& les Chroniques
Express
Hackedepicciotto
"The Silver Threshold"

"The Silver Threshold"
[Mute]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 12 novembre 2021 | Publié le lundi 21 février 2022
ET ALORS | "The Silver Threshold" est le quatrième album de Danielle de Picciotto et d’Alexander Hacke, le bassiste et pilier d’Einstürzende Neubauten. Commencé en 2017, le projet officiel du couple mêle habilement les spoken words et le violon de l’artiste américaine, au jeu de basse et aux expérimentations noisy de son partenaire allemand. Et la somme de leurs talents réunis va bien évidemment au delà de cette simple et triviale addition, le savoir-faire résultant confinant à la magie. Car c’est bien un univers parallèle, magique et intemporel que nous visitons en franchissant ce seuil d’argent, passage obligé pour un voyage dans des mondes habités et hantés. Danielle de Picciotto y récite ce qui ressemble à des formules invoquant des sorts provenant de quelqu'antiques grimoires, et voilà que des ritournelles médiévales interprétées à la vielle se retrouvent tout à coup propulsées en pleine ère industrielle. Le seuil qui donne son nom au disque semble connecter différents endroits et différentes époques, comme cette "Ouverture" qui fait cohabiter une scène bucolique et des hauts-fourneaux, ou encore les bourrasques d’"Evermore" qui enchainent avec le râle tellurique de "Babel". Un disque enivrant, troublant et sacrément envoûtant.

Night Sins
"Portrait in Silver"

"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.

Aleph
"Entropy"

"Entropy"
DATES | Sorti le 21 janvier 2019 | Publié le mardi 19 février 2019
ET ALORS | C’est un EP de six titres envoutés, comme possédés, que vient de publier le Berlinois Armando Alibrandi et son projet Aleph. Sa dark ambient précise et cadrée, qui flirte avec une électro calée sur une rythmique aux allures de métronome, nous entraine vers un chemin moins chaotique que veut bien l’annoncer le titre du disque. Ces compositions électroniques chargées de cordes habilement pincées et de nappes mélancoliques ont été confiées au savoir-faire de Philipp Münch (Synapscape, The Rorschach Garden, Cell Auto Mata) d’ordinaire habitué à plus abrasif, pour un mastering en douceur. Mention spéciale pour les deux versions du titre "Infinite Void" avec les belles vocalises de Dimitra Tripi très proches de celles de Lisa Gerrard, avant de laisser une seconde version de "Arrow of Time" revisitée par Ah Cama Sotz terminer le disque comme il avait commencé, avec un supplément d’angoisse.
CONNEXE | Dark Ambient

Black Tape For A Blue Girl
"To Touch the Milky Way"

"To Touch the Milky Way"
[Projekt]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 26 octobre 2018 | Publié le jeudi 10 janvier 2019
POURQUOI | Black Tape For A Blue Girl
ET ALORS | Passé l'effet de surprise face à cette pochette que l'on a du mal à relier à la voie lactée de son titre, le douzième album de Black Tape for a Blue Girl ravit par la chaleur de ses ambiances mélancoliques et electro-acoustiques. On retrouve cette légère brume sonore, ce voile immatériel caractéristique que Sam Rosenthal cultive à l'aide de son harmonium, notamment sur les deux premiers titres. Le disque nous renvoie à la période glorieuse de l'Heavenly Voices des 90's et prolonge la magie d'une musique que l'on pensait avoir perdu de vue ces dernières années. L'album fait alterner chant féminin et masculin, avec douceur et retenue, et forme avec son prédécesseur "These Fleeting Moments" (2016) le vrai retour que nous attendions.









