& les Chroniques
Express
Sébastien Guérive
"Omega Point"

"Omega Point"
DATES | Sorti le 19 mars 2021 | Publié le lundi 12 avril 2021
ET ALORS | À la fois musicien et sound designer, Sébastien Guérive fait partie de cette famille de compositeurs à laquelle appartiennent également Ben Lukas Boysen, Ben Frost ou encore Franck Vigroux, et dont le travail sur le son est essentiel, sinon primordial, pour transmettre des sensations à l’auditeur, reléguant parfois la mélodie au second plan. "Omega Point", le nouvel album du Nantais, est de par son apparente simplicité mélodique et sa complexité sonore, une machine à faire cristalliser des émotions pures, comme s’il appartenait à chacun d’imaginer les scènes d’un film muet à partir de ses compositions électroniques. Grâce à une palette généreuse de sons juxtaposés et de mélodies discrètes à la musicalité fraiche, presque candide, les titres s’enchaînent, chacun suggérant une émotion particulière, comme si nous étions immergés dans une succession des scènes où s'inviteraient tour à tour l’angoisse, la surprise, la déception, la colère, l’audace ou encore la mélancolie, voire le regret. Egalement metteur en son pour des créations au théâtre, ce magicien maîtrise sans conteste le pouvoir suggestif des vibrations et des textures. Une très belle réussite, émouvante et délicate.
CONNEXE | Instrumental | Electronica | Néo-classique | Ben Lukas Boysen | Ben Frost | Franck Vigroux

House of Harm
"Vicious Pastimes"

"Vicious Pastimes"
DATES | Sorti le 4 septembre 2020 | Publié le mardi 24 novembre 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On est tout de suite tombé sous le charme de la new wave de House of Harm. Le premier contact a évidemment eu lieu avec la pochette et ces trois silhouettes monochromes et floues, hommage forcément intentionnel au "Pornography" de The Cure. La référence à leurs grands-parents britanniques ne s'arrête pas là tant la formation originaire de Boston s'amuse à piocher ça et là sons et mélodies qui ne sont pas sans rappeler celles de Robert Smith, les clochettes de "Coming of Age", la rythmique et la basse du démarrage de "Against the Night", ou encore la petite mélodie de guitare de "Catch". Mais ces clins d'oeil ne sont que des repères rassurants et amusants et n'entachent en rien la construction des compositions, pas plus que leur originalité. Celles-ci s'avèrent en effet bourrées d'intelligence et fichtrement efficaces. Les synthés, guitares, et rythmiques puisent allègrement dans le genre sans finalement ne plagier aucun groupe particulier, on ne pense d'ailleurs jamais vraiment à The Cure, d'autant que la voix de Michael Rocheford, si elle aussi suit les codes du genre, s'impose et contribue à entériner l'identité propre du groupe. 35 minutes trop courtes qui incitent à écouter encore et encore le disque.

The Vagina Lips
"Outsider Forever"

"Outsider Forever"
DATES | Sorti le 20 janvier 2020 | Publié le jeudi 9 avril 2020
ET ALORS | Très bel album que ce "Outsider Forever" de The Vagina Lips ! Le disque démarre en trombe avec un "I Don’t Want this Day to End", endiablé, tout en guitares, qui donne immédiatement le ton. Ici, s’il s’agit de new wave, ce n’est pas celle 100% synthétique et dansante dont on parle si souvent dans nos pages, mais l’autre, sa cousine proche, celle qui, si elle a en commun ses synthés, sa mélancolie et son romantisme, se distingue par sa parure de guitares lumineuses, ses mélodies puissantes et le lyrisme de son chant. Un peu comme si Morrissey avait rencontré Prefab Sprout, flirté avec Beloved et s’était entiché de Simple Minds. On pense aussi à New Order dans leur version "pop guitare", mais qui auraient signé chez Sarah Records plutôt que Factory. The Vagina Lips est un hommage à toute cette époque mais l'aborde avec une candeur d’adolescent. On se délecte de ces neuf titres qui parviennent à s’imposer dès la première écoute et qui, on le parie, vont rester comme une belle référence, s’installant durablement dans nos oreilles. "Outsider Forever" est le troisième album de Jimmy Polioudis, et le garçon vient de nous envoyer depuis Thessalonique un souffle de fraîcheur extrêmement agréable.

