& les Chroniques
Express
Polyverso
"Antagonista (Disobey)"

"Antagonista (Disobey)"
DATES | Sorti le 26 janvier 2019 | Publié le lundi 11 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On peut tenter de suivre des recettes connues, en reprendre les ingrédients, choisir "la" bonne bibliothèque de la boîte à rythme, ses claps éprouvés, décliner "le" gimmick de basse entêtant et s'amuser avec "la" reverb sur la voix, rien ne garantira que le résultat sera une réussite. Polyverso et son premier album "Antagonista" en sont l'illustration. Tout est là, mais tout semble avoir été rapidement disposé, sans passion, sans âme, on croit entrer dans un dépôt-vente foutraque où auraient été abandonnés des jouets à moitié cassés, contrefaçon grossière qu’aucun enfant n’aurait vraiment utilisé avant. La new wave de Polyverso est frelatée, la voix trop maniérée ("Denial"), les compositions sans cohérence ("Antagonista" est insensé). Si l’on est aussi dur, c’est que l’on sait que dans ce domaine d’autres savent faire preuve de talent, peut-être pas toujours avec la plus grande originalité, mais avec application.
CONNEXE | New Wave

Warsaw
"Wires"

"Wires"
DATES | Sorti le 2 février 2018 | Publié le mercredi 6 février 2019
ET ALORS | Avant tout il y a un nom. Pas n’importe lequel. Puis une pochette. Ensuite, les choses sérieuses peuvent démarrer : des synthés, une guitare délicate, une basse (qui rendrait jalouse Patricia Morrisson), une voix masculine, puis féminine, de belles mélodies. Tout est réuni d’une façon trop évidente pour que l’on se laisse piéger, mais le groupe est malin, les morceaux s’enchaînent intelligemment, les voix s’imbriquent, dévoilant une new wave aux embruns gothiques, incroyablement soignée, presque précieuse : on ne peut que tomber sous le charme de ces 6 titres dont l’étonnante reprise de "Cold" de The Cure. Quant au nom, il suffit de leur demander, les quatre Californiens l’ont choisi la nuit de l’élection de Trump, rêvant de résistance et évoquant l’insurrection de Varsovie. Le groupe est né ce soir-là. Avec ce nom, ce Warsaw que Joy Division avait décidé de ne pas être.

Calva Louise
"Rhinoceros"

"Rhinoceros"
DATES | Sorti le 1e février 2019 | Publié le mardi 5 février 2019
ET ALORS | Après quatre titres égrénés au long de l'année 2018, on attendait avec impatience l'album de ce trio bien sympathique venu de Londres (Jess et Ben à la basse et batterie, Alizon à la guitare et au chant). Outre les morceaux déjà connu, "Rhinoceros" confirme avec les nouveaux titres qu'on a bigrement bien fait de croire en ce groupe. Calva Louise se qualifie de "fuzzy-grunge", le chroniqueur averti acquiescera, mais il évoquera aussi une power-pop énergique, excitée et délirante, et des titres qui passent sans prévenir du cri d'hystérie aux sifflotements tranquilles, avec des choeurs là où il faut et de la bonne humeur à tous les étages. Disons-le tout net, Calva Louise fait foutrement penser aux Pixies, et rares sont ceux qui peuvent y prétendre sans passer pour d'odieux snobs. Vous aviez besoin d'un remontant en cette triste période politique, alors foncez, ce disque vous remettra sur pieds !
CONNEXE | Pixies

Hante.
"Fierce"

"Fierce"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le mardi 29 janvier 2019
ET ALORS | Les synthés qui portent "Fierce" sont fascinants. Ils font naître et construisent chacune des mélodies qui le constituent, entre douceur et fragilité, et installent une ambiance mélancolique subtilement apaisante. Ils parviennent à ne jamais se répéter et singularisent quelques titres ("Wild Animal", "Tomorrow is a New Day", "Waiting for a Hurricane", "Respect"...), autant de bijoux lovés dans un écrin intriguant, sorte de cold wave easy listening, soignée et intelligente. La voix, à la fois assurée et ensorcelante, d’Hélène de Thoury n’est pas en reste pour expliquer l’attachement que l’on a à "Fierce". Hante. en est à son quatrième album, et Hélène, après avoir collaboré à Minuit Machine et Phosphor pour autant de disques, a choisi de monter son propre label Synth Religion. De surcroit, et on finira là-dessus, Hélène de Thoury est parisienne. Comme quoi, on a encore deux trois choses à découvrir.

Various Artists
"Shub - Niggurath"

"Shub - Niggurath"
DATES | Sorti le 4 décembre 2018 | Publié le lundi 28 janvier 2019
ET ALORS | Le casting a tout de la super production : vingt-deux artistes collaborant à la réalisation de deux titres d'ultra dark ambient d'une heure chacun. Le ton est clairement annoncé, le cinquième volume de la série que consacre le label Cryo Chamber à l'écrivain H.P. Lovecraft se veut global et massif. Accompagné d'un livret luxueux, l'implication est totale pour ce projet qui élève le concept de collaboration au statut de catégorie hors-norme, et à ne surtout pas confondre avec une vulgaire compilation : les deux heures de voyage proposées à la lisière de notre monde sont inédites et façonnées dans un gigantesque chaudron sonore dans lequel chaque artiste a déposé son ingrédient personnel, pour un résultat qui glace le sang ou fait perler des gouttes de sueur sur la nuque. Frissons et immersion totale garantis par la crème des artistes du genre.

