& les Chroniques
Express
Ubikande
"Artefact"

"Artefact"
DATES | Sorti le 30 avril 2019 | Publié le lundi 23 décembre 2019
ET ALORS | Lorsqu’on découvre pour la première fois la voix de Cassandre Azama-Buxton, c’est à celle de Tanit que l’on pense. Immédiatement. Lyrique, grave, ciselée, décidée et maîtrisée ; une voix que l’on sait d’entrée importante et qui ne nous lâchera pas jusqu’à l’issue de l’écoute du premier album de Ubikande. Quant à l’environnement qui l’accompagne, il semble être tout aussi sûr de lui. Comment ne pas l’être pour concevoir des compositions aussi intenses, sorte de cold wave noisy qui mêle à la fois le malaise et la tension des Cranes, la noirceur des Cure et une énergie qui flirte avec l’industriel. On pense à The Young Gods ou à Killing Joke avec ces guitares dont émane une tension par moment quasi cathartique et ses mélodies hypnotiques. Mais l’objet, aux contours en constante transformation ne cesse de surprendre à chaque nouvelle écoute et rend rapidement bien futile cette recherche de références. Parce que si Ubikande a certainement les mêmes que les nôtres, la formation, originaire de Tours, a avec cet "Artefact" qui porte parfaitement son nom, créé quelque chose d’envoûtant.

Undertheskin
"NEGATIVE"

"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.

Nuovo Testamento
"Exposure"

"Exposure"
DATES | Sorti le 7 mars 2019 | Publié le vendredi 9 août 2019
ET ALORS | Parfois on s’emballe. Souvent on doute. Lorsque tout est trop évident, quand il ne suffit que de quelques secondes pour déceler les références et l’inspiration flagrantes, quand les intentions sont dévoilées dès les premières notes, quand chaque instrument rappelle celui d’un autre. C’est soit que l’artiste n’est pas très malin, soit qu’il est intrépide. Nuovo Testamento doit faire partie de cette deuxième catégorie. Car on adore, immédiatement. Cette voix féminine assurée, celle de Chelsey Crowley, californienne d’origine, et l'armada italienne qui la soutient : une rythmique tranquillement orientée dancefloor, une basse et une guitare que le fils de Simon Gallup ne renierait pas, et surtout des synthés, des nappes qui devraient rendre folle de jalousie toute la scène goth de ces 30 dernières années.
Parfois on s’emballe, parfois on s’enflamme. Souvent on excuse tout.

Esya
"Absurdity of ATCG (I)"

"Absurdity of ATCG (I)"
DATES | Sorti le 24 mai 2019 | Publié le jeudi 1 août 2019
ET ALORS | Une voix écorchée, et des effets qui la transforment en un cri étouffé qui hante ces mélodies lancinantes et entêtantes. Les premières secondes de "Absurdity of Atcg" d'Esya, le projet de Ayşe Hassan, bassiste de Savages, sont tout simplement hypnotisantes. Le premier titre, "Everything", dure plus de 8 minutes et Esya y répète à l’envi "Here we are, lost and found". Ce que nous sommes, perdus, après avoir pénétré dans cet univers déformé aux guitares dissonantes. On est tout simplement happé, aspiré par ces mélodies hypnotiques. Suit "Nothing" et ces lancinants "Did you hide, did you die", comme autant d’interrogations qui nous éloignent de tous repères connus. On pense à Sonic Youth pour la dissonance et les guitares, à PJ Harvey pour ce chant brut, presqu'érotique, ou à Nine Inch Nails pour la noirceur et la rudesse de l'ensemble. Mais toute cette matière est en fait bien plus complexe, totalement addictive.

Elz and the Cult
"Psychrodrama"

"Psychrodrama"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mardi 30 juillet 2019
ET ALORS | Il va falloir arrêter de s’étonner de l’origine géographique d’un artiste ; on voit chaque semaine se dévoiler de toutes les régions du monde de nouveaux talents, plus ou moins originaux, mais toujours passionnés. Elz and the Cult est un trio originaire d’Istanbul et offre avec son second album "Psychodrama" un disque étonnant parce que particulièrement riche et intense. Une rythmique assez robuste, des synthés omniprésents, un chant addictif, parfois en turc, assez vindicatif et souvent touchant, l’ensemble offre une multitude de repères entre new wave, dark wave, électronique et post punk, et sème le trouble en nous balançant sans manière entre le "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails et des ambiances plus proches de Human League. Et ça, paradoxalement, d’une façon particulièrement homogène. Un condensé de très belles choses qui fait preuve d’une maturité étonnante.

