& les Chroniques
Express
bdrmm
"Microtonic"

"Microtonic"
DATES | Sorti le 28/02/2025 | Publié le mardi 15 juillet 2025
ET ALORS | Nous suivons la formation anglaise bdrmm depuis la sortie de son premier album "Bedroom", paru au cours de l'été 2020. À l'époque, c'étaient ces compositions entre indie rock et shoegaze un poil lo-fi, tout en guitares polies, basse et batterie rigoureuses, qui nous avaient émerveillées par leur côté Ride des débuts. Et depuis, le groupe de Hull n'a eu de cesse de sortir des singles remixés par leur pairs, lorgnant franchement vers une électro expérimentale aux antipodes de leur propre son. Si le second album "I Don't Know", sorti en 2022, intégrait certains éléments issus de ces nouvelles versions, le disque restait encore qualifiable de rock indé. Avec "Microtonic", le quartet a finalement relégué ses guitares à l'arrière-plan, voire au grenier. Tout ici n'est désormais plus que boîtes à rythmes et sons électroniques, pour un résultat tout d'abord déroutant, puis totalement jouissif : la mutation amorcée sur le single "Standard Tuning" paru en 2024 a merveilleusement fonctionné. À bien y réfléchir, leurs glorieux aînés s'étaient déjà essayés au même exercice avec succès : de Slowdive à Radiohead, en passant par Editors et The Working's Men Club (invité ici sur le premier titre), pour un EP, un album, voire plus. La démarche était donc déjà validée par des formations audacieuses, et passé l'effet de surprise, le disque va bien au delà des attentes que nous avions à propos de ce troisième album. Ne manquez pas cette révolution dans l'univers du groupe !

Lou Tides
"Autostatic!"

"Autostatic!"
DATES | Sorti le 23/05/2025 | Publié le jeudi 3 juillet 2025
ET ALORS | Un disque qui débute par une suite de déflagrations digitales est forcément prometteur, d’autant plus que "Autostatic!", le tout premier album de l’énigmatique Lou Tides est une histoire de fantômes, principalement ceux de son passé. Lequel ? Membre de la formation américaine TEEN pendant une dizaine d’années avec ses deux soeurs, Kristina Lieberson déploie des capacités de polymorphisme inédites, et excelle dans l'élaboration de chansons pop expérimentales, voire déstructurées. La chanteuse donne vie à ses fantômes en modifiant franchement sa voix au grés des chansons, comme ce timbre venu d'ailleurs appuyé par le ronronnement de la basse sur "Low Wow". La subtilité des arrangements sur "Folklorish" permet au titre une transition habitée, la faisant passer d’une extrême à l’autre. L'artiste nous rappelle ces formations actuelles qui s'efforcent de conférer du caractère à la pop, dussent-elles avant tout en maltraiter les codes, quitte à la dénaturer. Au jeu des références fortuites, on retrouve dans "Autostatic!" des similitudes de voix qui se seraient infiltrées dans un environnement mutant : on croit entendre Marva Von Theo de passage dans l'univers de David Lynch sur "Flood Facts", quand "Map Marker" nous évoque Bestial Mouths pour son caractère électro assumé. Avec "Autostatic!", Lou Tides signe un disque d'une richesse inouïe, et qui n'a pas fini de troubler nos sens. Superbe.

H2SO4
"Love and Death"

"Love and Death"
DATES | Sorti le 23 juillet 2021 | Publié le vendredi 8 octobre 2021
ET ALORS | Vingt-et-un ans séparent "Love and Death" de son prédécesseur, "Glamtronica", dont le titre définit toujours à merveille le son glam et électro de H2SO4 qui sonne comme un voyage dans l’espace et le temps en classe affaire, une coupe de champagne à la main. Avec ses rythmes qui groovent comme rarement nous en rencontrons ici, avec ses nappes électroniques et spatiales, ce troisième album s’écoute la tête dans les étoiles et des étincelles multicolores dans les yeux. S’il nous renvoie à la toute fin des 90s lorsque des membres de CODE et de Sulphur s’associèrent, le disque a toute légitimité aujourd’hui pour distiller ses beats et ses ambiances sucrées. Au programme, des titres qui font quelques clins d’oeil assez malins à tout ce qui nous aimons comme ce "Hello Spacegirl" qui lorgne vers du New Order nouvelle génération, et dont le titre pourrait s’inspirer du "Halo Spaceboy" de David Bowie remixé par les Pet Shop Boys, ou quand H2SO4 emprunte le gimmick de "West End Girls" pour introduire "We Are Millions". Au final, on émerge revigoré d’une rêverie au cours de laquelle on a flirté avec Underworld et Fluke, et avec la nette impression de détenir le remède ultime aux baisses d’humeur du quotidien. Une merveille.

