& les Chroniques
Express
Slow Crush
"Thirst"
DATES | Sorti le 29/08/2025 | Publié le jeudi 23 octobre 2025
ET ALORS | Le son de "Thirst" est tout bonnement époustouflant. On imagine le travail qu’a dû représenter le mixage de pareil ovni, tant la musique pourtant tellurique y est si fluide, presque aérienne, comme transportée dans une bulle de sa propre matière en transit vers les étoiles. Car il a fallu polir ce matériau de départ si brut et si dense, ces guitares et ce jeu de batterie empruntés au métal et au grunge, que la voix douce et murmurée d’Isa Holliday élève au rang d’une dreampop métal hybride, rappelant les mélopées de Rose Berlin de SPC ECO. Plus dense que ses prédécesseurs "Aurora" et "Hush", dont le tempo flirtait souvent avec celui des Cocteau Twins ou de Red House Painters, "Thirst" est l’album le plus frontal du groupe belge, le plus saccadé aussi, duquel le magma sonore s’écoule comme d’un robinet ouvert au maximum en flow continu. On pense à Amusement Parks On Fire et à Filter pour les parties de guitares et de batterie, avec ici ou là ce supplément ouaté emprunté à la shoegaze du Slowdive du tout début des 90s. Un solo de saxophone vient finir de brouiller les cartes dans un jeu de piste déjà bien atypique, dans une forge sonore inspirée qui connecte des univers d’ordinaires isolés. Sublime.
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17/20
Dry Cleaning
"Stompwork"
DATES | Sorti le 21 octobre 2022 | Publié le lundi 13 février 2023
ET ALORS | Avec ce deuxième album, très attendu après le battage médiatique (relatif, certes) qu'il y eût autour du premier, Dry Cleaning renoue avec un genre un peu oublié, le "funk-punk", "disco-punk", "groovy-post- punk" ou quelqu'autre terme qu'on voudra bien lui donner. Mais on le sait, le cap du second disque est difficile, les musiciens devant souvent se remettre en question, rapidement, sans avoir le temps de faire mûrir leurs morceaux comme ils ont pu le faire pour leurs premiers disques. Celui-ci gagnera à être apprécié après plusieurs écoutes, faute à sa complexité et au chant parlé de Florence Shaw qui s'avère ici un peu agaçant. Ok, c'est la mode dans le post-punk "2.0", mais il faut savoir doser le côté monocorde et l'émotion. Malgré tout, la qualité des compos est assez bluffante : ça part dans le simili-jazz et autres musiques "évoluées" (attention à ne pas aller trop loin non plus), déjà inaugurées par Squid, Black Country New Road ou Black Midi, des jeunes groupes qui font frémir les critiques rock intello-snobinards qui se gargarisent de culture élitiste. Moins groovy que le premier donc, avec pour résultat des ambiances assez étouffantes (le chant), peu d'énergie, quasiment pas même, et pour un peu, on s'ennuierait sévèrement.
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16
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13/20
Quinquis
"Seim"
DATES | Sorti le 20 mai 2022 | Publié le samedi 30 juillet 2022
ET ALORS | C’est du bout des doigts et du bout des lèvres qu’Emilie Tiersen, de son nom de jeune fille Emilie Quinquis, donne vie à "Seim", un disque plein de mystères et de révélations, co-écrit et co-produit par Gareth Jones, véritable légende du son électronique que l’on ne présente plus. La production est évidemment très soignée, feutrée, comme préservée dans une délicate bulle d’espace temps inaltérable. Guidé par la lumières de l’ambient et rythmée la pulsation de la melantronica, "Seim" s’impose comme la musique des rêves. Un souffle, quelques notes de cordes de guitare tout juste pincées ici ou là, et voici que "Seim" devient également la musique des étoiles, celle qui, dans notre imagination, accompagne avec grâce le mouvement des constellations. Du bout des lèvres et du bout des doigts, Quinquis interprète exclusivement en breton des chansons d’une exquise fragilité : un murmure, une respiration, et ces douces mélodies deviennent autant de comptines portées par ces boucles électroniques à la mécanique discrète. Du bout des lèvres et du plus profond de son âme, Quinquis nous offre un disque remarquable qui célèbre la vie dans toute sa quiétude et sa sérénité.