Replicant
"A Taste of Midnight"

"A Taste of Midnight"
DATES | Sorti le 10 mai 2019 | Publié le jeudi 20 juin 2019
ET ALORS | On dit souvent que la synthwave (celle qui tâche, héritée de John Carpenter, avec ses gros synthés et ses grosses guitares) est le cimetière des métalleux et des gens de mauvais goût. Ce n'est pas totalement faux. Mais ici, derrière ces ambiances excessivement dark, la voix de Garrett Vernon fait la différence. Elle rappelle celle de Sixth Comm et donne à ces neuf titres, regroupement de deux EP une profondeur et une noirceur assez fascinantes. "The Reckoning" et "The Resistance" sont respectivement parus en 2017 et 2018 et se présentent comme "la bande-son de notre dystopie moderne" et se veulent éminemment politiques pour une formation originaire de Chicago et obsédée par "le démagogue maniaque à la tête du gouvernement fédéral américain" : Donald Trump.

Data Fragments
"Data Fragments"

"Data Fragments"
DATES | sorti le 17 mars 2019 | Publié le mardi 7 mai 2019
ET ALORS | Il suffit d’un son, d’un effet, d’une mélodie ou simplement d’une ambiance, et l’on se retrouve immédiatement renvoyé aux compositions de The Cure. Est-ce une malédiction qui empêcherait toute jeune formation d’obédience new-wave a s’imposer, comme si le groupe de Robert Smith était omniscient, ou bien sont-ce nos oreilles qui manquent de discernement ? Vous l’avez compris, Data Fragments baigne dans ces ambiances new-wave que l’on rattache souvent aux premiers Cure, mais qui rappellent aussi Little Nemo, Sad Lovers ou des formations plus récentes comme celles que l’on chronique ici. Et ce que ces artistes ont en commun est avant tout le goût de la mélancolie. On pourrait tenter d’estimer l’intérêt qu’il y a à ressasser à l’infini les mêmes sons sans les avoir vraiment digérés, on préférera prendre un sain plaisir à écouter cet album plutôt malin et franchement bien foutu. Cure, toujours…

Isolated Youth
"Warfare"

"Warfare"
DATES | Sorti le 2 février 2019 | Publié le jeudi 7 mars 2019
ET ALORS | La formation est suédoise et c'est sur un label grec qu'elle publie son premier EP. Un grand écart géographique qui justifie peut-être l’étrangeté du disque. À moins que ce ne soit le contraire… Les hostilités démarrent avec la rythmique tribale de "Oath" et son chant presque chamanique. L’ambiance est posée, Isolated Youth est loin des repères normés et de la facilité auxquels le genre nous habitue ces derniers temps. Le titre "Warfare" offre une voix plus androgyne qui rappelle celui de Dolores O'Riordan ou d’un Brian Molko des premières heures, porté par une basse exemplaire, l’ambiance est plus instable. Avec "Safety" on sait que l'on est en présence de quelque chose de fascinant, avant que "Gold Lane" plus lancinant, torturé et addictif, confirme nos impressions. Le disque s’achève avec un endiablé "Seasons" (dont l’intro rappelle "Love Will Tear Us Apart"). Trop court, mais délicieux.

Lorelle Meets the Obsolete
"De Facto"

"De Facto"
DATES | Sorti le 11 janvier 2019 | Publié le jeudi 14 février 2019
ET ALORS | Estampillé psyché shoegaze, le "De Facto" de Lorelle Meets the Obsolete est avant tout une étrangeté, particulièrement bien construite et surtout savamment variée, puisant d’une façon brillante dans des sonorités qu'on imaginait a priori plus familières au Royaume-Uni qu’au Mexique dont est originaire le groupe. Si des brumes shoegaze planent bien sur certains morceaux, l’ambiance est parfois franchement no wave ("Ana"), empreinte de l’ombre de Cure (les guitares de "Líneas En Hojas" ou la batterie d’"Acción – Vaciar"), la voix hypnotique peut rappeller celle de Julie Cruise et les 9 minutes de "Unificado" renvoient quant à elles à un post rock noise halluciné… Autant de repères qui sèment le trouble au lieu de nous rassurer mais qui font tout l'intérêt de ces compositions. Intrigantes, elles sortent des sentiers battus et donnent au groupe une personnalité hors-normes.

Warsaw
"Wires"

"Wires"
DATES | Sorti le 2 février 2018 | Publié le mercredi 6 février 2019
ET ALORS | Avant tout il y a un nom. Pas n’importe lequel. Puis une pochette. Ensuite, les choses sérieuses peuvent démarrer : des synthés, une guitare délicate, une basse (qui rendrait jalouse Patricia Morrisson), une voix masculine, puis féminine, de belles mélodies. Tout est réuni d’une façon trop évidente pour que l’on se laisse piéger, mais le groupe est malin, les morceaux s’enchaînent intelligemment, les voix s’imbriquent, dévoilant une new wave aux embruns gothiques, incroyablement soignée, presque précieuse : on ne peut que tomber sous le charme de ces 6 titres dont l’étonnante reprise de "Cold" de The Cure. Quant au nom, il suffit de leur demander, les quatre Californiens l’ont choisi la nuit de l’élection de Trump, rêvant de résistance et évoquant l’insurrection de Varsovie. Le groupe est né ce soir-là. Avec ce nom, ce Warsaw que Joy Division avait décidé de ne pas être.










