& les Chroniques
Express
Snapped Ankles
"Stunning Luxury"

"Stunning Luxury"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mercredi 6 mars 2019
ET ALORS | Snapped Ankles en est à son deuxième album et est toujours aussi engagé. Le groupe anglais se déclare ouvertement anti-bourgeois, offrant à chacune de ses chansons la possibilité d'illustrer un chapitre d'"Histoire de ta Bêtise", le recommandable essai pamphlétaire de François Bégaudeau. Leur colère est plus manifeste dans leurs paroles que dans leur musique qui évoque une sorte de Devo qui s’acoquinerait aux B 52’s, mais aurait décidé, après une soirée trop arrosée, de se mettre au Krautrock électro tribal. Pour se faire, il se dotent d’une armada d’instruments électroniques bigarrés (notamment des synthés analogiques incrustés dans des bûches !) et stridents qui chahutent les mélodies de manière intempestive (à la frontière de l’horripilant et du cacophonique, quand même). Sautillant, funky et branque, cette électrokraut décoiffera les punks de tous poils et c’est ça qui est bon !

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.

Covenant
"Fieldworks Exkursion EP"

"Fieldworks Exkursion EP"
DATES | Sorti le 7 février 2019 | Publié le lundi 25 février 2019
ET ALORS | L’annonce de la sortie d’un nouvel EP de Covenant aurait pu passer inaperçue s’il n’y avait eu ce choix de le distribuer exclusivement lors des concerts du groupe : que pouvait-il bien recéler pour mériter une telle confidentialité ? Puis les révélations concernant son contenu ont fini d’aiguiser notre curiosité : chacun des membres du groupe aurait composé un titre, et Marie de Grabyourface aurait collaboré à l'un d'entre eux. En balayant un spectre d’ambiances qui vont du field recording au spoken words, les Suédois nous offrent un disque imprévisible, surprenant et totalement inattendu qui leur permet de se réinventer, proposant cinq bonnes raisons d'échapper à une formule dans laquelle le groupe s'était lui-même enfermé. Ici, pas de hit. Pas non plus de remixes inutiles, mais le renouveau d’un groupe bien décidé à prendre des risques. Du danger et un renouvellement : forcément, on aime !

Fawns of Love
"Permanent"

"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.

Acretongue
"Ghost Nocturne"

"Ghost Nocturne"
DATES | Sorti le 1 février 2019 | Publié le mercredi 20 février 2019
ET ALORS | Acretongue a une fois encore apporté un soin prodigieux à la pochette de son nouveau disque de dark électro soft et mélodieuse, son troisième album en douze ans. C’est d’ailleurs une constante depuis les débuts de ce projet démarré en 2007 et porté par un seul homme, le Sud-Africain Nico Janse. Si l’imagerie doit suggérer la délicatesse toute personnelle de ces compositions, la patience vient compléter la liste des qualités requises pour apprécier ces titres, puisque huit années séparent ce disque de son prédécesseur "Strange Cargo". Tout est sous contrôle, depuis le phrasé sans débordement jusqu’au sound design excessivement minutieux, lesquels confèrent à la musique une séduisante régularité, une finesse maîtrisée au coeur même de l’écriture. Et tant pis s’il faudra attendre huit années supplémentaires pour la suite, "Ghost Nocturne" n'a pas fini de livrer tous ses secrets.
CONNEXE | Dark Électro

Aleph
"Entropy"

"Entropy"
DATES | Sorti le 21 janvier 2019 | Publié le mardi 19 février 2019
ET ALORS | C’est un EP de six titres envoutés, comme possédés, que vient de publier le Berlinois Armando Alibrandi et son projet Aleph. Sa dark ambient précise et cadrée, qui flirte avec une électro calée sur une rythmique aux allures de métronome, nous entraine vers un chemin moins chaotique que veut bien l’annoncer le titre du disque. Ces compositions électroniques chargées de cordes habilement pincées et de nappes mélancoliques ont été confiées au savoir-faire de Philipp Münch (Synapscape, The Rorschach Garden, Cell Auto Mata) d’ordinaire habitué à plus abrasif, pour un mastering en douceur. Mention spéciale pour les deux versions du titre "Infinite Void" avec les belles vocalises de Dimitra Tripi très proches de celles de Lisa Gerrard, avant de laisser une seconde version de "Arrow of Time" revisitée par Ah Cama Sotz terminer le disque comme il avait commencé, avec un supplément d’angoisse.
CONNEXE | Dark Ambient