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14/20
Hackedepicciotto
"The Silver Threshold"
DATES | Sorti le 12 novembre 2021 | Publié le lundi 21 février 2022
ET ALORS | "The Silver Threshold" est le quatrième album de Danielle de Picciotto et d’Alexander Hacke, le bassiste et pilier d’Einstürzende Neubauten. Commencé en 2017, le projet officiel du couple mêle habilement les spoken words et le violon de l’artiste américaine, au jeu de basse et aux expérimentations noisy de son partenaire allemand. Et la somme de leurs talents réunis va bien évidemment au delà de cette simple et triviale addition, le savoir-faire résultant confinant à la magie. Car c’est bien un univers parallèle, magique et intemporel que nous visitons en franchissant ce seuil d’argent, passage obligé pour un voyage dans des mondes habités et hantés. Danielle de Picciotto y récite ce qui ressemble à des formules invoquant des sorts provenant de quelqu'antiques grimoires, et voilà que des ritournelles médiévales interprétées à la vielle se retrouvent tout à coup propulsées en pleine ère industrielle. Le seuil qui donne son nom au disque semble connecter différents endroits et différentes époques, comme cette "Ouverture" qui fait cohabiter une scène bucolique et des hauts-fourneaux, ou encore les bourrasques d’"Evermore" qui enchainent avec le râle tellurique de "Babel". Un disque enivrant, troublant et sacrément envoûtant.
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15
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14/20
H2SO4
"Love and Death"
DATES | Sorti le 23 juillet 2021 | Publié le vendredi 8 octobre 2021
POURQUOI | Come Back | Electro 90s
ET ALORS | Vingt-et-un ans séparent "Love and Death" de son prédécesseur, "Glamtronica", dont le titre définit toujours à merveille le son glam et électro de H2SO4 qui sonne comme un voyage dans l’espace et le temps en classe affaire, une coupe de champagne à la main. Avec ses rythmes qui groovent comme rarement nous en rencontrons ici, avec ses nappes électroniques et spatiales, ce troisième album s’écoute la tête dans les étoiles et des étincelles multicolores dans les yeux. S’il nous renvoie à la toute fin des 90s lorsque des membres de CODE et de Sulphur s’associèrent, le disque a toute légitimité aujourd’hui pour distiller ses beats et ses ambiances sucrées. Au programme, des titres qui font quelques clins d’oeil assez malins à tout ce qui nous aimons comme ce "Hello Spacegirl" qui lorgne vers du New Order nouvelle génération, et dont le titre pourrait s’inspirer du "Halo Spaceboy" de David Bowie remixé par les Pet Shop Boys, ou quand H2SO4 emprunte le gimmick de "West End Girls" pour introduire "We Are Millions". Au final, on émerge revigoré d’une rêverie au cours de laquelle on a flirté avec Underworld et Fluke, et avec la nette impression de détenir le remède ultime aux baisses d’humeur du quotidien. Une merveille.
CONNEXE | CODE | Sulphur | Underworld | Fluke | Electro | Glam | UK
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15/20
Foretaste
"Happy End!"
DATES | Sorti le 29 janvier 2021 | Publié le lundi 19 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Synthpop | France
ET ALORS | Cinq ans après son impeccable "Space Echoes" enregistré la tête dans les étoiles, Foretaste pose les pieds sur terre avec un sixième album dont le track-listing compose une phrase (à condition d’y placer judicieusement la ponctuation), et nous promet une fin heureuse, même si la pochette de "Happy End!" suggère, non sans malice, une issue bien différente. Et question contraste, le duo a cette fois-ci fait le pari d’un son plus brut et plus expérimental, orchestré par des motifs rythmiques plus chaotiques qu’à l’ordinaire, renforcé par une palette sonore moins lisse que sur ses productions précédentes, qui confèrent un relief inédit à ses compositions de pop électronique. Car c’est bien de pop dont il s’agit avant tout ici : gorgée des refrains imparables qui font la force des Français, et portée par une quantité de sons qui clignotent de toutes parts. À mi-parcours, "Robotic Blues" qui renvoie la politesse du "So Sorry" de Dekad constitue la surprise de ce voyage vers la fin du monde, avant de laisser la place à trois tubes supplémentaires introduits par "Bored To Death", dédicace au label qui accueille fidèlement le groupe depuis ses débuts. Mais pourquoi diable l’histoire devrait-elle se terminer ?
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14/20
Nul Telexes
"Menhir"
DATES | Sorti le 27 février 2021 | Publié le mercredi 14 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Nom | Label
ET ALORS | Nul Telexes est un duo originaire de Liverpool dont le premier album vient de sortir sur le label Swiss Dark Nights. Ce n’est pourtant pas à la Suisse italienne que l’on pense à l'écoute de ces huit titres, pas plus qu’à l’Angleterre, mais plutôt à la France et à quelque chose qui y a été inventé et dont on est plutôt assez fier. Même si le son semble ici essentiellement synthétique, "Menhir" nous renvoie bien à cette cold wave soignée, légèrement pop, que l’on a judicieusement baptisée touching pop dans les années 90, avec ses ambiances et ses émotions si particulières qui aujourd’hui resurgissent ça et là entre les mains d’artistes qui en prennent le plus grand soin et savent lui donner une nouvelle vie. Comme Schrödinger à Mexico, Denner à Rennes ou ici Nul Telexes. Leurs compositions sont elles aussi fines, précieuses, comme la ritournelle d’"A Play", la rythmique imposante de "Menhir", la puissance de "Dialectic", la voix… la nostalgie qui se dégage de cet album est la nôtre, pas la leur, parce que leur son est bien celui du 21e siècle, électronique, synthétique, et leur mélancolie, celle d’aujourd’hui.
