& les Chroniques
Express
Nul Telexes
"Menhir"

"Menhir"
DATES | Sorti le 27 février 2021 | Publié le mercredi 14 avril 2021
ET ALORS | Nul Telexes est un duo originaire de Liverpool dont le premier album vient de sortir sur le label Swiss Dark Nights. Ce n’est pourtant pas à la Suisse italienne que l’on pense à l'écoute de ces huit titres, pas plus qu’à l’Angleterre, mais plutôt à la France et à quelque chose qui y a été inventé et dont on est plutôt assez fier. Même si le son semble ici essentiellement synthétique, "Menhir" nous renvoie bien à cette cold wave soignée, légèrement pop, que l’on a judicieusement baptisée touching pop dans les années 90, avec ses ambiances et ses émotions si particulières qui aujourd’hui resurgissent ça et là entre les mains d’artistes qui en prennent le plus grand soin et savent lui donner une nouvelle vie. Comme Schrödinger à Mexico, Denner à Rennes ou ici Nul Telexes. Leurs compositions sont elles aussi fines, précieuses, comme la ritournelle d’"A Play", la rythmique imposante de "Menhir", la puissance de "Dialectic", la voix… la nostalgie qui se dégage de cet album est la nôtre, pas la leur, parce que leur son est bien celui du 21e siècle, électronique, synthétique, et leur mélancolie, celle d’aujourd’hui.

Say Hi
"Diamonds & Donuts"

"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.

Pray For Sound
"Waves"

"Waves"
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mardi 11 février 2020
ET ALORS | Le post-rock compte presque autant de ramifications, de sous-genres et de crossovers que de formations qui en jouent. Celui que propose Pray For Sound possède ses spécificités et son originalité, porté par une frappe ample et tout en rondeur au service d'une écriture qui rappelle avec surprise celle de la pop plutôt que celle habituellement plus saccadée du genre dans lequel sont classés ses disques. Avec ses refrains joués à la guitare et à fredonner en toute circonstance, le quatrième album instrumental du groupe américain originaire de Boston ne laisse que peu d'espace dans ses compositions, telle une pop rock suivant le schéma couplet-refrain sans chanteur ni chanteuse qui n'aurait pas sa place ici. Le son est à rapprocher de celui des jeunes prodiges belges Endless Dive plutôt que de celui, plus neurasthénique, de Mogwai. Plus pop que post, ce rock étiqueté avec maladresse s'est installé à la frontière entre deux mondes que l'on n'aurait guère osé rapprocher, et pourtant quelle réussite lorsqu'il est organisé par de jeunes gens si talentueux.

Penelope Trappes
"Penelope Two"

"Penelope Two"
DATES | Sorti le 26 novembre 2018 | Publié le lundi 14 janvier 2019
ET ALORS | Moitié du duo londonien The Golden Filter, la chanteuse d'origine australienne nous offre après son premier essai "Penelope One", un second disque solo dont les compositions ressemblent à des berceuses un peu dérangées et exclusivement réservées aux adultes. La musicienne touche-à-tout a choisi un sound design à la beauté blafarde pour habiller ses visions qui s'inspirent clairement des Cocteau Twins période "Victorialand" et "The Moon and the Melodies", en version ralentie au maximum et qui auraient comme palette sonore les expérimentations ambient de This Mortal Coil. L’album donne alors l'impression de flotter entre deux états : conscient grâce aux pulsations, aux oiseaux et à l'orage enregistrés, tout en étant à la fois détaché, comme invité en qualité d’observateur privilégié dans le rêve de quelqu'un d'autre dont on ne partagerait ni les démons, ni les craintes. Superbe.

Black Tape For A Blue Girl
"To Touch the Milky Way"

"To Touch the Milky Way"
[Projekt]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 26 octobre 2018 | Publié le jeudi 10 janvier 2019
POURQUOI | Black Tape For A Blue Girl
ET ALORS | Passé l'effet de surprise face à cette pochette que l'on a du mal à relier à la voie lactée de son titre, le douzième album de Black Tape for a Blue Girl ravit par la chaleur de ses ambiances mélancoliques et electro-acoustiques. On retrouve cette légère brume sonore, ce voile immatériel caractéristique que Sam Rosenthal cultive à l'aide de son harmonium, notamment sur les deux premiers titres. Le disque nous renvoie à la période glorieuse de l'Heavenly Voices des 90's et prolonge la magie d'une musique que l'on pensait avoir perdu de vue ces dernières années. L'album fait alterner chant féminin et masculin, avec douceur et retenue, et forme avec son prédécesseur "These Fleeting Moments" (2016) le vrai retour que nous attendions.










