& les Chroniques
Express
Laibach
"The Sound Of Music"

"The Sound Of Music"
[Mute]
par Anthony Augendre
DATES | Sorti le 23 novembre 2018 | Publié le mardi 26 mars 2019
ET ALORS | Invité à se produire à Pyongyang en Corée du Nord en 2015, Laibach découvre que "The Sound Of Music" ("La Mélodie du bonheur"), la comédie musicale signée en 1965 par le réalisateur humaniste Robert Wise ("West Side Story", "La canonnière du Yang Tsé"), y est très appréciée. Le collectif décide alors d'adapter ce qu’il estime être sa source d’inspiration fondamentale. Car les analogies entre le film faussement naïf et l’œuvre des Slovènes sont nombreuses ; à commencer par l’art de dépeindre l’autoritarisme sous des dehors pop. Dans ce remaniement, les arrangements orchestraux somptueux, en mode mineur, évoquent parfois Goldfrapp ou Samuel Barber mâtiné d’électronique kraftwerkienne ; vocoder et lignes de basses moog oblige. Le livret et ses illustrations détournant l’esthétique réalisme socialiste et l’iconographie montagnarde est à mourir de rire. Du grand Laibach en marche.

Fews
"Into Red"

"Into Red"
[PIAS]
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le lundi 25 mars 2019
ET ALORS | Classé dans le top 10 de l'année 2016 par votre serviteur, le premier album de Fews représentait l'exception de toute une scène post-post-post new-wave qui n'en finit plus de pondre des albums médiocres, à l'instar de Editors ou Interpol, pour citer les plus connus, qui courent en vain après leurs débuts, sans jamais parvenir à retrouver le génie qui les caractérisait alors. Le deuxième album de Fews remplit... presque, les promesses du premier ! Légère déception, mais difficile de dire si elle est liée à l'absence d'effet de surprise ou à la diminution du tempo de deux ou trois titres. C'était en effet là où le groupe était brillant : réussir des morceaux d'une noirceur extrême tout en jouant vite, en toute urgence, en toute tension, dans un registre proche des débuts de Bloc Party. Reste un bon album, idéal pour qui aime se noyer dans les ambiances sombres.
CONNEXE | Bloc Party "Silent Alarm"

Grabyourface
"Keep Me Closer"

"Keep Me Closer"
DATES | Sorti le 22 décembre 2018 | Publié le mercredi 13 mars 2019
POURQUOI | Covenant
ET ALORS | Les paroles de "Keep Me Closer", le premier album de Grabyourface sont, à l'instar du "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails, tellement personnelles que nous nous sentons voyeurs en découvrant ces chansons sur l’absence, l'incompréhension et la colère. "Confession" donne le ton dès le début d’un disque qui, sur fond d'électro minimaliste, alterne entre le français et l'anglais, entre le chant et le spoken-word. Grabyourface a cosigné un titre sur le dernier EP de Covenant, et lorsqu'on demande à Marie Lando de quelle façon cela s'est produit, elle nous avoue qu'Eskil Simonsson est fan et la soutient depuis ses débuts, à l’époque de "Philophobia", son premier album paru en 2017. Forte d’un tel parrainage, Marie nous offre un disque sur lequel elle se livre sans tabou et dont les toute dernières paroles "Keep your ennemies close" lui ont inspiré, avec l’arrogance et la malice de la vingtaine : "Keep Me Closer".

The Telescopes
"Exploding Head Syndrome"

"Exploding Head Syndrome"
DATES | Sorti le 1er février 2019 | Publié le mardi 5 mars 2019
ET ALORS | Depuis le mythique "Taste" en 1989, Stephen Lawrie mène sa barque tranquillement, fidèle au registre shoegaze/noise/space rock qui est sa marque de fabrique, et dont il est, il faut le dire, l'un des champions actuels. L'âge aidant, la musique s'est faite de plus en plus expérimentale et planante, sans toutefois délaisser une profonde noirceur, larsens et synthés entremêlés à l'infini, lancinants, répétitifs, cotonneux, sur fond de voix monocorde ensommeillée. "Exploding Head Syndrome", comme le précédent, est de cet acabit, et il est magistral. On n'écoute pas les Telescopes pour se distraire, mais pour se soigner : les vapeurs psychédéliques dégagées par cette musique ont ce don extraordinaire d'agir sur le cerveau aussi bien qu'une drogue : on s'y plonge avec délectation, et on en oublie tout le reste.

