& les Chroniques
Express
False Heads
"It's All There but You're Dreaming "

"It's All There but You're Dreaming "
DATES | Sorti le 13 mars 2020 | Publié le mercredi 1 avril 2020
ET ALORS | Vous aimez LIFE ou IDLES ? Les nouveaux "punks" des années 20 -des gens sans look, sans attitude et sans les clichés musicaux du genre, il s'agirait plutôt de parler ici de power-pop que de musique punk d'ailleurs- essaiment un peu partout : ils sont de plus en plus nombreux à créer une musique hargneuse à haute teneur énergétique, toutes guitares dehors, sans singer leurs aînés et en y mettant sincérité, passion et surtout, talent. On guettait le trio londonien des False Heads depuis un petit moment déjà, tous leurs singles et EPS étant de brillantes réussites. L'album confirme tout cela, et on y retrouvera avec plaisir plusieurs titres ré-enregistrés pour l'occasion. Tout cela est donc rapide, énergique et rentre-dedans, mais pas seulement, les False Heads étant aussi capables de créer de superbes mélodies à fredonner sous la douche et de distiller, l'air de rien, pas mal de sensibilité et d'émotions à fleur de peau. On pense bigrement aux regrettés Ned's Atomic Dustbin qui avaient marqué l'année 1991 avec leur fameux "Bite", un album aussi mordant que celui-ci. Au final, un excellent disque qui vous permettra de bondir tout seul chez vous, à défaut d'aller tester le pogo dans une salle de concert surchauffée, confinement oblige...

Tides From Nebula
"From Voodoo to Zen"

"From Voodoo to Zen"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le lundi 30 mars 2020
ET ALORS | Le rock instrumental des trois jeunes gens de Tides From Nebula a de quoi nous étonner et nous passionner : un jeu de guitare rageur, une section rythmique qui exécute des tonnes de motifs et des synthès aériens. La formule est diablement maitrisée et si elle était poussée au maximum, elle pourrait faire office de trait d’union entre le "WarMech" de Front Line Assembly et le "Myra" de Spurv. Ces musiciens originaires de Warsaw en Pologne jouent aujourd’hui dans la cour des grands en accordant une attention équivalente à leurs machines et leurs guitares, inventant une communication parmi deux mondes que l’on avait considérés jusqu’ici aussi hermétiques que peuvent l’être deux planètes d’un même système solaire, en permettant des échanges que l’on pensait impossibles voire contre-nature. "From Voodoo to Zen", leur cinquième album en dix ans revêt des allures de superproduction dans laquelle les machines et les guitares font match nul, et c’est bien là que réside la force de leurs compositions qui nous apparaissent alors comme une rafraichissante sortie de chemin sur l’autoroute souvent trop bien balisée du post-rock. Une sacrée réussite !

Bedroom Eyes
"Nerves"

"Nerves"
DATES | Sorti le 31 octobre 2019 | Publié le mercredi 26 février 2020
ET ALORS | La pochette a elle seule aurait pu faire passer ce "Nerves" pour le disque de rock gothique qu’il n’est absolument pas. Les membres de Bedroom Eyes le définissent plutôt comme de l’heavy shoegaze, et l’on adhère bien volontiers à cette étiquette qui semble inventée pour qualifier le troisième album du groupe de Boston. On adore se laisser happer par cette brume sonore parfois indistincte, qui nous met dans le même état que lorsque l’on essaie de se rappeler un rêve sans y arriver complètement, dans lequel on se souviendra pourtant, par flashs, d’y avoir rencontré les guitares malmenées de My Bloody Valentine, le chant de Ride et la section rythmique d’Amusement Parks on Fire. Était-ce les uns après les autres ou plutôt tous ensemble ? Ce n’est plus très clair, mais peu importe : la fougue du quatuor fera le reste tout au long de ces douze titres bouillonnants et passionnés, guidés par un savoir faire peaufiné depuis le premier enregistrement de 2012 et indispensable à la réalisation d’une telle collection de chansons fiévreuses.

Say Hi
"Diamonds & Donuts"

"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.