Bragolin
"I Saw Nothing Good So I Left"

"I Saw Nothing Good So I Left"
DATES | Sorti le 24 mars 2018 | Publié le mardi 22 janvier 2019
ET ALORS | Il arrive parfois que l’on éprouve l’envie d’écouter des choses plus faciles, sans que cela ne ternisse d’aucune façon l’estime que l’on a de l’album que l’on va choisir. "I See Nothing Good So I Left" fait partie de ces disques qui semblent évidents. La cold (pop) wave de Bragolin rappelle des sonorités plus anciennes comme celles de Sad Lovers & Giants sans trop s'en approcher, la voix charismatique et intrigante de Edwin van der Velde , la très belle guitare (baryton pour être précis), la boîte à rythmes et les synthés transforment chaque titre en un joyau lumineux et donnent à l’ensemble un son propre, presque cristallin, et insufflent surtout à ces huit titres une véritable identité. Le groupe, originaire d’Utrecht aux Pays-Bas, est passé au Supersonic à Paris en mai dernier, quelques mois après la sortie de cet album qui est sa toute première production.

Beauty Of Inconsequenz
"Persephone LP"

"Persephone LP"
DATES | Sorti le 16 novembre 2018 | Publié le lundi 21 janvier 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Est-ce parce qu’on ne sait absolument rien de Beauty Of Inconsequenz, que l’écoute de "Persephone" s’avère aussi troublante ? La troisième production du label berlinois Unterland ne dévoile d’elle que le corps fascinant de sa pochette, comme une invitation à pénétrer un univers que l’on découvre vertigineux, terriblement sombre, et profondément mélancolique. L’écoute de ses neuf titres révèle une juxtaposition légère et incroyablement intelligente de sons et d’ambiances qui nous emmènent aux confins d’une dimension où les fantômes de Massive Attack cotoîraient ceux d’esprits déviants. Ambient, expérimental, industriel dubsteps, trip hop, craquement de vinyls, bribes de voix énigmatiques… Un disque qu’aurait pu publier Cold Meat Industry si le label avait été basé à Bristol.

Semiotics Department Of Heteronyms
"SDH"

"SDH"
DATES | Sorti le 6 juin 2018 | Publié le mardi 15 janvier 2019
ET ALORS | Les coups de foudre sont rares, mais la première rencontre avec l’album de Semiotics Department Of Heteronyms en a pourtant toute l’allure. Une new wave/cold wave aérienne, parfois low tempo ("The Scent") mais souvent plus entraînante ("Tell Them", "I Mean", "She Uncovers Before Me"), des synthés omniprésents, fascinants, une rythmique entêtante, et surtout, une voix féminine terriblement addictive. Voilà les composantes des huit titres qui constituent "SDH", le premier album de ce duo originaire de Barcelone qui n’en est pas à son coup d’essai ; outre un premier single en mai dernier, Andrea P. Latorre et Sergi Algiz avaient fait leurs armes au sein d’une formation post-punk, Wind Atlas, avant de monter le label Conjunto Vacio. À l’image de la pochette, ces compositions intriguent, fascinent, créent l’envie et se livrent un peu plus à chaque nouvelle écoute. Un bijou froid, racé, intelligent.

Penelope Trappes
"Penelope Two"

"Penelope Two"
DATES | Sorti le 26 novembre 2018 | Publié le lundi 14 janvier 2019
ET ALORS | Moitié du duo londonien The Golden Filter, la chanteuse d'origine australienne nous offre après son premier essai "Penelope One", un second disque solo dont les compositions ressemblent à des berceuses un peu dérangées et exclusivement réservées aux adultes. La musicienne touche-à-tout a choisi un sound design à la beauté blafarde pour habiller ses visions qui s'inspirent clairement des Cocteau Twins période "Victorialand" et "The Moon and the Melodies", en version ralentie au maximum et qui auraient comme palette sonore les expérimentations ambient de This Mortal Coil. L’album donne alors l'impression de flotter entre deux états : conscient grâce aux pulsations, aux oiseaux et à l'orage enregistrés, tout en étant à la fois détaché, comme invité en qualité d’observateur privilégié dans le rêve de quelqu'un d'autre dont on ne partagerait ni les démons, ni les craintes. Superbe.

Cruz De Navajas
"Dominación"

"Dominación"
DATES | Sorti le 1e février 2018 | Publié le mercredi 9 janvier 2019
ET ALORS | La période est plutôt faste pour la scène new wave/ gothique/ cold wave/ death rock/ post punk pour le moins moribonde ces dernières années. Pas un jour ne passe maintenant sans qu'une nouvelle formation n'émerge et ne tente, sans gêne, de donner une leçon à ses aînés de plus de 30 ans. Crux de Navajas, jeune groupe originaire de Mexico City, a dévoilé en février dernier un premier album pour le moins jouissif. Une guitare délicieusement dissonante, une basse appuyée, des synthés omniprésents, et une voix féminine assez fascinante, presque scandée. L'ensemble n'est à vrai dire pas très bien produit, mais cela donne au disque quelque chose d'animal, un peu âpre à la première écoute, mais qui s'avère au final particulièrement mélodique et rappelle X Mal Deutschland. Et rien que pour ça, ce disque s'avère indispensable.

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