FTR
"Manners"

"Manners"
DATES | Sorti le 15 février 2019 | Publié le jeudi 28 février 2019
ET ALORS | Le made in France se porte merveilleusement bien. Pour preuve, la liste des jeunes formations basées dans notre pays capables de sortir des productions impeccables s'allonge un peu plus chaque mois (Divine Shade, Hante.), certains allant jusqu'à signer pour la diffusion hors de nos frontières. Les Parisiens FTR (ex-Future) rassemblent dans leurs compositions passion, énergie, talent et de belles références bien assimilées. C'est au meilleur de The Jesus and Mary Chain façon DIY ou à A Place to Bury Strangers que l'on pense dès les premières mesures de "Manners", avec cependant un grain personnel, une sorte de mur du son construit autour d’une boîte à rythmes infatigable, une basse énorme qui ne s’arrête jamais et des guitares qui hurlent. La voix se veut rassurante dans cette masse cold-pop-rock-noisy sans concession qui trace en ligne droite son propre chemin quitte à pulvériser tous les obstacles.

Fawns of Love
"Permanent"

"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.

Acretongue
"Ghost Nocturne"

"Ghost Nocturne"
DATES | Sorti le 1 février 2019 | Publié le mercredi 20 février 2019
ET ALORS | Acretongue a une fois encore apporté un soin prodigieux à la pochette de son nouveau disque de dark électro soft et mélodieuse, son troisième album en douze ans. C’est d’ailleurs une constante depuis les débuts de ce projet démarré en 2007 et porté par un seul homme, le Sud-Africain Nico Janse. Si l’imagerie doit suggérer la délicatesse toute personnelle de ces compositions, la patience vient compléter la liste des qualités requises pour apprécier ces titres, puisque huit années séparent ce disque de son prédécesseur "Strange Cargo". Tout est sous contrôle, depuis le phrasé sans débordement jusqu’au sound design excessivement minutieux, lesquels confèrent à la musique une séduisante régularité, une finesse maîtrisée au coeur même de l’écriture. Et tant pis s’il faudra attendre huit années supplémentaires pour la suite, "Ghost Nocturne" n'a pas fini de livrer tous ses secrets.
CONNEXE | Dark Électro

Black Tape For A Blue Girl
"To Touch the Milky Way"

"To Touch the Milky Way"
[Projekt]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 26 octobre 2018 | Publié le jeudi 10 janvier 2019
POURQUOI | Black Tape For A Blue Girl
ET ALORS | Passé l'effet de surprise face à cette pochette que l'on a du mal à relier à la voie lactée de son titre, le douzième album de Black Tape for a Blue Girl ravit par la chaleur de ses ambiances mélancoliques et electro-acoustiques. On retrouve cette légère brume sonore, ce voile immatériel caractéristique que Sam Rosenthal cultive à l'aide de son harmonium, notamment sur les deux premiers titres. Le disque nous renvoie à la période glorieuse de l'Heavenly Voices des 90's et prolonge la magie d'une musique que l'on pensait avoir perdu de vue ces dernières années. L'album fait alterner chant féminin et masculin, avec douceur et retenue, et forme avec son prédécesseur "These Fleeting Moments" (2016) le vrai retour que nous attendions.

ASC
"The Outer Limits"

"The Outer Limits"
DATES | Sorti le 30 novembre 2018 | Publié le mardi 8 janvier 2019
ET ALORS | James Clements, qui officie derrière ASC et qui produit des titres au kilomètre -il s'agit ici de son sixième disque cette année-, a clairement la tête dans les étoiles et nous y entraîne sans retenue à travers la plupart de ses disques composés à San Diego où il réside depuis des années. D'apparence tranquille, "The Outer Limits" ne propose pas de course jusqu'aux confins de notre système solaire, mais révèle des changements de rythmes au coeur même des quatre longs titres qui le composent. Nourri à la fois à l'ambient scintillante et à la soft techno, le mélange inédit fonctionne parfaitement sous la forme d'une electronica tout aussi puissante que rêveuse : quel son, quelle profondeur, quelle largeur de spectre !

FILTRES | AC
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