& les Chroniques
Express
Celluloide
"Futur Antérieur"
DATES | Sorti le 24 janvier 2020 | Publié le mercredi 5 février 2020
ET ALORS | Il nous aura fallu patienter cinq années pour découvrir la suite d’ "Art Plastique", le précédent véritable album du groupe électronique le plus câblé de l’hexagone. Et quelle suite ! Sous sa pochette minimaliste et immaculée, l'objectif de "Futur Antérieur" sera atteint dès la première écoute, à savoir nous fournir un nouveau lot de titres accrocheurs, franchement malins et bourrés de détails à l’attention des plus attentifs. "Quelque Chose S'Efface", "La Cité des Aveugles", "Ta Main Se Glace" pour n'en citer que trois dont le potentiel évident aura fait mouche du premier coup, soit autant de nouveaux tubes à rajouter à une discographie déjà riche en pépites électroniques et analogiques. En plaçant toujours avec justesse ses bips et bleeps clignotants et multicolores associés au chant faussement détaché de Darkleti, le trio marseillais n’aura eu de cesse de fabriquer ces riches chansons au grand coeur pop et aux mélodies gourmandes, pleines de malice. On vous aura prévenus.
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16/20
Silent EM
"The Absence"
DATES | Sorti le 15 juillet 2019 | Publié le lundi 3 février 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Sèche mais mélodique, l’EBM de Silent EM impose dès ses premières mesures une ambiance qui, si elle n’est pas vraiment inédite, s'avère étonnamment plaisante. Un synthé et une boîte à rythme assez basiques, une voix qui scande plus qu’elle ne chante, et le tour est joué : Jean Lorenzo pose les bases de ce que seront les 38 minutes de "The Absence". Les titres suivent un fil conducteur linéaire d'une façon très assurée qui rappelle les formations EBM françaises des années 80/90, ces petits génies qui allaient rarement plus loin que des auto-productions au format K7 mais que l'on écoutait pourtant en boucle. Originaire de Miami mais installé à New York, Jean cite parmi ses influences And Also The Trees, The Sound, The Chameleons, Data-Bank-A, In the Nursery, ou encore Opera De Nuit et la scène cold wave française… autant de références pour le moins atypiques pour un garçon installé sur la côte Est des États-Unis, mais qui donnent une grille de lecture intéressante à ce disque et aux choix qui ont permis de le construire. Cette combinaison de spontanéité, de simplicité, le lyrisme du chant, en apparence naïf, ces rythmes binaires, faussement simples, à l'efficacité désarmante, tout ça n'est donc pas le fruit du hasard.
CONNEXE | EBM | Cold Wave
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13/20
Deserta
"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
POURQUOI | Pochette | Dreampop | Shoegaze
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.
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15/20
Night Sins
"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.
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14/20
Bestial Mouths
"Inshroudss"
DATES | Sorti le 1 novembre 2019 | Publié le lundi 20 janvier 2020
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Tribale, animale, brute, voilà l’atmosphère qui caractérise la musique de Bestial Mouths. Une ambiance qui enveloppe, happe, et étreint, comme le ferait un animal en apparence paisible… mais qui vous sauterait à la gorge à la première occasion. Le nom de la formation, originaire de Berlin, n’y est évidemment pas pour rien, la pochette n’est pas en reste non plus pour expliquer le sentiment que procure l’écoute de cet EP. On pense aux premiers Siouxsie, à Virgin Prunes, à Diamanda Galás, parce que les compositions sont à la fois riches et crues, et que la formation, menée par la voix de Lynette Cerezo, est comme animée de quelque chose de viscéral, qui nous inonde et nous entraîne dans ses méandres. Mais ici l’on est bien en 2020 et ce sont des sonorités plus électroniques, robustes, subtilement construites, qui servent de trame à ces cinq titres. Si le groupe a déjà trois albums et une poignée de singles à son actif, c’est avec “Inshroudss” que l’on vient de le découvrir et rattraper notre retard avec sa discographie initiée en 2010 est une expérience fascinante.
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15/20
Skemer
"Benevolence"
DATES | Sorti le 25 octobre 2019 | Publié le jeudi 16 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Il y a un charme fou dans le chant de Kim Peers. Et il y a une ambiance incroyablement intrigante dans les compositions de Mathieu Vandekerckhove. Lorsque l’un fait grincer ses guitares et marteler la rythmique, l’autre ensorcelle avec sa voix lancinante. La formation, originaire de Gand en Belgique, parvient avec son premier album à créer quelque chose d’assez inédit, comme une ambiance un brin malaisante mais qui se veut en même temps cotonneuse, rassurante, à la fois violente mais toute en retenue. Il n’est ici qu’histoire d’équilibre, de subtilité, de dosage, 7 titres comme 7 nuances de rouge d'un disque étonnamment mature pour un premier album. L’écoute de "Benevolence" se transforme immédiatement en une véritable immersion et devient rapidement génératrice d’images et d’ambiances, intense, comme une longue cinématique sur laquelle on n'aurait aucun contrôle. L’une est modèle (Yves Saint Laurent, Louis Vuitton, Vogue...), l’autre était guitariste d’une formation de doom métal (Amenra) ; Skemer est le fruit de leur rencontre, sordide et sentimentale. On adore.
