& les Chroniques
Express
Riki
"Riki"

"Riki"
DATES | Sorti le 14 février 2020 | Publié le mercredi 25 mars 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On se plaint souvent lorsqu'un artiste donne trop d'indices sur ses intentions, les distillant à l’envi à travers son look, le graphisme, ou encore les titres de ses chansons. Mais l'on déplore tout autant lorsqu'ils n'en donne aucun. Avec Riki, c'est encore autre chose ! Si les indices sont bien présents, en masse même, avec une photo de l'artiste sur la pochette qui exhibe un look androgyne entre Alphaville, Bonnie Tyler, Valor et Adam Ant, des sonorités électroniques qui semblent la majeure partie du temps émaner d'un "orgue" Bontempi, des mélodies qui parfois nous rappellent le hit des années 80 "Popcorn", un chant parfois en allemand qui nous renvoie à "Da Da Da" ou "Der Kommissar", des lignes de synthés sorties tout droit d'un tube de Kajagoogoo… on reste malgré tout incapable de savoir ce à quoi l'on a exactement affaire. Parce que ce disque est au final beaucoup moins vintage qu'il en a l'air, plus sombre, plus mélancolique et bien moins superficiel que tous les repères auxquels il fait référence, parce que derrière cette italo-disco et ce faux rétro-futurisme se dévoilent les fantômes de Siouxsie, parce que si les apparences sont souvent trompeuses elles sont ici carrément labyrinthiques.

Bestial Mouths
"Inshroudss"

"Inshroudss"
DATES | Sorti le 1 novembre 2019 | Publié le lundi 20 janvier 2020
ET ALORS | Tribale, animale, brute, voilà l’atmosphère qui caractérise la musique de Bestial Mouths. Une ambiance qui enveloppe, happe, et étreint, comme le ferait un animal en apparence paisible… mais qui vous sauterait à la gorge à la première occasion. Le nom de la formation, originaire de Berlin, n’y est évidemment pas pour rien, la pochette n’est pas en reste non plus pour expliquer le sentiment que procure l’écoute de cet EP. On pense aux premiers Siouxsie, à Virgin Prunes, à Diamanda Galás, parce que les compositions sont à la fois riches et crues, et que la formation, menée par la voix de Lynette Cerezo, est comme animée de quelque chose de viscéral, qui nous inonde et nous entraîne dans ses méandres. Mais ici l’on est bien en 2020 et ce sont des sonorités plus électroniques, robustes, subtilement construites, qui servent de trame à ces cinq titres. Si le groupe a déjà trois albums et une poignée de singles à son actif, c’est avec “Inshroudss” que l’on vient de le découvrir et rattraper notre retard avec sa discographie initiée en 2010 est une expérience fascinante.

Numb
"Mortal Geometry"

"Mortal Geometry"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le jeudi 19 décembre 2019
ET ALORS | A vrai dire, nous n’y avons pas cru tout de suite : le retour annoncé de Numb après vingt ans d’absence -soit ni plus ni moins qu’une génération- nous semblait tellement improbable car nous savions Don Gordon parti s’installer au Vietnam au début des années 2000 pour ce qui ressemblait à un nouveau départ en famille. Improbable mais pas impossible, donc, puisqu’un premier extrait, "Redact", rapidement dévoilé au début de l’été a transformé la surprise en impatience. Et les premières impressions se sont vite confirmées : par chance, "Mortal Geometry" ne reprend pas les affaires où elles s’étaient brusquement arrêtées en 1998, le groupe ayant profité de cet exil pour se débarrasser de la composante technoïde mal à propos de "Blood Meridian". Moins chargées et plus lisibles, ces nouvelles compositions renouent avec une façon de procéder proche de celle des débuts : en ligne droite sans dispersion, mais avec la technologie du vingt-et-unième siècle en plus. Et tradition oblige, les morceaux les plus expérimentaux tels que "Mortal Geometry" et "Shadow Play" sont conservés pour la fin. Quel retour !

Pleasure Symbols
"Closer and Closer Apart"

"Closer and Closer Apart"
DATES | Sorti 24 mai 2019 | Publié le lundi 16 décembre 2019
ET ALORS | Une guitare que la réverb bien maîtrisée fait sonner comme une harpe, une basse bien plantée, et un chant féminin froid et lancinant qui flotte au-dessus de l’ensemble en nous racontant de troublantes histoires. Une étrangeté qui en piochant à la fois dans le shoegaze, la cold wave et le post-punk parvient à créer des ambiances sommes toutes plutôt originales et surtout assez plaisantes. La formation, originaire de Brisbane, a signé pour son premier album sur le label italien Avant! Records et réussi avec "Closer and Closer Apart" un très bel exercice, inventif et soigné. qui bien que reprenant des éléments "classiques" des genres sus-cités réussit à créer quelque chose d’assez inédit et de particulièrement esthétique.

Hiro Kone
"A Fossil Begins To Bray"

"A Fossil Begins To Bray"
[Dais]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mercredi 11 décembre 2019
ET ALORS | Sur son troisième album, Nicky Mao aka Hiro Kone nous force à la concentration et nous invite à une démonstration de sa maîtrise des séquences rythmiques complexes au cœur de structures électroniques soignées. Coiffez un casque, fermez les yeux et laissez ces morceaux vous envahir tant ils semblent provenir de l’intérieur, s’appliquant à traduire à merveille le prolongement d’une observation, d’une angoisse, d’un doute, d’une décharge d’adrénaline. Impossible de se laisser distraire de cette profusion de sons d’un bout à l’autre du disque, l’Américaine nous offrant un habillage sonore de premier choix, d'une ingéniosité et d’une richesse rares. Il s’agit là d'une besogne digne de celle d’une colonie de fourmis digitales, allant et venant selon les aspérités d'un terrain cabossé par des rythmes façon coup de poing, et qui permettent à "A Fossil Begins To Bray" de se démarquer instantanément d'une production IDM trop souvent anesthésiée.