Moaan Exis
"Postmodern Therapy"

"Postmodern Therapy"
DATES | Sorti le 25 juin 2019 | Publié le mardi 24 septembre 2019
ET ALORS | Annoncé en mai par l’hallucinante vidéo du titre "Witness" qui ouvre de manière inquiétante "Postmodern Therapy", le second album de Moaan Exis s’impose comme une véritable machine de guerre de techno industrielle et rituelle. C’est d’ailleurs le visage peinturluré de rouge pour l’un et de noir pour le second que Xavier Guionie et Mathieu Caudron délivrent ensemble une musique musclée, truffée de trouvailles sonores astucieuses et de parties rythmiques boostées que les deux Français ont d’ailleurs baptisées "drum battles" lors de leurs lives. Au travers de son imagerie tribale, l’entité Moaan Exis cultive les mystères qu’un tel nom évoque, mais qu’elle sait cependant partager le temps d’un titre avec Caitlin Stokes du groupe Corlyx, digne d’être initiée. La mixité du chant rappelle d’ailleurs KMFDM, eux aussi habitués des albums lancés à cent à l’heure. Reste que "Postmodern Therapy" propose derrière une imagerie unique le son d’un nouveau monde sauvage, mi-humain et mi-animal, où ça hurle dans le micro et ça tambourine sur les fûts pour un résultat électro tribal et bestial.

Rocket Mike
"London Gothic"

"London Gothic"
DATES | Sorti le 25 janvier 2019 | Publié le mercredi 24 avril 2019
ET ALORS | La patte de Tricky est unique. Son trip hop sombre et corrosif nous hante avec délice depuis maintenant plus de vingt ans, ses compositions à la fois mélodiques et écorchées, mêlant intelligemment électronique et soul, sublimées par sa voix rugueuse et son flow addictif, sont comme autant de caractéristiques qui nous happent dans son univers envoûtant. Si Rocket Mike n'est pas un side-project de Tricky les compositions de Mike Giffts, le garçon aux commandes de "London Gothic", en ont tous les atours. Après avoir collaboré à Tristesse Contemporaine et plus récemment à Camp Claude, le Britannique prend le risque avec ce trop court EP de pénétrer dans les terres de Tricky en y apportant tout de même une touche plus "cold wave", la sienne, celle de ses projets précédents, et se paye le luxe de réaliser un EP extrêmement addictif. En attendant le nouveau Tricky.
CONNEXE | Tricky

Evi Vine
"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"

"BLACK / / LIGHT / / WHITE / / DARK"
DATES | Sorti le 22 février 2019 | Publié le lundi 4 mars 2019
ET ALORS | Le set d’Evi Vine en ouverture de Brendan Perry au Petit Bain nous avait fasciné. Le troisième album de la Londonienne sort quelques semaines seulement après sa prestation, et c’est avec plaisir que nous retrouvons cette voix douce et fragile, toujours à la merci des guitares impitoyables fournies par Peter Yates (Fields of the Nephilim), et flottant avec aisance sur des traitements impressionnants de noirceur. On y retrouve des sonorités proches des premiers disques de Sigur Rós, et une rythmique totalement absente du live, sur laquelle Simon Gallup (The Cure) a prêté son jeu de basse. Les ambiances sont sous tension, de sorte que celle qui fût la chanteuse sur trois titres du premier album de The Eden House apporte seule les rayons de lumière dans cet univers lugubre et angoissant, comme l’annonce très clairement le titre de l’album avec son effet de miroir déformant.










