& les Chroniques
Express
Anatoly Grindberg & Mark Spybey
"123 m"
DATES | Sorti le 27 mai 2019 | Publié le vendredi 13 décembre 2019
POURQUOI | Ant-Zen | Mark Spybey
ET ALORS | "123 m" (pour 123 mètres) est le disque d’une rencontre : celle du Russe Anatoly Grindberg (Tokee) et de l’Anglais Mark Spybey (Dead Voices On Air) le temps d’un voyage aux confins de la dark ambient, à la lisière de l’expérimental, de l’industriel et de la bande originale de film. Mélange subtil de field recording et de sons triturés pas toujours identifiés, l’ensemble se tient parfaitement et demande une attention toute particulière de la part de l’auditeur s’il veut s’immerger dans un monde fait de cris et de chuchotements, de rayons de lumière pâle et d’errances dans des terrains vagues. Ne venez pas y chercher des ritournelles à fredonner, ici c’est tout un univers parallèle qui vous est offert, parfois terrifiant et souvent très beau, comme la réalisation sonore d’un roman de Clive Barker. D’ailleurs il pourrait s’agir d'être plongé dans l’"Imajica" avec ses métamorphoses constantes et ses multiples allers et retours d’un monde à l’autre, que l’on s'y croirait pour de bon.
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14/20
Moaan Exis
"Postmodern Therapy"
DATES | Sorti le 25 juin 2019 | Publié le mardi 24 septembre 2019
ET ALORS | Annoncé en mai par l’hallucinante vidéo du titre "Witness" qui ouvre de manière inquiétante "Postmodern Therapy", le second album de Moaan Exis s’impose comme une véritable machine de guerre de techno industrielle et rituelle. C’est d’ailleurs le visage peinturluré de rouge pour l’un et de noir pour le second que Xavier Guionie et Mathieu Caudron délivrent ensemble une musique musclée, truffée de trouvailles sonores astucieuses et de parties rythmiques boostées que les deux Français ont d’ailleurs baptisées "drum battles" lors de leurs lives. Au travers de son imagerie tribale, l’entité Moaan Exis cultive les mystères qu’un tel nom évoque, mais qu’elle sait cependant partager le temps d’un titre avec Caitlin Stokes du groupe Corlyx, digne d’être initiée. La mixité du chant rappelle d’ailleurs KMFDM, eux aussi habitués des albums lancés à cent à l’heure. Reste que "Postmodern Therapy" propose derrière une imagerie unique le son d’un nouveau monde sauvage, mi-humain et mi-animal, où ça hurle dans le micro et ça tambourine sur les fûts pour un résultat électro tribal et bestial.
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13
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14/20
Statiqbloom
"Asphyxia"
DATES | Sorti le 7 juin 2019 | Publié le mardi 17 septembre 2019
ET ALORS | L'adage populaire assure que l'on ne choisit ni sa famille ni ses parents, mais dès lors qu'il s'agit d’appartenir à une scène musicale, c'est une tout autre histoire. Il y a bien entendu des filiations plus évidentes que d'autres, et dans le cas présent, les membres de Statiqbloom ont clairement choisi de se positionner en tant qu'enfants légitimes du Skinny Puppy de la seconde moitié des 80s… qui auraient passé leurs vacances chez Synapscape. Sur leur second album de dark électro à l'ancienne (garanti sans aucun son préprogrammé), les compositions raclent le plancher et accrochent le plafond pour un résultat véritablement organique, jusqu’à sa pochette servie par un serpent albinos rampant sur le logo du groupe réalisé en bois. Le duo de Brooklyn y démontre un savoir-faire que l'on ne peut que respecter, tout en dépoussiérant du même coup "Vivisect VI" et "Cleanse Fold and Manipulate" que l'on avait un peu dédaignés ces dernières années. Fort heureusement, "Asphyxia" est venu remettre de l'ordre dans nos priorités.
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14.5
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14/20
Supersimmetria
"Abiogenesis"
DATES | Sorti le 26 avril 2019 | Publié le jeudi 8 août 2019
POURQUOI | Hands | Pochette
ET ALORS | En cinq albums, dont les trois derniers pour le compte du label Hands, Armando Alibrandi continue de parfaire son électro mystique quelque part entre Zero Degree et Kangding Ray, dans un registre d’ambient industrielle cadencée sur des rythmes techno paisibles. Inspiré entre autres par la physique et le mystère qui entoure la naissance des étoiles, le musicien nous livre cette fois sa réflexion sur la création de la vie à partir de matière inerte : l'abiogenèse. Et se pose du même coup en docteur Frankenstein mettant au monde une electronica suturée et bouillonnante. Et c’est peut-être là sa propre définition de l'abiogenèse : permettre à des machines de libérer l'esprit humain, d'y provoquer des émotions et d'y faire naître des images mentales au moyen de couches sonores brodées autour de rythmiques mécaniques et binaires.
