& les Chroniques
Express
The Young Gods
"Appear Disappear"

"Appear Disappear"
DATES | Sorti le 13/06/2025 | Publié le jeudi 5 juin 2025
POURQUOI | Le retour des Young Gods Old School
ET ALORS | Quel cadeau ! Nous n'osions plus espérer un disque d’une telle efficacité immédiate de la part des Young Gods après leurs deux derniers exercices expérimentaux successifs, "Data Mirage Tangram" et "The Young Gods Play Terry Riley In C", qui, s'ils nous offraient chacun une facette différente de leurs infinies possibilités, nous laissaient tout de même sur notre faim. Mais cette fois, aucun doute possible : c’est la bonne. Quel plaisir de retrouver ces compositions qui rappellent l’ambiance générale de "Superready / Fragmenté", ces riffs samplés auxquels se superpose un jeu de guitare live introduit depuis l’album "Everybody Knows". Le groupe nous propose la crème de sa recette old school, les tubes s’enchaînent en rafale du début à la fin : la batterie percute, avec soin et précision, Franz nous sert des expressions phonétiques qui n’appartiennent qu’à lui ("Tu En Ami Du Temps", "Blue Me Away"), s'accrochant toujours au concept pivot sur lequel repose essentiellement l’énergie du groupe : le son, qu’il soit mitraillé par un sampler ou qu’il s’agisse de celui d’un simple mot. "Appear Disappear", ce sont dix titres qui mêlent un savoir faire unique à de nouvelles trouvailles sonores, et qui garantissent aux jeunes Dieux une immortalité qu'ils n'avaient probablement pas anticipée à leurs débuts. Un cru exceptionnel.

Just Mustard
"Heart Under"

"Heart Under"
DATES | Sorti le 27 mai 2022 | Publié le lundi 25 juillet 2022
POURQUOI | Découvert en concert
ET ALORS | Nous étions très impatients de découvrir "Heart Under", le second album des Irlandais de Just Mustard. Bien sûr, la référence à Cranes est évidente, mais si la voix de Katie Ball rappelle celle d’Alison Shaw, reconnaissons qu’elle est plus juvénile qu’enfantine. Quant à la structure de ses titres, le groupe s’inspire exclusivement de la période "Self-Non Self" de ses aînés, principalement pour le côté expérimental du son : brut, rêche, à des années-lumière d’une musicalité ordinaire ; en un mot : extraterrestre. Le génie de Just Mustard, c’est ce jeu de guitare non conventionnel qui relève de la performance de chaque instant : le groupe s’emploie à dénicher les sons les plus improbables qu’une guitare électrique puisse offrir, sans jamais jouer d’accord ni de véritable suite de notes, en se concentrant sur les vrombissements et autres dissonances tout au long de ses chansons. Car c’est bien de chansons dont il s’agit ici, et c’est à cela que fait certainement référence le titre même du disque : sous l’apparente rudesse de la musique, c’est à ce chant fragile, cet "Heart Under", qu’incombe la lourde tâche de transformer ces folles expérimentations sonores en chansons avec un remarquable talent du début à la fin du disque.

Onoda
"Land/Islands"

"Land/Islands"
DATES | Sorti le 9 octobre 2020 | Publié le jeudi 26 novembre 2020
ET ALORS | Quelle claque ! "Land/Islands" est le tout premier album du groupe français Onoda, et pourtant, il fait déjà preuve d’une audacieuse maturité. Et de la maturité, il en aura fallu pour laisser ces cinq longs morceaux de six à dix minutes chacun progresser à un rythme tout autant serein que martial. Quitte à doubler le nombre de mesures afin d’atteindre un idéal sonique époustouflant soutenu par des boucles répétitives et emmené par une rythmique qui vrombit comme le moteur d’une mécanique qu’il faudrait sans cesse alimenter. Passées leurs intros inquiétantes et tendues, les chansons montent en puissance, mues par une batterie intraitable et des boucles qui tournent, retournent et permettent aux refrains de s’introduire dans la tête jusqu’à l’ivresse. On pense à une version noisy pop aux accents krautrock du "Data Mirage Tangram" des Young Gods, avec cette idée commune du travail sur le son au coeur même des compositions, pour un résultat extrêmement dense et d’une richesse incroyable. Une telle réussite n’arrive pas par accident : il y a forcément une sacrée dose de talent là-dessous.

