& les Chroniques
Express
Schrödinger
"Last Days on Earth"

"Last Days on Earth"
DATES | Sorti le 31 octobre 2020 | Publié le jeudi 3 décembre 2020
ET ALORS | Réaliser une cartographie mondiale de la scène post-punk actuelle mettrait en avant des zones géographiques qui, en 2020, seraient bien différentes de ce qu'elles étaient dans les années 1980. C'est dorénavant à Vinius, Moscou, Boston, Los Angeles ou Mexico que des scènes émergent et que le son se sculpte et non plus à Leeds, Manchester, Nice ou Paris. Et cette toute jeune génération puise sans gêne dans l'espace et le temps sans tenir compte des frontières ni de l'importance qu'ont pu avoir, qu'ont, ces groupes qui font l'essentiel de leurs références. Schrödinger et son album "Last Days on Earth" sont un exemple de plus de la façon dont les choses s'entremêlent entre passé, présent, et les différentes régions du globe. Le groupe, de Mexico, a signé pour son premier album sur le label Suisse Swiss Dark Nights et offre avec ce disque une immersion déroutante dans la touching pop comme seule la France a été capable de produire en son temps. Si Little Nemo s'était installé au Mexique il y a 30 ans, c'est peut-être de cette façon qu'il sonnerait aujourd'hui : rafraîchi, brillant, assuré, assumé, mélodique et intemporel, parce que ce ne sont pas les fantômes de Little Nemo que l'on voit planer ici mais tout simplement leurs doubles.

House of Harm
"Vicious Pastimes"

"Vicious Pastimes"
DATES | Sorti le 4 septembre 2020 | Publié le mardi 24 novembre 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On est tout de suite tombé sous le charme de la new wave de House of Harm. Le premier contact a évidemment eu lieu avec la pochette et ces trois silhouettes monochromes et floues, hommage forcément intentionnel au "Pornography" de The Cure. La référence à leurs grands-parents britanniques ne s'arrête pas là tant la formation originaire de Boston s'amuse à piocher ça et là sons et mélodies qui ne sont pas sans rappeler celles de Robert Smith, les clochettes de "Coming of Age", la rythmique et la basse du démarrage de "Against the Night", ou encore la petite mélodie de guitare de "Catch". Mais ces clins d'oeil ne sont que des repères rassurants et amusants et n'entachent en rien la construction des compositions, pas plus que leur originalité. Celles-ci s'avèrent en effet bourrées d'intelligence et fichtrement efficaces. Les synthés, guitares, et rythmiques puisent allègrement dans le genre sans finalement ne plagier aucun groupe particulier, on ne pense d'ailleurs jamais vraiment à The Cure, d'autant que la voix de Michael Rocheford, si elle aussi suit les codes du genre, s'impose et contribue à entériner l'identité propre du groupe. 35 minutes trop courtes qui incitent à écouter encore et encore le disque.

Korine
"The Night We Raise"

"The Night We Raise"
DATES | Sorti le 4 septembre 2020 | Publié le mercredi 28 octobre 2020
POURQUOI | Le nom
ET ALORS | Ce qui a toujours été un peu dérangeant avec la synth-pop, ce sont ces voix de poseurs et leurs ballades souvent un peu pesantes ; ce qui distingue la musique pour dancefloor de la nôtre, c’est son manque d’humanité ; ce qui nous met mal à l’aise avec la new wave de 2020, c’est son absence d’originalité ; ce qui nous lasse avec les jeunes formations électroniques, c’est la monotonie de leurs productions.
Mais ce qui nous fait adorer Korine et son second album "The Night We Raise" c’est que le disque de ce duo de Philadelphie est à la fois sans prétention et d’une intelligence époustouflante. Huit titres, pour trente-deux minutes, d’une synth-pop, aux accents new wave, orientée pour les dancefloors. Mais d’une variété, d’une originalité et d’une humanité sans faille. On est ému par la profondeur et la richesse de cette production que l’on peut écouter en boucle sans jamais se lasser. Un bijou d’une insolence inouïe.