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14
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14/20
Esya
"Absurdity of ATCG (I)"
DATES | Sorti le 24 mai 2019 | Publié le jeudi 1 août 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Titre
ET ALORS | Une voix écorchée, et des effets qui la transforment en un cri étouffé qui hante ces mélodies lancinantes et entêtantes. Les premières secondes de "Absurdity of Atcg" d'Esya, le projet de Ayşe Hassan, bassiste de Savages, sont tout simplement hypnotisantes. Le premier titre, "Everything", dure plus de 8 minutes et Esya y répète à l’envi "Here we are, lost and found". Ce que nous sommes, perdus, après avoir pénétré dans cet univers déformé aux guitares dissonantes. On est tout simplement happé, aspiré par ces mélodies hypnotiques. Suit "Nothing" et ces lancinants "Did you hide, did you die", comme autant d’interrogations qui nous éloignent de tous repères connus. On pense à Sonic Youth pour la dissonance et les guitares, à PJ Harvey pour ce chant brut, presqu'érotique, ou à Nine Inch Nails pour la noirceur et la rudesse de l'ensemble. Mais toute cette matière est en fait bien plus complexe, totalement addictive.
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14/20
Anna Öberg
"Vafan Har Jag Gjort!"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 10 juillet 2019
ET ALORS | Expérimental, purement électronique et un peu barré, de surcroît chanté en suédois (hormis le titre "Ich Bin" dont on n'aura pas besoin de préciser la langue), le second album d'Anna Öberg est un ovni frais et absolument indispensable. Pas étonnant que l’on pense aux sons bruts des synthés du début des 80s, ceux d'OMD et de Depeche Mode, que l'on y navigue entre références et clins d'oeil ("Unveiling The Secret" de Psyche), puisque les titres ont été réalisées avec les machines de l’époque que l’artiste collectionne. Cependant très lyrique, cette collection de chansons d'experimental-pop enchaîne des refrains accrocheurs qui, parce que nous ne pouvons pas les comprendre, rajoutent une dimension mystérieuse à l'ensemble. "Vafan Har Jag Gjort!" est une merveille à ne manquer sous aucun prétexte qu'il faut absolument emporter en vacances cet été.
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15
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14/20
Bombardier & Zeller
"Conditions of an Inhumane World"
DATES | Sorti le 22 mars 2019 | Publié le lundi 6 mai 2019
POURQUOI | Audiotrauma | Zeller
ET ALORS | Le Français Zeller s'associe à l'Américain Bombardier le temps d'un EP quatre titres à la justesse millimétrée et qui fourmille de détails et de surprises sonores en double croches. L'un (Zeller) est un habitué des compositions qui clignotent comme l'intérieur du cockpit d'un avion de ligne, l'autre (Bombardier) aussi, lequel multiplie les projets (5th of July, Useless Generation) et s'est récemment essayé à l'ambient avec son dernier né, The Space Where She Was pour le compte d'Ant-Zen. Ensemble, ils nous délivrent un EP rusé et diablement efficace, proposant tour à tour des déflagrations électroniques et des danses sensuelles de câbles, le tout en apnée sous les profondeurs d’un sound design de premier choix, complexe et subtil. On espère un album plus long après cet excellent coup d’essai.
CONNEXE | Électro Indus | IDM | Break
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14/20
Thighpaulsandra
"Practical Electronics with Thighpaulsandra"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mercredi 27 mars 2019
POURQUOI | Thighpaulsandra | Coil
ET ALORS | Oreilles sensibles s'abstenir : Timothy Lewis, aka Thighpaulsandra, nous offre un huitième disque où la norme est l'absence même de repères. Ancien membre de Coil, l’Anglais nous livre les résultats non censurés de ses travaux et de ses expériences secrètes, présentés dans une pochette à l'humour typiquement britannique. Les changements inattendus au coeur même de ces quatre longs titres en perpétuelle mutation (entre neuf et treize minutes chacun) rappellent bien entendu les expérimentations sonores du Coil du début des années 2000. Une partie composée par Paul, une autre par Sandra, chaque morceau schizophrène se rapproche des récents albums solo d'Edward Ka-Spel, avec des clins d'œil aux banques de sons de Nitzer Ebb. Pour les plus courageux ainsi que pour les fans de Coil, la conférence sonore ici offerte vaut vraiment la peine d'être suivie.
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14/20
Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.
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Acretongue
"Ghost Nocturne"
DATES | Sorti le 1 février 2019 | Publié le mercredi 20 février 2019
POURQUOI | Acretongue | Pochette
ET ALORS | Acretongue a une fois encore apporté un soin prodigieux à la pochette de son nouveau disque de dark électro soft et mélodieuse, son troisième album en douze ans. C’est d’ailleurs une constante depuis les débuts de ce projet démarré en 2007 et porté par un seul homme, le Sud-Africain Nico Janse. Si l’imagerie doit suggérer la délicatesse toute personnelle de ces compositions, la patience vient compléter la liste des qualités requises pour apprécier ces titres, puisque huit années séparent ce disque de son prédécesseur "Strange Cargo". Tout est sous contrôle, depuis le phrasé sans débordement jusqu’au sound design excessivement minutieux, lesquels confèrent à la musique une séduisante régularité, une finesse maîtrisée au coeur même de l’écriture. Et tant pis s’il faudra attendre huit années supplémentaires pour la suite, "Ghost Nocturne" n'a pas fini de livrer tous ses secrets.
CONNEXE | Dark Électro
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