Mimetic
"RVSTD1:1998-2019"

"RVSTD1:1998-2019"
DATES | Sorti le 27 juin 2019 | Publié le lundi 15 juillet 2019
ET ALORS | Personne ne sait faire groover un rythme électronique aussi subtilement que Jérôme Soudan. Et cela fait déjà 21 ans que l'ancien batteur de Von Magnet et d’Art Zoyd le fait magistralement sur chaque album ou maxi de son projet solo dont le nom change à chaque fois, sous presque autant d'incarnations que de disques et d'années d'activité : Mimetic Desire, Mimetic Fake, Mimetic Data, Mimetic Field et bien d'autres. 21 années que retrace cette anthologie en 21 titres et autant de leçons de beats précis et cependant suffisamment amples pour les laisser respirer et y intercaler des motifs secondaires inventifs. Il n'y a qu'à écouter "My Language" pour se faire une idée.
Non, vraiment personne ne sait faire groover un rythme électronique avec autant de finesse que Jérôme Soudan, et l'on souhaite que cela dure encore longtemps, au moins jusqu'à la sortie d'un "RVSTD2:2019-20XX".

Replicant
"A Taste of Midnight"

"A Taste of Midnight"
DATES | Sorti le 10 mai 2019 | Publié le jeudi 20 juin 2019
ET ALORS | On dit souvent que la synthwave (celle qui tâche, héritée de John Carpenter, avec ses gros synthés et ses grosses guitares) est le cimetière des métalleux et des gens de mauvais goût. Ce n'est pas totalement faux. Mais ici, derrière ces ambiances excessivement dark, la voix de Garrett Vernon fait la différence. Elle rappelle celle de Sixth Comm et donne à ces neuf titres, regroupement de deux EP une profondeur et une noirceur assez fascinantes. "The Reckoning" et "The Resistance" sont respectivement parus en 2017 et 2018 et se présentent comme "la bande-son de notre dystopie moderne" et se veulent éminemment politiques pour une formation originaire de Chicago et obsédée par "le démagogue maniaque à la tête du gouvernement fédéral américain" : Donald Trump.

Metatron Omega
"Evangelikon"

"Evangelikon"
DATES | Sorti le 9 avril 2019 | Publié le mardi 18 juin 2019
ET ALORS | "Evangelikon" est le déjà quatrième album du projet serbe de dark ambient absolue Metatron Omega venu de Belgrade. Les sept longues plages qui le composent nous chuchotent les instructions secrètes à suivre pour descendre lentement au plus profond des entrailles de la croûte terrestre, où les râles d'outre-tombe se mêlent aux mouvements telluriques et mécaniques de quelques rituels sacrificiels anciens. Une cloche carillonne au loin dans la brume, on y devine des chants grégoriens entonnés au coeur de cavernes abandonnées, on visualise mentalement une procession de fidèles encapuchonnés scander des incantations mystiques dans une cathédrale souterraine à la gloire du Dieu païen Kosmokrator, où des mélopées indistinctes et inquiétantes guident leurs pas vers l'eschaton, la fin de toute chose. C'est ténébreux, c'est flippant, c'est magnifique, et on en redemande.

Blankenberge
"More"

"More"
DATES | Sorti le 10 avril 2019 | Publié le mercredi 12 juin 2019
ET ALORS | C’est une invasion venue de Russie, de Saint Petersbourg en particulier, qui inonde ces derniers temps les mondes du post-rock, du shoegaze et de la dream pop ; prenons Show Me a Dinosaur, Pinkshinyultrablast ou Blankenberge pour en citer que trois. Et si l'on a envie de s'attarder aujourd'hui sur Blankenberge, c'est parce que le groupe a su digérer, assimiler et transformer des influences qui nous ont accompagnés toute notre vie, de Slowdive à Pale Saints en passant par The Jesus & Mary Chain et une infinité d'autres. Mieux, ils sont su combiner toutes ces influences dans chacune de leurs compositions afin de redonner à ce son bourdonnant un vrai coup de fraîcheur, une énergie et une passion revigorante, et, caché derrière un mur de guitares, sensibilité et fragilité. Quant à savoir pourquoi ils ont choisi le nom d’une ville côtière belge, c’est une autre histoire.

Glaring
"L'enfer c'est les autres"

"L'enfer c'est les autres"
DATES | Sorti le 12 février 2019 | Publié le mercredi 20 mars 2019
ET ALORS | Que d'esprits dans cet étrange disque. Tout d'abord celui d'Anna Nin et sa voix fantômatique qui plane au-dessus de la majeure partie des titres, évanescente, éthérée, son souffle habille avec subtilité ces compositions sombres, tout en synthés et en basses. On est immédiatement happés par cette ambiance en apparence lourde mais pourtant assez raffinée, sorte d'apnée délicieuse où l'air manque mais la proximité de l'étourdissement est attirante. Avec "Drifting Away", les fantômes sont ceux de The Cure avec ces percussions qui rappellent "Carnage Visors". D'ailleurs ici tout est gris, ce gris que l'on connait si bien et qui à amené Anna à reprendre Sartre pour le titre de ce deuxième album de son projet qu'elle mène en solo, illustrant ainsi son état lors de l'écriture du disque "Pretty hopeless, disappointed, alone…". Si son mal-être fait autant notre plaisir, on ne peut que lui souhaiter le pire.