Thee Hyphen
"Incidental Tools of Confusion"

"Incidental Tools of Confusion"
DATES | Sorti le 26 juin 2021 | Publié le mercredi 28 juillet 2021
ET ALORS | L’histoire discrète cet album, le tout premier de Thee Hyphen, projet pré-Celluloide, vire carrément à la saga avec la sortie de cette version entièrement remasterisée. Pour d’obscures raisons, le disque fut inconsciemment sabordé par l’ajout d’effets métalliques malheureux sur le chant lors de sa sortie confidentielle en 1994. Il serait d’ailleurs probablement resté méconnu si les bandes originales n’avaient pas refait surface l’an dernier. Et c’est un retour vers le futur que tente aujourd’hui l’album qui sonne plus contemporain que jamais, après un nettoyage en règle assorti de nouveaux mixage et mastering. Et parce qu’on y entend de belles machines analogiques tourner à plein régime, parce que le chant s’est clairement humanisé avec des harmonies uniques, parce que chaque son est placé avec la précision d’un orfèvre, et enfin parce qu’on y retrouve une version si élégante de la ritournelle la plus entêtante de Celluloide en intro de "This Aching Kiss", on réalise soudain qu’avec cette version 2.0, Thee Hyphen s’offre un bond dans le présent, auquel appartient sans l’ombre d’un doute sa solide dark pop électronique sans concession, passionnée et flamboyante. Vous l’avez manqué à l’époque ? Ne ratez surtout pas sa mise à jour !

Carlo Onda
"Souleater"

"Souleater"
DATES | Sorti le 10 janvier 2021 | Publié le mercredi 21 avril 2021
ET ALORS | Quel… paradoxe. Autant le socle des compositions de Carlo Onda semble basique, que ce soient les sonorités de "synthés", de "percussions", les petits sons dispensés ça et là que l'on pourrait soupçonner d'être plus archaïques que véritablement vintage, mais en même temps, quel plaisir ! C'est carré, c'est puissant, ça donne envie de pousser à fond son ampli et de faire vibrer tout son appartement avec ce son qui vrombit et vous rend invincible lorsqu'il pénètre dans vos oreilles. Une sorte d'EBM du 21e siècle, qui n'est pas sans rappeler celle de Silent Servant, Kontravoid, ou Anthony Rother, mais avec deux choses en plus, ce mood italo-disco tout droit sorti des années 80, et ce "gros son" qui défonce tout, littéralement. Si on y ajoute cette voix nonchalante et burnée, cette impression de constant (dés)équilibre, mixant sonorités désuètes et production de génie, ce disque devient absolument irrésistible. Carlo Onda est originaire de Suisse allemande et son album "Souleater" est autoproduit, bien que le garçon ait déjà fait ses frasques avec ses premières K7 et EP sur les labels péruviens InClub Records, chez les Espagnols Oráculo Records et avec Cold Transmission. Un must pour démarrer ce nouveau printemps de confinement.

Zavoloka
"Ornament"

"Ornament"
[Prostir]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 14 octobre 2020 | Publié le mercredi 18 novembre 2020
ET ALORS | "Ornament" est le septième album solo de Kateryna Zavoloka, et il fait partie de ces disques qui ne se dévoilent pas totalement à la première écoute ; il est de ceux que l’on sent un peu pudiques tout en étant suffisamment faciles d’accès pour donner envie d'y revenir avec beaucoup de plaisir, de ceux qui requièrent une écoute régulière pour appréhender le contenu dans sa globalité. Du côté design sonore, l'électro instrumentale de cette artiste ukrainienne installée à Berlin fait appel à une palette chaude et aérienne qui rappelle des sons entendus chez Gridlock ou Hiro Kone, même si les décharges d’énergie pure ne sont jamais bien loin, celles-là même que l’on retrouve chez Cluster Lizard, le duo que la musicienne forme avec son compatriote Dmytro Fedorenko. Ce dernier s'occupe également du label spécialisé Kvitu pour lequel Zavoloka réalise toutes les pochettes, et c'est sans surprise qu'elle a bien entendu réalisé celle, magnifique, d'"Ornament" : on n’est jamais mieux servi que par soi-même, surtout lorsque l’on possède autant de talent.

