& les Chroniques
 Express
Manon Meurt
"MMXVIII"

"MMXVIII"
DATES | Sorti le 12 octobre 2018 | Publié le mercredi 10 avril 2019
ET ALORS | Qu’est-ce qui a pu pousser un groupe formé en République Tchèque à choisir de s’appeler Manon Meurt ? Nous avons préféré ne pas lever le mystère qui participe à la gravité et à la solennité de ces compositions qui nous renvoient aux Sundays, My Bloody Valentine et Slowdive, et au chant fragile et plus contemporain de Daughter. Ces chansons, d’une beauté et d'une clarté apaisantes, trouvent le juste équilibre entre une voix féminine gracieuce et des guitares qui hurlent comme des sirènes, empruntant tout aussi bien au post-rock qu'au shoegaze. Un chant que le poids des mots semble oppresser, jusqu'à ce que le souffle de cette voix unique les oblige à s'envoler lentement au rythme d'une batterie qui, patiente, frappe à l'économie, à l'instar de celle des Red House Painters. Le disque est à peine terminé que l’on sait au fond qu'il nous accompagnera sans l'ombre d'un doute encore longtemps.

Download
"Unknown Room"

"Unknown Room"
DATES | Sorti le 8 mars 2019 | Publié le mercredi  3 avril 2019
ET ALORS | Dans la seconde moitié des années 90, les disques de Download paraissaient de prime abord insaisissables voire hermétiques car alors précurseurs d'un genre, l’IDM, qui allait prendre de l'ampleur quelques années plus tard. Aujourd'hui, la musique de cEvin Key et du regretté Phil Western, soudainement disparu il y a un mois, est toujours aussi riche et joliment à part, pleine de sons rêvés et réalisés dans leur laboratoire sonore, un peu psychédéliques, comme mûs d'une vie propre et dansant à leur guise sur des rythmiques stroboscopées. Avec sa collection de synthés câblés et leurs potentiomètres, le duo propose une nouvelle fois ses expérimentations électroniques et ses séquences venues d'ailleurs, mais moins hallucinées et plus régulières que sur leurs deux précédents disques ("Helicopter" et "Lingam"). Et penser qu'il s'agit très probablement du dernier nous brise le cœur.

Laibach
"The Sound Of Music"

"The Sound Of Music"
[Mute]
par Anthony Augendre
DATES | Sorti le 23 novembre 2018 | Publié le mardi 26 mars 2019
ET ALORS | Invité à se produire à Pyongyang en Corée du Nord en 2015, Laibach découvre que  "The Sound Of Music" ("La Mélodie du bonheur"), la comédie musicale signée en 1965 par le réalisateur humaniste Robert Wise ("West Side Story", "La canonnière du Yang Tsé"), y est très appréciée. Le collectif décide alors d'adapter ce qu’il estime être sa source d’inspiration fondamentale. Car les analogies entre le film faussement naïf et l’œuvre des Slovènes sont nombreuses ; à commencer par l’art de dépeindre l’autoritarisme sous des dehors pop. Dans ce remaniement, les arrangements orchestraux somptueux, en mode mineur, évoquent parfois Goldfrapp ou Samuel Barber mâtiné d’électronique kraftwerkienne ; vocoder et lignes de basses moog oblige. Le livret et ses illustrations détournant l’esthétique réalisme socialiste et l’iconographie montagnarde est à mourir de rire. Du grand Laibach en marche.

Snapped Ankles
"Stunning Luxury"

"Stunning Luxury"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mercredi  6 mars 2019
ET ALORS | Snapped Ankles en est à son deuxième album et est toujours aussi engagé. Le groupe anglais se déclare ouvertement anti-bourgeois, offrant à chacune de ses chansons la possibilité d'illustrer un chapitre d'"Histoire de ta Bêtise", le recommandable essai pamphlétaire de François Bégaudeau. Leur colère est plus manifeste dans leurs paroles que dans leur musique qui évoque une sorte de Devo qui s’acoquinerait aux B 52’s, mais aurait décidé, après une soirée trop arrosée, de se mettre au Krautrock électro tribal. Pour se faire, il se dotent d’une armada d’instruments électroniques bigarrés (notamment des synthés analogiques incrustés dans des bûches !) et stridents qui chahutent les mélodies de manière intempestive (à la frontière de l’horripilant et du cacophonique, quand même). Sautillant, funky et branque, cette électrokraut décoiffera les punks de tous poils et c’est ça qui est bon !

Lorelle Meets the Obsolete
"De Facto"

"De Facto"
DATES | Sorti le 11 janvier 2019 | Publié le jeudi 14 février 2019
ET ALORS | Estampillé psyché shoegaze, le "De Facto" de Lorelle Meets the Obsolete est avant tout une étrangeté, particulièrement bien construite et surtout savamment variée, puisant d’une façon brillante dans des sonorités qu'on imaginait a priori plus familières au Royaume-Uni qu’au Mexique dont est originaire le groupe. Si des brumes shoegaze planent bien sur certains morceaux, l’ambiance est parfois franchement no wave ("Ana"), empreinte de l’ombre de Cure (les guitares de "Líneas En Hojas" ou la batterie d’"Acción – Vaciar"), la voix hypnotique peut rappeller celle de Julie Cruise et les 9 minutes de "Unificado" renvoient quant à elles à un post rock noise halluciné… Autant de repères qui sèment le trouble au lieu de nous rassurer mais qui font tout l'intérêt de ces compositions. Intrigantes, elles sortent des sentiers battus et donnent au groupe une personnalité hors-normes.