The Blinders
"Columbia"

"Columbia"
DATES | Sorti le 1e février 2019 | Publié le lundi 18 février 2019
POURQUOI | Tension
ET ALORS | Sorti dans son pays d'origine, la Grande-Bretagne, fin septembre, "Columbia", le premier album des Blinders -déjà une sensation outre-Manche- n'est disponible en France que depuis quelques jours. Et on s'en réjouit, parce que la scène anglaise actuelle s'avère réellement excitante ces temps-ci. Et même si le maquillage du chanteur (voir la pochette) n'impressionne guère les vieux briscards que nous sommes, force est de constater que ces gars-là balancent un gros son blues-rock tordu à la Birthday Party que l'on n'avait plus guère l'habitude d'entendre en dehors des soirées en maison de retraite pour vieux gothiques. Pas loin de Shame ou des Idles pour l'énergie et la hargne, "Columbia" se pose-là, viril, entêtant, obsédant, brutal, fier, mais aussi écorché vif avec le bouleversant "Orbit" qui clôt ce putain d'album qu'on n'a pas fini d'user, encore et encore.

Polyverso
"Antagonista (Disobey)"

"Antagonista (Disobey)"
DATES | Sorti le 26 janvier 2019 | Publié le lundi 11 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On peut tenter de suivre des recettes connues, en reprendre les ingrédients, choisir "la" bonne bibliothèque de la boîte à rythme, ses claps éprouvés, décliner "le" gimmick de basse entêtant et s'amuser avec "la" reverb sur la voix, rien ne garantira que le résultat sera une réussite. Polyverso et son premier album "Antagonista" en sont l'illustration. Tout est là, mais tout semble avoir été rapidement disposé, sans passion, sans âme, on croit entrer dans un dépôt-vente foutraque où auraient été abandonnés des jouets à moitié cassés, contrefaçon grossière qu’aucun enfant n’aurait vraiment utilisé avant. La new wave de Polyverso est frelatée, la voix trop maniérée ("Denial"), les compositions sans cohérence ("Antagonista" est insensé). Si l’on est aussi dur, c’est que l’on sait que dans ce domaine d’autres savent faire preuve de talent, peut-être pas toujours avec la plus grande originalité, mais avec application.
CONNEXE | New Wave

Yasuaki Shimizu
"Dementos"

"Dementos"
DATES | Réédité le 16 janvier 2019 | Publié le mercredi 30 janvier 2019
POURQUOI | Orchestration sophistiquée | Remasterisation | Inventions sonores et textuelles | Pochette
ET ALORS | Les adeptes de japonisme connaissent déjà Yasuaki Shimizu par le biais de ses compositions électroniques dans le domaine publicitaire. D’autres l’ont sans doute découvert en tant que saxophoniste expérimental. Voici la réédition de "Dementos" (1988) qui nous éclaire un peu plus sur la facette pseudo accessible de l’artiste. Il se révèle ici en véritable crooner qui malaxe des sonorités techno funk new-yorkaises avec des percussions indiennes, triturant des phrasés mandingues avec des inventions de langages dans un creuset de world music précieuse telle que la pratiquait Ryuichi Sakamoto avec son ensemble Neo Geo. Élégantes, exotiques et raffinées, ses pop songs se savourent sans modération aux côtés d’autres miniatures de David Byrne, David Sylvian ou Masami Tsuchiya dont le timbre de voix se rapproche beaucoup.

Various Artists
"Shub - Niggurath"

"Shub - Niggurath"
DATES | Sorti le 4 décembre 2018 | Publié le lundi 28 janvier 2019
ET ALORS | Le casting a tout de la super production : vingt-deux artistes collaborant à la réalisation de deux titres d'ultra dark ambient d'une heure chacun. Le ton est clairement annoncé, le cinquième volume de la série que consacre le label Cryo Chamber à l'écrivain H.P. Lovecraft se veut global et massif. Accompagné d'un livret luxueux, l'implication est totale pour ce projet qui élève le concept de collaboration au statut de catégorie hors-norme, et à ne surtout pas confondre avec une vulgaire compilation : les deux heures de voyage proposées à la lisière de notre monde sont inédites et façonnées dans un gigantesque chaudron sonore dans lequel chaque artiste a déposé son ingrédient personnel, pour un résultat qui glace le sang ou fait perler des gouttes de sueur sur la nuque. Frissons et immersion totale garantis par la crème des artistes du genre.

FILTRES | da