Uniforms
"Fantasia Moral"

"Fantasia Moral"
DATES | sorti le 18 septembre 2020 | Publié le lundi 26 octobre 2020
ET ALORS | Dieu merci, il existe aujourd’hui encore des disques que l’on découvre par hasard et dont la première écoute suffit à en faire un fameux coup de coeur, voire un véritable coup de foudre. "Fantasia Moral", le second LP des Andalous Uniforms est de ces réussites insolentes, de ces disques au cours desquels chaque titre fait figure de classique, lui conférant ainsi les allures d'un "Best of" qu’il n’est pas, et ce malgré une pochette franchement hallucinée. On aimerait penser qu’il s’agit d’un coup de génie de la part de cette jeune formation formée il y a à peine deux ans, quand eux-mêmes voudraient plutôt nous faire croire à l’accident. Rendez-vous compte : certains membres n’avaient jamais joué d’aucun instrument avant de monter le groupe en 2018 ! Et c’est peut-être là que réside le secret de cette intense fraîcheur qui se dégage de "Fantasia Moral", comme s’il s’agissait du premier disque de shoegaze qu’il vous était donné d’écouter, où l’espagnol n’a pas à rougir face à l’anglais et dont les notes d’électronique en font un disque essentiel de la dream pop du vingt-et-unième siècle.

SPC ECO
"6LP June LP"

"6LP June LP"
[eLab]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 1er juin 2020 | Publié le jeudi 6 août 2020
ET ALORS | Le projet est depuis le début de l’année extrêmement ambitieux, à savoir réussir à publier une collection de nouveaux titres le premier jour de chaque mois. Avec tout d’abord un titre de dix minutes en janvier, puis un nouvel EP d’au moins quatre titres les mois suivants, jamais nous n’aurions imaginé qu’après cinq livraisons déjà très riches, SPC ECO passerait la vitesse supérieure pour nous offrir un album complet au début du mois de juin. Fidèle à son habitude, Rose murmure ses secrets du bout des lèvres avec cette voix inimitable, parfois noyée sous des tonnes de guitares ou d’effets ("Take What You Need", "Touch Your Skin"), parfois en lévitation sur une dream pop aérienne ("Lost Alone"), quand elle n’est pas piégée dans un labyrinthe expérimental ("Where You Fall"). Avec onze albums et deux fois plus de singles ou d’EPs en onze ans, SPC ECO prouve à ceux qui en doutaient encore qu’il n’est pas un simple side-project pour tuer le temps. Et le plus beau dans tout ça, c’est que les offrandes continuent au rythme annoncé, avec un nouvel EP sorti le 1er juillet dernier.

Nation of Language
"Introduction, Presence"

"Introduction, Presence"
DATES | Sorti le 22 mai 2020 | Publié le mercredi 5 août 2020
ET ALORS | Déjà : quelle voix. Assurée, maniérée, si charmeuse avec sa diction soignée… on sent l’ombre de Lloyd Cole, de Morrissey ou encore Dave Gahan, celle de ces dandys qui rassurent et sont capables de nous entraîner au bout du monde. Mais autour de Ian Devaney, il y a aussi une succession de mélodies et des morceaux à la construction très intelligente, qui, bien qu’en apparence basés sur le combo classique guitare lumineuse, basse douce et prégnante, et batterie enjouée, étonnent très vite lorsque l’on voit surgir des synthés pour le moins "vintage". Quelle belle surprise que cette succession de perles qui oscillent entre indie pop et new wave (mention spéciale pour "The Division St.", "Automobile" ou encore "Friend Machine" et ses sonorités presque 8-Bits). Le disque ne s’essouffle jamais, et on s’étonne d’assister à un tel enchaînement de compositions douces-amères que l’on a toutes envie de chérir. On pense aux premiers New Order, à Black Marble ou à The Vagina Lips pour cette faculté incroyable à nous offrir quelque chose qui se révèle immédiatement comme une évidence, et, de la même façon que pour leur confrère grec, il y a toutes les chances que cette formation originaire de Brooklyn nous accompagne bien au delà de cet été.

Bravery in Battle
"The House We Live In"

"The House We Live In"
DATES | Sorti le 28 mai 2020 | Publié le lundi 3 août 2020
ET ALORS | Il est des disques qui, de part la nature même de leur ambition, dépassent leur mission première pour s'en découvrir une autre, plus universelle encore. Et c’est le cas de "The House We Live In" de Bravery in Battle. Ce disque-livre-documentaire dont l’idée initiale est de mettre le post-rock un peu rêveur des Français au service des messages d’espoir pour une autre réalité, délivrés par des personnalités engagées, militant pour un nouveau monde basé sur d’autres principes, d’autres buts, d’autres règles du jeu que celui dans lequel nous évoluons. Le groupe associe alors son savoir-faire où la surenchère est proscrite, à la musicalité des voix d'intervenants extérieurs (Vandana Shiva, Hubert Reves, Bill McKibben ou encore John Francis ou Paul Hawken), mimée parallèlement par un arsenal de métallophone, Rhodes, vibraphone, glockenpiel ou encore un piano. Le rendu onirique qui en découle traduit notre émerveillement devant l'évocation de cette utopie expliquée tout au long de l'album et du documentaire. Ce projet inédit mêle avec justesse interviews et compositions pour un état des lieux d’une pensée pas si marginale que cela, que nous sommes impatients de voir fonctionner en live en novembre.