Pray For Sound
"Waves"

"Waves"
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mardi 11 février 2020
ET ALORS | Le post-rock compte presque autant de ramifications, de sous-genres et de crossovers que de formations qui en jouent. Celui que propose Pray For Sound possède ses spécificités et son originalité, porté par une frappe ample et tout en rondeur au service d'une écriture qui rappelle avec surprise celle de la pop plutôt que celle habituellement plus saccadée du genre dans lequel sont classés ses disques. Avec ses refrains joués à la guitare et à fredonner en toute circonstance, le quatrième album instrumental du groupe américain originaire de Boston ne laisse que peu d'espace dans ses compositions, telle une pop rock suivant le schéma couplet-refrain sans chanteur ni chanteuse qui n'aurait pas sa place ici. Le son est à rapprocher de celui des jeunes prodiges belges Endless Dive plutôt que de celui, plus neurasthénique, de Mogwai. Plus pop que post, ce rock étiqueté avec maladresse s'est installé à la frontière entre deux mondes que l'on n'aurait guère osé rapprocher, et pourtant quelle réussite lorsqu'il est organisé par de jeunes gens si talentueux.

Deserta
"Black Aura My Sun"

"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.

Bestial Mouths
"Inshroudss"

"Inshroudss"
DATES | Sorti le 1 novembre 2019 | Publié le lundi 20 janvier 2020
ET ALORS | Tribale, animale, brute, voilà l’atmosphère qui caractérise la musique de Bestial Mouths. Une ambiance qui enveloppe, happe, et étreint, comme le ferait un animal en apparence paisible… mais qui vous sauterait à la gorge à la première occasion. Le nom de la formation, originaire de Berlin, n’y est évidemment pas pour rien, la pochette n’est pas en reste non plus pour expliquer le sentiment que procure l’écoute de cet EP. On pense aux premiers Siouxsie, à Virgin Prunes, à Diamanda Galás, parce que les compositions sont à la fois riches et crues, et que la formation, menée par la voix de Lynette Cerezo, est comme animée de quelque chose de viscéral, qui nous inonde et nous entraîne dans ses méandres. Mais ici l’on est bien en 2020 et ce sont des sonorités plus électroniques, robustes, subtilement construites, qui servent de trame à ces cinq titres. Si le groupe a déjà trois albums et une poignée de singles à son actif, c’est avec “Inshroudss” que l’on vient de le découvrir et rattraper notre retard avec sa discographie initiée en 2010 est une expérience fascinante.

Pencey Sloe
"Don’t Believe, Watch Out"

"Don’t Believe, Watch Out"
[Prophecy]
par Bertrand Hamonou
DATES | sorti le 27 septembre 2019 | Publié le lundi 6 janvier 2020
ET ALORS | Cet album, nous l’attentions depuis qu’un premier extrait, "Lust of the Dead", fut dévoilé en avril dernier : ces guitares, cette ambiance à la fois plombée et tellement belle, la formule sacrée nous avait ensorcelés. Et puis cette voix, tout autant fragile que battante, bien décidée à exister face à ce mur du son, ce véritable monolithe autour duquel l’univers musical des Parisiens de Pencey Sloe semble tourbillonner sans jamais s’arrêter, mû par une rythmique rampante et obsédante à laquelle les cordes de guitares hurlantes s’accrochent en tombant du ciel. Les compositions se drapent alors d’intemporalité, se rappelant immédiatement à nos années d’indie rock et de shoegaze des 90s avec un supplément d’âme et de personnalité, puisque ce jeu et cette façon de faire semblent tout à coup uniques, les guitares hurlant leurs propres refrains. "Don’t Believe, Watch Out" est un coup de maître improbable pour un premier album à l’instar du "MMXVIII" de Manon Meurt, touchant du bout des doigts une perfection qu’il sera vraiment difficile de dépasser.

Ubikande
"Artefact"

"Artefact"
DATES | Sorti le 30 avril 2019 | Publié le lundi 23 décembre 2019
ET ALORS | Lorsqu’on découvre pour la première fois la voix de Cassandre Azama-Buxton, c’est à celle de Tanit que l’on pense. Immédiatement. Lyrique, grave, ciselée, décidée et maîtrisée ; une voix que l’on sait d’entrée importante et qui ne nous lâchera pas jusqu’à l’issue de l’écoute du premier album de Ubikande. Quant à l’environnement qui l’accompagne, il semble être tout aussi sûr de lui. Comment ne pas l’être pour concevoir des compositions aussi intenses, sorte de cold wave noisy qui mêle à la fois le malaise et la tension des Cranes, la noirceur des Cure et une énergie qui flirte avec l’industriel. On pense à The Young Gods ou à Killing Joke avec ces guitares dont émane une tension par moment quasi cathartique et ses mélodies hypnotiques. Mais l’objet, aux contours en constante transformation ne cesse de surprendre à chaque nouvelle écoute et rend rapidement bien futile cette recherche de références. Parce que si Ubikande a certainement les mêmes que les nôtres, la formation, originaire de Tours, a avec cet "Artefact" qui porte parfaitement son nom, créé quelque chose d’envoûtant.

Undertheskin
"NEGATIVE"

"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.

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