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14/20
Sébastien Guérive
"Omega Point"
DATES | Sorti le 19 mars 2021 | Publié le lundi 12 avril 2021
ET ALORS | À la fois musicien et sound designer, Sébastien Guérive fait partie de cette famille de compositeurs à laquelle appartiennent également Ben Lukas Boysen, Ben Frost ou encore Franck Vigroux, et dont le travail sur le son est essentiel, sinon primordial, pour transmettre des sensations à l’auditeur, reléguant parfois la mélodie au second plan. "Omega Point", le nouvel album du Nantais, est de par son apparente simplicité mélodique et sa complexité sonore, une machine à faire cristalliser des émotions pures, comme s’il appartenait à chacun d’imaginer les scènes d’un film muet à partir de ses compositions électroniques. Grâce à une palette généreuse de sons juxtaposés et de mélodies discrètes à la musicalité fraiche, presque candide, les titres s’enchaînent, chacun suggérant une émotion particulière, comme si nous étions immergés dans une succession des scènes où s'inviteraient tour à tour l’angoisse, la surprise, la déception, la colère, l’audace ou encore la mélancolie, voire le regret. Egalement metteur en son pour des créations au théâtre, ce magicien maîtrise sans conteste le pouvoir suggestif des vibrations et des textures. Une très belle réussite, émouvante et délicate.
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14/20
Bravery in Battle
"The House We Live In"
DATES | Sorti le 28 mai 2020 | Publié le lundi 3 août 2020
ET ALORS | Il est des disques qui, de part la nature même de leur ambition, dépassent leur mission première pour s'en découvrir une autre, plus universelle encore. Et c’est le cas de "The House We Live In" de Bravery in Battle. Ce disque-livre-documentaire dont l’idée initiale est de mettre le post-rock un peu rêveur des Français au service des messages d’espoir pour une autre réalité, délivrés par des personnalités engagées, militant pour un nouveau monde basé sur d’autres principes, d’autres buts, d’autres règles du jeu que celui dans lequel nous évoluons. Le groupe associe alors son savoir-faire où la surenchère est proscrite, à la musicalité des voix d'intervenants extérieurs (Vandana Shiva, Hubert Reves, Bill McKibben ou encore John Francis ou Paul Hawken), mimée parallèlement par un arsenal de métallophone, Rhodes, vibraphone, glockenpiel ou encore un piano. Le rendu onirique qui en découle traduit notre émerveillement devant l'évocation de cette utopie expliquée tout au long de l'album et du documentaire. Ce projet inédit mêle avec justesse interviews et compositions pour un état des lieux d’une pensée pas si marginale que cela, que nous sommes impatients de voir fonctionner en live en novembre.
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14/20
The Vagina Lips
"Outsider Forever"
DATES | Sorti le 20 janvier 2020 | Publié le jeudi 9 avril 2020
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Très bel album que ce "Outsider Forever" de The Vagina Lips ! Le disque démarre en trombe avec un "I Don’t Want this Day to End", endiablé, tout en guitares, qui donne immédiatement le ton. Ici, s’il s’agit de new wave, ce n’est pas celle 100% synthétique et dansante dont on parle si souvent dans nos pages, mais l’autre, sa cousine proche, celle qui, si elle a en commun ses synthés, sa mélancolie et son romantisme, se distingue par sa parure de guitares lumineuses, ses mélodies puissantes et le lyrisme de son chant. Un peu comme si Morrissey avait rencontré Prefab Sprout, flirté avec Beloved et s’était entiché de Simple Minds. On pense aussi à New Order dans leur version "pop guitare", mais qui auraient signé chez Sarah Records plutôt que Factory. The Vagina Lips est un hommage à toute cette époque mais l'aborde avec une candeur d’adolescent. On se délecte de ces neuf titres qui parviennent à s’imposer dès la première écoute et qui, on le parie, vont rester comme une belle référence, s’installant durablement dans nos oreilles. "Outsider Forever" est le troisième album de Jimmy Polioudis, et le garçon vient de nous envoyer depuis Thessalonique un souffle de fraîcheur extrêmement agréable.
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