& les Chroniques
Express
In The Nursery
"The Seashell and the Clergyman"

"The Seashell and the Clergyman"
[ITN Corp]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 octobre 2019 | Publié le mercredi 15 janvier 2020
POURQUOI | In The Nursery
ET ALORS | C’est déjà le neuvième volume de l’Optical Music Series d’In The Nursery, cette fameuse discographie dédiée aux bandes originales de films anciens imbriquée à l’intérieur même de la discographie principale du groupe de Sheffield, débutée en 1995 avec "The Cabinet of Doctor Caligari". "The Seashell and the Clergyman" propose une musique inédite au court métrage muet réalisé par la Française Germaine Dulac en 1928, "La Coquille et le Clergyman". Bien moins barrée que la bande son originale, elle apaise plutôt le propos d’un film expérimental et surréaliste, entre rêve et cauchemar. Si la plus angoissante de toutes les créations de Klive et Nigel Humberstone était celle qu'ils avaient imaginée pour "The Fall of the House of Usher", celle-ci serait à considérer comme la plus excentrique, allant jusqu'à tirer des notes à l'aide d'un énorme coquillage. Et c’est aussi la plus courte : avec moins de quarante minutes au compteur, elle va droit au but sans trainer les multiples variations de thèmes habituelles que l'on rencontrait sur les précédents épisodes qu'a réalisé le duo.

The Overlookers
"Teenage Wet Dreams"

"Teenage Wet Dreams"
DATES | Sorti le 5 avril 2019 | Publié le mercredi 31 juillet 2019
ET ALORS | Chez BOREDOMproduct on ne lésine pas sur les moyens lorsque le produit implique la majeure partie du personnel maison. Avec The Overlookers, l’attention va jusqu’à customiser la Cadillac de la pochette car chaque détail compte. Everything Counts donc, même si quelques compositions moins percutantes ("My Moogadillac" ou "Give Me More") seront vite oubliées. Derrière cette pop au vernis rétro-futuriste, c’est toute l’Amérique fantasmée des 50s qui passe à la moulinette d'une machine à (re)monter le temps, détournant époques et clichés. Le disque a l’allure d’un retour vers le futur de la synth-pop, et derrière le titre un peu coquin s’enchaînent des singles confirmés ("Dying Fast", "Prom Night") et potentiels ("No Delight", "Speak to the Devil"), avec le son reconnaissable des projets respectifs des deux principaux intéressés : JB (Dekad) et Pierre (Foretaste).

Drenge
"Strange Creatures"

"Strange Creatures"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le jeudi 28 mars 2019
POURQUOI | On l'attendait
ET ALORS | Après "Undertow ", un superbe premier album paru en 2015, Drenge avait sorti en 2018 un EP sympathique, mais guère enthousiasmant. On attendait donc avec impatience une suite... que voici enfin ! Le groupe a évolué, ou a cherché à le faire, et cela se sent. Malheureusement, si l'ensemble n'est pas désagréable et si deux ou trois titres sont à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer, "Strange Creatures" laisse une impression un peu décousue. Le rouleau compresseur des débuts a disparu au profit de morceaux certes plus évolués et pas désagréables, mais le coeur n'y est pas et quelque chose manque, quelque chose s'est affadi. On va leur laisser le bénéfice du doute et souhaiter que le groupe passe l'écueil toujours difficile du second album pour nous donner un troisième disque à la hauteur de leur originalité, ils en sont capables.
CONNEXE | Undertow (le premier album)

Grabyourface
"Keep Me Closer"

"Keep Me Closer"
DATES | Sorti le 22 décembre 2018 | Publié le mercredi 13 mars 2019
POURQUOI | Covenant
ET ALORS | Les paroles de "Keep Me Closer", le premier album de Grabyourface sont, à l'instar du "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails, tellement personnelles que nous nous sentons voyeurs en découvrant ces chansons sur l’absence, l'incompréhension et la colère. "Confession" donne le ton dès le début d’un disque qui, sur fond d'électro minimaliste, alterne entre le français et l'anglais, entre le chant et le spoken-word. Grabyourface a cosigné un titre sur le dernier EP de Covenant, et lorsqu'on demande à Marie Lando de quelle façon cela s'est produit, elle nous avoue qu'Eskil Simonsson est fan et la soutient depuis ses débuts, à l’époque de "Philophobia", son premier album paru en 2017. Forte d’un tel parrainage, Marie nous offre un disque sur lequel elle se livre sans tabou et dont les toute dernières paroles "Keep your ennemies close" lui ont inspiré, avec l’arrogance et la malice de la vingtaine : "Keep Me Closer".

The Telescopes
"Exploding Head Syndrome"

"Exploding Head Syndrome"
DATES | Sorti le 1er février 2019 | Publié le mardi 5 mars 2019
ET ALORS | Depuis le mythique "Taste" en 1989, Stephen Lawrie mène sa barque tranquillement, fidèle au registre shoegaze/noise/space rock qui est sa marque de fabrique, et dont il est, il faut le dire, l'un des champions actuels. L'âge aidant, la musique s'est faite de plus en plus expérimentale et planante, sans toutefois délaisser une profonde noirceur, larsens et synthés entremêlés à l'infini, lancinants, répétitifs, cotonneux, sur fond de voix monocorde ensommeillée. "Exploding Head Syndrome", comme le précédent, est de cet acabit, et il est magistral. On n'écoute pas les Telescopes pour se distraire, mais pour se soigner : les vapeurs psychédéliques dégagées par cette musique ont ce don extraordinaire d'agir sur le cerveau aussi bien qu'une drogue : on s'y plonge avec délectation, et on en oublie tout le reste.

Endless Dive
"Falltime"

"Falltime"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 7 février 2019
ET ALORS | Jeune groupe belge qui n'avait jusqu’à présent qu'un seul EP à son actif, publié à la fin de l'année 2016, Endless Dive sort enfin son premier album, et livre un disque de post-rock expérimental des plus subtiles. Avec de multiples changements d’ambiances et de rythmes au sein même de chaque morceau, le quatuor ajoute des nappes de synthés qui apportent une composante rêveuse à ce type de musique d’ordinaire plutôt tellurique, et qui, tout à coup, semble faite pour contempler les étoiles ("Wading Pool", "Low Tide"). Mais ce post-rock instrumental là sait aussi se faire rapide, et "Falltime" est un modèle de maîtrise et d’inventivité qui propose une méthode de composition extrêmement riche. Il ne faudra sous aucun prétexte manquer les prestations du groupe lors de sa tournée dans toute la France au mois de mars.
CONNEXE | Post-Rock

LMX
"Dimension Shift"

"Dimension Shift"
[Meshwork]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 janvier 2019 | Publié le lundi 4 février 2019
POURQUOI | Meshwork
ET ALORS | "Dimension Shift" est le premier album d’un très jeune prodige d’à peine quinze ans qui se cache derrière trois majuscules mystérieuses, LMX. Chacun des titres de son électro mélodieuse réutilise volontairement la même palette sonore, et il en programme des combinaisons infinies, comme s’il peignait des fractales sur un mur de pixels. Empruntant à l’électro, au dub, à l’ambient, à l’IDM et à la synthwave, ses compositions n’oublient jamais les mélodies de cristal qui pourraient passer pour du Kraftwerk période "Computer World", lesquelles reposent habilement sur de très profondes basses qui ronronnent littéralement du début jusqu’à la fin. En privilégiant les courtes durées plutôt que de longues plages qui finissent parfois par s'asphyxier, LMX réussit un album qui respire véritablement la modernité en osant le mélange des genres que seules les jeunes générations se permettent aujourd’hui.

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