synthés, des nappes qui devraient rendre folle de jalousie toute la scène goth de ces 30 dernières années.
Parfois on s’emballe, parfois on s’enflamme. Souvent on excuse tout.

Esya
"Absurdity of ATCG (I)"

"Absurdity of ATCG (I)"
DATES | Sorti le 24 mai 2019 | Publié le jeudi 1 août 2019
ET ALORS | Une voix écorchée, et des effets qui la transforment en un cri étouffé qui hante ces mélodies lancinantes et entêtantes. Les premières secondes de "Absurdity of Atcg" d'Esya, le projet de Ayşe Hassan, bassiste de Savages, sont tout simplement hypnotisantes. Le premier titre, "Everything", dure plus de 8 minutes et Esya y répète à l’envi "Here we are, lost and found". Ce que nous sommes, perdus, après avoir pénétré dans cet univers déformé aux guitares dissonantes. On est tout simplement happé, aspiré par ces mélodies hypnotiques. Suit "Nothing" et ces lancinants "Did you hide, did you die", comme autant d’interrogations qui nous éloignent de tous repères connus. On pense à Sonic Youth pour la dissonance et les guitares, à PJ Harvey pour ce chant brut, presqu'érotique, ou à Nine Inch Nails pour la noirceur et la rudesse de l'ensemble. Mais toute cette matière est en fait bien plus complexe, totalement addictive.

Elz and the Cult
"Psychrodrama"

"Psychrodrama"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mardi 30 juillet 2019
ET ALORS | Il va falloir arrêter de s’étonner de l’origine géographique d’un artiste ; on voit chaque semaine se dévoiler de toutes les régions du monde de nouveaux talents, plus ou moins originaux, mais toujours passionnés. Elz and the Cult est un trio originaire d’Istanbul et offre avec son second album "Psychodrama" un disque étonnant parce que particulièrement riche et intense. Une rythmique assez robuste, des synthés omniprésents, un chant addictif, parfois en turc, assez vindicatif et souvent touchant, l’ensemble offre une multitude de repères entre new wave, dark wave, électronique et post punk, et sème le trouble en nous balançant sans manière entre le "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails et des ambiances plus proches de Human League. Et ça, paradoxalement, d’une façon particulièrement homogène. Un condensé de très belles choses qui fait preuve d’une maturité étonnante.

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