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16/20
Pencey Sloe
"Don’t Believe, Watch Out"
DATES | sorti le 27 septembre 2019 | Publié le lundi 6 janvier 2020
POURQUOI | France | Indie Rock | Shoegaze
ET ALORS | Cet album, nous l’attentions depuis qu’un premier extrait, "Lust of the Dead", fut dévoilé en avril dernier : ces guitares, cette ambiance à la fois plombée et tellement belle, la formule sacrée nous avait ensorcelés. Et puis cette voix, tout autant fragile que battante, bien décidée à exister face à ce mur du son, ce véritable monolithe autour duquel l’univers musical des Parisiens de Pencey Sloe semble tourbillonner sans jamais s’arrêter, mû par une rythmique rampante et obsédante à laquelle les cordes de guitares hurlantes s’accrochent en tombant du ciel. Les compositions se drapent alors d’intemporalité, se rappelant immédiatement à nos années d’indie rock et de shoegaze des 90s avec un supplément d’âme et de personnalité, puisque ce jeu et cette façon de faire semblent tout à coup uniques, les guitares hurlant leurs propres refrains. "Don’t Believe, Watch Out" est un coup de maître improbable pour un premier album à l’instar du "MMXVIII" de Manon Meurt, touchant du bout des doigts une perfection qu’il sera vraiment difficile de dépasser.
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17/20
The Legendary Pink Dots
"Angel in the Detail"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le vendredi 27 décembre 2019
ET ALORS | Deux années auront été nécessaires à la réalisation du nouvel album des Legendary Pink Dots dont on a définitivement arrêté de compter les productions. Extrêmement aérien, comme composé la tête dans les nuages et le regard volontairement ailleurs, le son d’"Angel in the Detail" ne souffre d'aucune surcharge : les cordes d'une guitare sont tout juste caressées sur "Happy Birthday Mr. President", où nous sommes aussi loin que possible de celles, tranchantes, de "Nemesis Online". Ne cherchez pas le successeur de "Maria Dimension", de "Any Day Now", ni des "Shadow Weaver" avec ce nouveau disque qui s’inscrit dans la continuité des récents "Pages of Aquarius" et autres "Five Days" : le propre du chef-d’œuvre reste évidemment sa rareté. Et si vous devez rester sur votre faim pour cause de déjà-vu, sachez que quarante-deux (!) titres supplémentaires sont disponibles ici, et qu'un très bel album solo d'Edward Ka-Spel intitulé "The Moon Cracked Over Albion" est sorti simultanément. Car s’il y a bien une constante tout au long de ces quarante années d’activité, c’est bien la quantité des productions enregistrées par ce groupe hors du commun auquel il faudrait un jour consacrer une encyclopédie complète afin d’y retracer les vies multiples.
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11/20
Ubikande
"Artefact"
DATES | Sorti le 30 avril 2019 | Publié le lundi 23 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Français
ET ALORS | Lorsqu’on découvre pour la première fois la voix de Cassandre Azama-Buxton, c’est à celle de Tanit que l’on pense. Immédiatement. Lyrique, grave, ciselée, décidée et maîtrisée ; une voix que l’on sait d’entrée importante et qui ne nous lâchera pas jusqu’à l’issue de l’écoute du premier album de Ubikande. Quant à l’environnement qui l’accompagne, il semble être tout aussi sûr de lui. Comment ne pas l’être pour concevoir des compositions aussi intenses, sorte de cold wave noisy qui mêle à la fois le malaise et la tension des Cranes, la noirceur des Cure et une énergie qui flirte avec l’industriel. On pense à The Young Gods ou à Killing Joke avec ces guitares dont émane une tension par moment quasi cathartique et ses mélodies hypnotiques. Mais l’objet, aux contours en constante transformation ne cesse de surprendre à chaque nouvelle écoute et rend rapidement bien futile cette recherche de références. Parce que si Ubikande a certainement les mêmes que les nôtres, la formation, originaire de Tours, a avec cet "Artefact" qui porte parfaitement son nom, créé quelque chose d’envoûtant.
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17.5
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14/20
Numb
"Mortal Geometry"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le jeudi 19 décembre 2019
POURQUOI | Numb | Metropolis | Pochette
ET ALORS | A vrai dire, nous n’y avons pas cru tout de suite : le retour annoncé de Numb après vingt ans d’absence -soit ni plus ni moins qu’une génération- nous semblait tellement improbable car nous savions Don Gordon parti s’installer au Vietnam au début des années 2000 pour ce qui ressemblait à un nouveau départ en famille. Improbable mais pas impossible, donc, puisqu’un premier extrait, "Redact", rapidement dévoilé au début de l’été a transformé la surprise en impatience. Et les premières impressions se sont vite confirmées : par chance, "Mortal Geometry" ne reprend pas les affaires où elles s’étaient brusquement arrêtées en 1998, le groupe ayant profité de cet exil pour se débarrasser de la composante technoïde mal à propos de "Blood Meridian". Moins chargées et plus lisibles, ces nouvelles compositions renouent avec une façon de procéder proche de celle des débuts : en ligne droite sans dispersion, mais avec la technologie du vingt-et-unième siècle en plus. Et tradition oblige, les morceaux les plus expérimentaux tels que "Mortal Geometry" et "Shadow Play" sont conservés pour la fin. Quel retour !
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FILTRES | op