eNiB
"Cut"

"Cut"
DATES | Sorti le 13 avril 2020 | Publié le vendredi 31 juillet 2020
ET ALORS | eNiB n’est peut-être au final qu’une anomalie spatio-temporelle. Spatiale parce que le groupe, originaire d’Italie, précisément de Rome, vient de sortir son premier album sur le label Wave Records basé quant à lui de l’autre côté de la planète, à São Paulo au Brésil. Temporelle parce que chacune des compositions de "Cut" s’ancre dans trois périodes essentielles : l’EBM du milieu des années 80 avec des sonorités parfois presqu’industrielles, la synthpop de la fin des années 90 avec cette très belle voix au charme étonnant (on pense à Wolfsheim), et en 2020 pour ces sonorités plus fines qui ne font aucun doute, c’est bien à notre époque que cet album peut prendre tout son sens. Si l’on ajoute à cela un don pour les mélodies véritablement bluffant (comment résister à "Lost", "No Way Out" ou "Intruder"), et une passion pour le cinéma français des années 60 (la vidéo de "Lost" construite sur le film “Les Yeux sans visage” de Georges Franju), eNiB s’avère extrêmement subtil et aussi fascinant qu’un épisode de la série allemande "Dark" : aux croisementx de l’espace et du temps.

Roseland
"To Save What is Left"

"To Save What is Left"
DATES | Sorti le 27 mars 2020 | Publié le jeudi 14 mai 2020
ET ALORS | S’il y a une chose qui est sûre, c’est qu’il n’est pas aisé de parler de "To Save What is Left", le premier album de Roseland. Mais si l’on a une autre certitude, c’est qu'en revanche, écouter ce disque s’avère être d’une facilité incroyable. Parce qu’il parvient à nous raconter une histoire, une multitude d’histoires, avec ses moment d’émotions, de drama, de tristesse ou de bonheur, autant d’instants qui s’enchaînent et nous parlent comme s’ils avaient été écrits pour nous. On oscille entre des ambiances graves ("Old"), plus douces ("The Window", "Faster than You", "Tu n’arrêtes pas"), souvent plus puissantes ("Rev"), parfois vertigineuses ("Those Fairytales"), découvrant des compositions qui flirtent parfois avec l’électronica tant elles sont soignées, souvent avec l’heavenly tant la voix d’Émeline Marceau est tout simplement magnifique, et, lorsque la basse et guitares prennent le pas sur l’ensemble ("Delta", “Too Much") et que le ton fait mine de se durcir, c’est dans des contrées plus shoegaze que l’on est entraîné. Ce disque est d’une densité musicale et émotionnelle sidérante tant le résultat est complet, cohérent, foncièrement humain et, extrêmement homogène. Une pure pépite.

Helicon
"This Can Only Lead To Chaos"

"This Can Only Lead To Chaos"
DATES | Sorti le 24 janvier 2020 | Publié le mardi 5 mai 2020
ET ALORS | "This Can Only Lead To Chaos", le second album des cinq de Glasgow porte tellement bien son nom qu’il eut été impossible qu’ils lui en préfèrent un autre. Sauf que de ce chaos là naissent des compositions si maîtrisées et si éloquentes, qui vont du rock psychédélique à la ballade instrumentale pour sitar en passant par l’indie rock des 90s ou le post-rock, que les ignorer serait faire preuve d’un manque de discernement patent. Le talent de ces jeunes gens s’entend sur chacune des chansons du disque, et nous nous imaginons en très bonne compagnie, un peu comme si The Jesus & Mary Chain, Ride, Primal Scream et Slowdive avaient décidés de jouer tous ensemble, les uns apportant les reverbs, les autres leur chambres d’écho et leurs pédales d’effets fuzz calées sur leur maximum. "Pure Filth" vous happe dans son tourbillon de guitares et d’effets, "The Sun Also Rises" vous rattrape d’une main et vous lance de l’autre vers la noirceur de "Glasgow Uni Accent", et le rodéo se poursuit avant de conclure sur le court "Cosmic John" dont on relèvera la tête avec une idée fixe : y retourner à la première occasion.

FILTRES | ve