Endless Dive
"Falltime"

"Falltime"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi  7 février 2019
ET ALORS | Jeune groupe belge qui n'avait jusqu’à présent qu'un seul EP à son actif, publié à la fin de l'année 2016, Endless Dive sort enfin son premier album, et livre un disque de post-rock expérimental des plus subtiles. Avec de multiples changements d’ambiances et de rythmes au sein même de chaque morceau, le quatuor ajoute des nappes de synthés qui apportent une composante rêveuse à ce type de musique d’ordinaire plutôt tellurique, et qui, tout à coup, semble faite pour contempler les étoiles ("Wading Pool", "Low Tide"). Mais ce post-rock instrumental là sait aussi se faire rapide, et "Falltime" est un modèle de maîtrise et d’inventivité qui propose une méthode de composition extrêmement riche. Il ne faudra sous aucun prétexte manquer les prestations du groupe lors de sa tournée dans toute la France au mois de mars.
CONNEXE | Post-Rock

Warsaw
"Wires"

"Wires"
DATES | Sorti le 2 février 2018 | Publié le mercredi  6 février 2019
ET ALORS | Avant tout il y a un nom. Pas n’importe lequel. Puis une pochette. Ensuite, les choses sérieuses peuvent démarrer : des synthés, une guitare délicate, une basse (qui rendrait jalouse Patricia Morrisson), une voix masculine, puis féminine, de belles mélodies. Tout est réuni d’une façon trop évidente pour que l’on se laisse piéger, mais le groupe est malin, les morceaux s’enchaînent intelligemment, les voix s’imbriquent, dévoilant une new wave aux embruns gothiques, incroyablement soignée, presque précieuse : on ne peut que tomber sous le charme de ces 6 titres dont l’étonnante reprise de "Cold" de The Cure. Quant au nom, il suffit de leur demander, les quatre Californiens l’ont choisi la nuit de l’élection de Trump, rêvant de résistance et évoquant l’insurrection de Varsovie. Le groupe est né ce soir-là. Avec ce nom, ce Warsaw que Joy Division avait décidé de ne pas être.

Yasuaki Shimizu
"Dementos"

"Dementos"
DATES | Réédité le 16 janvier 2019 | Publié le mercredi 30 janvier 2019
POURQUOI | Orchestration sophistiquée | Remasterisation | Inventions sonores et textuelles | Pochette
ET ALORS | Les adeptes de japonisme connaissent déjà Yasuaki Shimizu par le biais de ses compositions électroniques dans le domaine publicitaire. D’autres l’ont sans doute découvert en tant que saxophoniste expérimental. Voici la réédition de "Dementos" (1988) qui nous éclaire un peu plus sur la facette pseudo accessible de l’artiste. Il se révèle ici en véritable crooner qui malaxe des sonorités techno funk new-yorkaises avec des percussions indiennes, triturant des phrasés mandingues avec des inventions de langages dans un creuset de world music précieuse telle que la pratiquait Ryuichi Sakamoto avec son ensemble Neo Geo. Élégantes, exotiques et raffinées, ses pop songs se savourent sans modération aux côtés d’autres miniatures de David Byrne, David Sylvian ou Masami Tsuchiya dont le timbre de voix se rapproche beaucoup. 

Cruz De Navajas
"Dominación"

"Dominación"
DATES | Sorti le 1e février 2018 | Publié le mercredi  9 janvier 2019
ET ALORS | La période est plutôt faste pour la scène new wave/ gothique/ cold wave/ death rock/ post punk pour le moins moribonde ces dernières années. Pas un jour ne passe maintenant sans qu'une nouvelle formation n'émerge et ne tente, sans gêne, de donner une leçon à ses aînés de plus de 30 ans. Crux de Navajas, jeune groupe originaire de Mexico City, a dévoilé en février dernier un premier album pour le moins jouissif. Une guitare délicieusement dissonante, une basse appuyée, des synthés omniprésents, et une voix féminine assez fascinante, presque scandée. L'ensemble n'est à vrai dire pas très bien produit, mais cela donne au disque quelque chose d'animal, un peu âpre à la première écoute, mais qui s'avère au final particulièrement mélodique et rappelle X Mal Deutschland. Et rien que pour ça, ce disque s'avère indispensable.

Electric Retro Spectrum
"Sub-Urban"

"Sub-Urban"
DATES | Sorti le 4 janvier 2018 | Publié le lundi  7 janvier 2019
ET ALORS | Formé à Paris, le groupe Electric Retro Spectrum vient de sortir son premier EP sur la label Stolen Body Records. Le disque surprend d’entrée : il il sonne bien plus amerloque qu’européen. Les 5 titres de "Sub-Urban" offrent en effet un rock lourd, sombrissime, progressif dans le sens doom ou stoner du terme qui rappelle tour à tour des groupes tels que Chelsea Wolfe, Live Skull ou Lydia Lunch.
Le chant de Tara Clamart qui excelle autant dans le désenchantement que dans la colère a quelque chose de cette dernière, la fameuse performeuse américaine "big, sexy et noise", période "Shotgun Wedding". Son spleen est porté par des basses et des guitares triturées de reverb et de fuzz qui emmènent le son dans des territoires noise et psyché bien plombants. D’après la bio, c’est du pur DIY, mais à l’écoute c’est juste bluffant en termes de production et d’espaces sonores !

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