& les Chroniques
Express
Echoberyl
"Apparition"

"Apparition"
DATES | Sorti le 27 juillet 2019 | Publié le mercredi 18 septembre 2019
ET ALORS | C'est un exercice assez périlleux auquel se sont prêtés Cecilia Dassonneville et Adriano Iacoangeli avec leur projet Echoberyl. La première, parisienne, et le second, romain d'origine, que l'on connait pour son autre projet Polyverso qu'il partage avec Ari Todero, auteure des textes d'e cet album, expérimentent en effet une synthpop totalement décomplexée qui allie sans gêne des sonorités synthétiques "classiques" à des guitares plus inattendues. Et le mélange prend sacrément bien ! Avec les premières notes de "Dark Embrace Me" c'est New Order qui déboule en trombe, tandis qu'un peu plus loin c'est Cure qui s'invite sur "Rectangle" ou encore sur "Salt on Scars"… . Quant à la voix de Cécilia, elle n'est pas en reste pour nous séduire avec son phrasé atone qui pourrait rendre jalouse Léti de Celluloide, comme un compromis malin entre la pop française des années 60 et une synthpop froide, parfois empruntée, voire habitée, mais surtout diablement bien foutue. Parce que c'est dans cette cour-là qu'Echoberyl joue, celle des défricheurs qui parviennent encore et encore à renouveler un domaine qui n'en finira jamais de nous toucher.

Elz and the Cult
"Psychrodrama"

"Psychrodrama"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mardi 30 juillet 2019
ET ALORS | Il va falloir arrêter de s’étonner de l’origine géographique d’un artiste ; on voit chaque semaine se dévoiler de toutes les régions du monde de nouveaux talents, plus ou moins originaux, mais toujours passionnés. Elz and the Cult est un trio originaire d’Istanbul et offre avec son second album "Psychodrama" un disque étonnant parce que particulièrement riche et intense. Une rythmique assez robuste, des synthés omniprésents, un chant addictif, parfois en turc, assez vindicatif et souvent touchant, l’ensemble offre une multitude de repères entre new wave, dark wave, électronique et post punk, et sème le trouble en nous balançant sans manière entre le "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails et des ambiances plus proches de Human League. Et ça, paradoxalement, d’une façon particulièrement homogène. Un condensé de très belles choses qui fait preuve d’une maturité étonnante.

Пиета
"Гласность"

"Гласность"
DATES | Sorti le 14 mars 2019 | Publié le jeudi 11 juillet 2019
ET ALORS | Il suffit de quelques secondes pour comprendre que ce disque n’est pas une énième curiosité new wave électronique en provenance d’une lointaine contrée qui se réveillerait musicalement avec 20 ans de retard, parce que l’on réalise très vite que l’on a affaire à une production robuste et émancipée de toute référence grossière. Tout d’abord le chant, en russe, et la voix de Alina Vaulina, difficile d’y résister. D’autant qu’elle bénéficie d’une assise assez spectaculaires : des sons de synthés hypnotisants, une basse, des claps de boîte à rythmes fascinants, autant d’éléments judicieusement utilisées, et parfaitement équilibrés. On sent ici et là de jolies influences, mais elles sont parfaitement digérées et laissent la place à toutes l’inventivité du duo. On pense à Boy Harsher, mais pas à grand chose d’autres, parce que, pour une fois dans cette rubrique, on a surtout l’impression d’être en 2019.

Replicant
"A Taste of Midnight"

"A Taste of Midnight"
DATES | Sorti le 10 mai 2019 | Publié le jeudi 20 juin 2019
ET ALORS | On dit souvent que la synthwave (celle qui tâche, héritée de John Carpenter, avec ses gros synthés et ses grosses guitares) est le cimetière des métalleux et des gens de mauvais goût. Ce n'est pas totalement faux. Mais ici, derrière ces ambiances excessivement dark, la voix de Garrett Vernon fait la différence. Elle rappelle celle de Sixth Comm et donne à ces neuf titres, regroupement de deux EP une profondeur et une noirceur assez fascinantes. "The Reckoning" et "The Resistance" sont respectivement parus en 2017 et 2018 et se présentent comme "la bande-son de notre dystopie moderne" et se veulent éminemment politiques pour une formation originaire de Chicago et obsédée par "le démagogue maniaque à la tête du gouvernement fédéral américain" : Donald Trump.

Veil of Light
"Inflict"

"Inflict"
DATES | Sorti le 10 mai 2019 | Publié le mercredi 19 juin 2019
ET ALORS | Une rythmique froide et industrielle, presque martiale, Veil of Light offre avec cet album (son quatrième) une immersion sans concession dans le meilleur des années 80, bourré d'influences comme autant de preuves de bon goût… mais aussi d'actes de mauvais goût. La digestion n'est en effet vraiment pas terminée ("Fact 2019" et ses trop forts relents Depeche Mode/Fad Gadget). On évoquait il y a quelques jours avec Curses l'early EBM de la fin des années 80, en citant quelques labels et disquaires phares de l'époque, l'électro martiale de cette formation suisse rappelle plutôt les sorties K7 que l'on commandait chez Front de l'Est à la même époque. Mais si elles avaient moins d'envergure, on les chérissait avec tout autant de plaisir.