Superdrone
"Solargaze"

"Solargaze"
DATES | Sorti le 24 juin 2020 | Publié le jeudi 23 juillet 2020
ET ALORS | "Solargaze", le quatrième album du duo anglais Superdrone est une véritable bombe lancée à mille à l’heure en direction du soleil, dans laquelle chaque titre sonne comme un single potentiel qui nous renvoie à l’époque d’insouciance collective du début des 90s, en pleine période baggy de Madchester, laquelle vit émerger entre autres The Charlatans et les Stone Roses. Dans sa version du futur, celle de Superdrone, l’on parle de néo-psychédélisme, et aux couches de guitares psychédéliques s’ajoutent toujours une rythmique un brin funky, ainsi que des tonnes d’effets aériens, des riffs et des refrains intemporels ("Bitter", "Face Me"). Il n’y a aucun doute possible : cette musique-là est un efficace antidépresseur universel et forcément très addictif. À chaque nouvelle écoute se dévoile un peu plus le talent mélodique des deux compères qui citent volontiers Ride, Tame Impala, Stone Roses, Cocteau Twins, The Telescopes et The Cure comme héros. Après l’écoute de "Today" qui clot le disque, on ne souhaite plus qu’une chose : voir exploser la notoriété de ces Superdrone qui préfèrent regarder en direction du soleil que contempler leurs chaussures.

Sex Swing
"Type II"

"Type II"
DATES | | Publié le lundi 1 juin 2020
ET ALORS | Après un EP six titres paru fin 2016 dont nous ne ouîmes aucun écho, Sex Swing vient de sortir son premier album (sept titres, on change de catégorie), "Type II", et quel album ! Celui-ci est à l'image de la pochette et de la vidéo du single "The Passover" : malsain, morbide, avec tous les ingrédients propres à ravir tout ce que la musique compte de teigneux et de frustrés de tous âges. On pense aux Swans ou aux premiers Coil par le côté possédé, hypnotique et lancinant de la musique, ou plus près de nous à Pop. 1280 ou The Skull Defekts pour la hargne et la violence latente qui se dégagent de l'ensemble. Si vous aimez les saxos hurleurs, les synthés glacials, les basses énormes, les guitares tranchantes et le chant d'outre-tombe, vous serez ravis. Sex Swing vient d'Angleterre et deux de leurs quatre membres ont survécu l'un à un accident d'avion, l'autre à la foudre, c'est dire s'ils sont inspirés.

Dead Horse One
"The West Is the Best"

"The West Is the Best"
DATES | Sorti le 22 novembre 2019 | Publié le lundi 6 avril 2020
ET ALORS | Vous ne les connaissez peut-être pas encore, et pourtant "The West Is the Best" est déjà le troisième album de Dead Horse One, un groupe français basé à Valence dont on ne trouvera pas meilleure définition à leur son que le titre même de leur premier EP paru en 2012 : "Heavenly Choirs of Jet Engines". Toutes guitares dehors et avec le plus gros son possible, véritable maelström d'effets sur lequel vient surfer en toute décontraction un chant masculin et éthéré avec ses mélodies tombées du ciel, en apesanteur. Ce nouveau disque est un bijou shoegaze/noise dans lequel les influences que nous aimons tant se mélangent comme les ingrédients dans un blender à l'heure de préparer un smoothie gourmand : My Bloody Valentine, Ride, les Boo Radleys d'avant "Wake Up" et tant d'autres. On y ajoute tout ce qu'on adore pour un résultat plein de douceur sans oublier la cerise sur la chantilly particulièrement allégée de "Gaze" et "Saudade", puisque c'est Mark Gardener de Ride qui a mixé l'album du début à la fin, s’il vous plaît, d’où cette finesse incroyable et inattendue pour un résultat bluffant.

Rocket Mike
"London Gothic"

"London Gothic"
DATES | Sorti le 25 janvier 2019 | Publié le mercredi 24 avril 2019
ET ALORS | La patte de Tricky est unique. Son trip hop sombre et corrosif nous hante avec délice depuis maintenant plus de vingt ans, ses compositions à la fois mélodiques et écorchées, mêlant intelligemment électronique et soul, sublimées par sa voix rugueuse et son flow addictif, sont comme autant de caractéristiques qui nous happent dans son univers envoûtant. Si Rocket Mike n'est pas un side-project de Tricky les compositions de Mike Giffts, le garçon aux commandes de "London Gothic", en ont tous les atours. Après avoir collaboré à Tristesse Contemporaine et plus récemment à Camp Claude, le Britannique prend le risque avec ce trop court EP de pénétrer dans les terres de Tricky en y apportant tout de même une touche plus "cold wave", la sienne, celle de ses projets précédents, et se paye le luxe de réaliser un EP extrêmement addictif. En attendant le nouveau Tricky.
CONNEXE | Tricky

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.










