& les Chroniques
Express
The Foreign Resort
"Outnumbered"

"Outnumbered"
DATES | Sorti le 5 avril 2019 | Publié le vendredi 14 juin 2019
ET ALORS | Il y a des disques qui ne laissent que peu de repos pour souffler entre les chansons. C’est le cas de cet "Outnumbered" lancé à deux cents à l’heure qui s’impose d’emblée comme une référence du genre auquel il appartient. Il y a quelques cinq années, le label Artoffact avait réussi à imposer le parfait crossover entre rock et électronique grâce à l’album "Fearless" des Islandais de Legend, et voici qu’il remet ça avec la new wave volontairement rugueuse de The Foreign Resort. Avec la voix très pêchue de son chanteur Mikkel Borbjerg Jacobsen, sa basse grosse comme ça, ses sons de synthés que New Order auraient certainement aimé posséder à l'époque de "Movement", et ses guitares tour à tour tranchantes et hurlantes comme des bêtes enragées, le disque est d’une puissance et une telle réussite que vous ne pouvez pas vous permettre de passer à côté ce printemps.

Minuit Machine
"Infrarouge"

"Infrarouge"
DATES | Sorti le 16 mai 2019 | Publié le jeudi 13 juin 2019
POURQUOI | Hante.
ET ALORS | Une voix un brin arrogante, des sonorités 80's un peu faciles (synthés, boîte à rythme), des mélodies paresseuses, le nouvel album de Minuit Machine avait de premier abord tout pour nous décourager. Mais l’arrogance et l'apparente nonchalance se révèlent rapidement être la force de ces compositions, voire la clef de voûte de ce disque au final assez fascinant. On se prend très vite à adorer ce phrasé désinvolte et ces mélodies au final plutôt vicieuses, renforcées par des textes intrigants. Hélène de Thoury, dont on a déjà parlé ici pour son projet Hante., et Amandine Stioui ont du chien et elles offrent avec leur troisième album, incontestablement le plus réussi, un disque terriblement attachant au croisement de la synthpop et de la new wave, à la fois subtilement mélancolique et parfaitement calibré pour le dance floor.

Manon Meurt
"MMXVIII"

"MMXVIII"
DATES | Sorti le 12 octobre 2018 | Publié le mercredi 10 avril 2019
ET ALORS | Qu’est-ce qui a pu pousser un groupe formé en République Tchèque à choisir de s’appeler Manon Meurt ? Nous avons préféré ne pas lever le mystère qui participe à la gravité et à la solennité de ces compositions qui nous renvoient aux Sundays, My Bloody Valentine et Slowdive, et au chant fragile et plus contemporain de Daughter. Ces chansons, d’une beauté et d'une clarté apaisantes, trouvent le juste équilibre entre une voix féminine gracieuce et des guitares qui hurlent comme des sirènes, empruntant tout aussi bien au post-rock qu'au shoegaze. Un chant que le poids des mots semble oppresser, jusqu'à ce que le souffle de cette voix unique les oblige à s'envoler lentement au rythme d'une batterie qui, patiente, frappe à l'économie, à l'instar de celle des Red House Painters. Le disque est à peine terminé que l’on sait au fond qu'il nous accompagnera sans l'ombre d'un doute encore longtemps.

M.Bryo & D.M.T.
"Things I Was Due to Forget"

"Things I Was Due to Forget"
DATES | Sorti en décembre 2018 | Publié le lundi 8 avril 2019
ET ALORS | Le Belge Mark Burghgraeve a formé le projet projet électro-cold expérimental M.Bryo & D.M.T. à la fin des années 1970 avec quelques camarades étudiants. Entre 1982 et 1984, il écume les clubs et autres centres culturels, et fonde dans le même temps le fameux Klinik avec Marc Verhaeghen ! Le label lillois Nuit et Brouillard a eu la merveilleuse idée de compiler des morceaux apparus depuis 1979. Tour à tour ludiques, sautillantes, glaciales ou sombrement mystérieuses, ces diverses ritournelles au son analogique si ensorcelant, instrumentales ou non, sont certes d’une naïve simplicité, mais souvent dotées d’une grâce absolue. Les titres chantés, de manière nonchalante ou enjouée, sont des must pour qui écoute toujours Ptôse, Nihiltronix, Das Kabinette ou bien sûr Klinik et Somnambulist. Enfin, ils combleront tous les amateurs de minimal wave et autres fans du label Wierd Records.

Be Forest
"Knocturne"

"Knocturne"
DATES | Sorti le 8 février 2019 | Publié le lundi 1 avril 2019
ET ALORS | Vous souvenez-vous de cette époque bénie où l'indie rock à tendance shoegaze parvenue d'Angleterre produisait chaque semaine un nouveau disque que nous adoptions immédiatement ? C'était l'ère où les Chapterhouse, The Sundays et autres Slowdive se succédaient chacun à leur tour pour nous fournir notre "content" à longueur d'année. Les Italiens de Be Forest auraient pu être de ceux-là s'ils avaient existé au début des 90s. Avec leurs guitares aux gimmicks économes qui permettent de compter les notes jouées, leur lourde basse contrebalançant ce chant féminin céleste et murmuré, le trio réussit une perfection shoegaze/dream pop avec ce troisième album. Les neuf titres de "Knocturne" s’écoutent et se réécoutent à l’envi, emmenés par une rythmique tambourinée et obsédante, et l’on vous conseille de ne surtout pas passer à côté d’une telle perle.

The Blinders
"Columbia"

"Columbia"
DATES | Sorti le 1e février 2019 | Publié le lundi 18 février 2019
POURQUOI | Tension
ET ALORS | Sorti dans son pays d'origine, la Grande-Bretagne, fin septembre, "Columbia", le premier album des Blinders -déjà une sensation outre-Manche- n'est disponible en France que depuis quelques jours. Et on s'en réjouit, parce que la scène anglaise actuelle s'avère réellement excitante ces temps-ci. Et même si le maquillage du chanteur (voir la pochette) n'impressionne guère les vieux briscards que nous sommes, force est de constater que ces gars-là balancent un gros son blues-rock tordu à la Birthday Party que l'on n'avait plus guère l'habitude d'entendre en dehors des soirées en maison de retraite pour vieux gothiques. Pas loin de Shame ou des Idles pour l'énergie et la hargne, "Columbia" se pose-là, viril, entêtant, obsédant, brutal, fier, mais aussi écorché vif avec le bouleversant "Orbit" qui clôt ce putain d'album qu'on n'a pas fini d'user, encore et encore.

Yasuaki Shimizu
"Dementos"

"Dementos"
DATES | Réédité le 16 janvier 2019 | Publié le mercredi 30 janvier 2019
POURQUOI | Orchestration sophistiquée | Remasterisation | Inventions sonores et textuelles | Pochette
ET ALORS | Les adeptes de japonisme connaissent déjà Yasuaki Shimizu par le biais de ses compositions électroniques dans le domaine publicitaire. D’autres l’ont sans doute découvert en tant que saxophoniste expérimental. Voici la réédition de "Dementos" (1988) qui nous éclaire un peu plus sur la facette pseudo accessible de l’artiste. Il se révèle ici en véritable crooner qui malaxe des sonorités techno funk new-yorkaises avec des percussions indiennes, triturant des phrasés mandingues avec des inventions de langages dans un creuset de world music précieuse telle que la pratiquait Ryuichi Sakamoto avec son ensemble Neo Geo. Élégantes, exotiques et raffinées, ses pop songs se savourent sans modération aux côtés d’autres miniatures de David Byrne, David Sylvian ou Masami Tsuchiya dont le timbre de voix se rapproche beaucoup.

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