Curses
"Romantic Fiction"

"Romantic Fiction"
DATES | Sorti le 26 octobre 2018 | Publié le lundi 17 juin 2019
ET ALORS | Antler Records ? KK Records ? Nettwerk ? Ce son, cette pochette, on est évidement certain de l'avoir déjà acheté ce vinyl. Chez Danceteria sûrement, ou peut-être chez New Rose. Il n'y a pas très longtemps... en 1985... 86. C'est à tout ça que nous renvoie "Romantic Fiction", le premier album, après une série d'EP, de Curses, new-yorkais d'origine installé à Berlin. À moins que ce ne soit à Boy Harsher ou à ces artistes qui puisent aujourd'hui, à l'infini, sans ne jamais nous lasser, dans cette source élémentaire qui semble pourtant intarissable, cette new wave early EBM, construite sur une rythmique froide, quelques samples de basses, de voix, un synthé malin et un chant mélancolique. On s'attache très vite à ce disque, auquel participent la niçoise Jennifer Cardini et la berlinoise Perel, même si l'excitation faiblit sur la longueur de l'album qui s'étire peut-être un peu trop.

Covenant
"Fieldworks Exkursion EP"

"Fieldworks Exkursion EP"
DATES | Sorti le 7 février 2019 | Publié le lundi 25 février 2019
ET ALORS | L’annonce de la sortie d’un nouvel EP de Covenant aurait pu passer inaperçue s’il n’y avait eu ce choix de le distribuer exclusivement lors des concerts du groupe : que pouvait-il bien recéler pour mériter une telle confidentialité ? Puis les révélations concernant son contenu ont fini d’aiguiser notre curiosité : chacun des membres du groupe aurait composé un titre, et Marie de Grabyourface aurait collaboré à l'un d'entre eux. En balayant un spectre d’ambiances qui vont du field recording au spoken words, les Suédois nous offrent un disque imprévisible, surprenant et totalement inattendu qui leur permet de se réinventer, proposant cinq bonnes raisons d'échapper à une formule dans laquelle le groupe s'était lui-même enfermé. Ici, pas de hit. Pas non plus de remixes inutiles, mais le renouveau d’un groupe bien décidé à prendre des risques. Du danger et un renouvellement : forcément, on aime !

Acretongue
"Ghost Nocturne"

"Ghost Nocturne"
DATES | Sorti le 1 février 2019 | Publié le mercredi 20 février 2019
ET ALORS | Acretongue a une fois encore apporté un soin prodigieux à la pochette de son nouveau disque de dark électro soft et mélodieuse, son troisième album en douze ans. C’est d’ailleurs une constante depuis les débuts de ce projet démarré en 2007 et porté par un seul homme, le Sud-Africain Nico Janse. Si l’imagerie doit suggérer la délicatesse toute personnelle de ces compositions, la patience vient compléter la liste des qualités requises pour apprécier ces titres, puisque huit années séparent ce disque de son prédécesseur "Strange Cargo". Tout est sous contrôle, depuis le phrasé sans débordement jusqu’au sound design excessivement minutieux, lesquels confèrent à la musique une séduisante régularité, une finesse maîtrisée au coeur même de l’écriture. Et tant pis s’il faudra attendre huit années supplémentaires pour la suite, "Ghost Nocturne" n'a pas fini de livrer tous ses secrets.
CONNEXE | Dark Électro

Lorelle Meets the Obsolete
"De Facto"

"De Facto"
DATES | Sorti le 11 janvier 2019 | Publié le jeudi 14 février 2019
ET ALORS | Estampillé psyché shoegaze, le "De Facto" de Lorelle Meets the Obsolete est avant tout une étrangeté, particulièrement bien construite et surtout savamment variée, puisant d’une façon brillante dans des sonorités qu'on imaginait a priori plus familières au Royaume-Uni qu’au Mexique dont est originaire le groupe. Si des brumes shoegaze planent bien sur certains morceaux, l’ambiance est parfois franchement no wave ("Ana"), empreinte de l’ombre de Cure (les guitares de "Líneas En Hojas" ou la batterie d’"Acción – Vaciar"), la voix hypnotique peut rappeller celle de Julie Cruise et les 9 minutes de "Unificado" renvoient quant à elles à un post rock noise halluciné… Autant de repères qui sèment le trouble au lieu de nous rassurer mais qui font tout l'intérêt de ces compositions. Intrigantes, elles sortent des sentiers battus et donnent au groupe une personnalité hors-normes.

Endless Dive
"Falltime"

"Falltime"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 7 février 2019
ET ALORS | Jeune groupe belge qui n'avait jusqu’à présent qu'un seul EP à son actif, publié à la fin de l'année 2016, Endless Dive sort enfin son premier album, et livre un disque de post-rock expérimental des plus subtiles. Avec de multiples changements d’ambiances et de rythmes au sein même de chaque morceau, le quatuor ajoute des nappes de synthés qui apportent une composante rêveuse à ce type de musique d’ordinaire plutôt tellurique, et qui, tout à coup, semble faite pour contempler les étoiles ("Wading Pool", "Low Tide"). Mais ce post-rock instrumental là sait aussi se faire rapide, et "Falltime" est un modèle de maîtrise et d’inventivité qui propose une méthode de composition extrêmement riche. Il ne faudra sous aucun prétexte manquer les prestations du groupe lors de sa tournée dans toute la France au mois de mars.
CONNEXE | Post-Rock