Nation of Language
"Introduction, Presence"

"Introduction, Presence"
DATES | Sorti le 22 mai 2020 | Publié le mercredi 5 août 2020
ET ALORS | Déjà : quelle voix. Assurée, maniérée, si charmeuse avec sa diction soignée… on sent l’ombre de Lloyd Cole, de Morrissey ou encore Dave Gahan, celle de ces dandys qui rassurent et sont capables de nous entraîner au bout du monde. Mais autour de Ian Devaney, il y a aussi une succession de mélodies et des morceaux à la construction très intelligente, qui, bien qu’en apparence basés sur le combo classique guitare lumineuse, basse douce et prégnante, et batterie enjouée, étonnent très vite lorsque l’on voit surgir des synthés pour le moins "vintage". Quelle belle surprise que cette succession de perles qui oscillent entre indie pop et new wave (mention spéciale pour "The Division St.", "Automobile" ou encore "Friend Machine" et ses sonorités presque 8-Bits). Le disque ne s’essouffle jamais, et on s’étonne d’assister à un tel enchaînement de compositions douces-amères que l’on a toutes envie de chérir. On pense aux premiers New Order, à Black Marble ou à The Vagina Lips pour cette faculté incroyable à nous offrir quelque chose qui se révèle immédiatement comme une évidence, et, de la même façon que pour leur confrère grec, il y a toutes les chances que cette formation originaire de Brooklyn nous accompagne bien au delà de cet été.

Dead Horse One
"The West Is the Best"

"The West Is the Best"
DATES | Sorti le 22 novembre 2019 | Publié le lundi 6 avril 2020
ET ALORS | Vous ne les connaissez peut-être pas encore, et pourtant "The West Is the Best" est déjà le troisième album de Dead Horse One, un groupe français basé à Valence dont on ne trouvera pas meilleure définition à leur son que le titre même de leur premier EP paru en 2012 : "Heavenly Choirs of Jet Engines". Toutes guitares dehors et avec le plus gros son possible, véritable maelström d'effets sur lequel vient surfer en toute décontraction un chant masculin et éthéré avec ses mélodies tombées du ciel, en apesanteur. Ce nouveau disque est un bijou shoegaze/noise dans lequel les influences que nous aimons tant se mélangent comme les ingrédients dans un blender à l'heure de préparer un smoothie gourmand : My Bloody Valentine, Ride, les Boo Radleys d'avant "Wake Up" et tant d'autres. On y ajoute tout ce qu'on adore pour un résultat plein de douceur sans oublier la cerise sur la chantilly particulièrement allégée de "Gaze" et "Saudade", puisque c'est Mark Gardener de Ride qui a mixé l'album du début à la fin, s’il vous plaît, d’où cette finesse incroyable et inattendue pour un résultat bluffant.

2Kilos &More
"Exempt"

"Exempt"
DATES | Sorti le 12 février 2020 | Publié le lundi 23 mars 2020
ET ALORS | C’est éclatés sur la pochette de leur déjà cinquième album studio qu’apparaissent Séverine Krouch et Hugues Villette : nous étions habitués à les voir de dos ou grimpés dans les arbres, cette fois il sont tout simplement démembrés ! À la première les guitares, au second les parties rythmiques, la composante électronique est quant à elle partagée afin de cimenter des compétences mixtes et complémentaires à l’origine de cet unique subtil dosage d’electronica et de post-rock instrumental que l’on retrouve du début à la fin d’"Exempt". Le duo français reçoit bien entendu une fois de plus la visite de l’ami poète américain Black Sifichi qui en profite pour commencer par s’allumer une cigarette en trois tours de molette de briquet. Il y a toujours cette économie dans la forme, celle qui donne aux compositions de 2Kilos &More leur aspect de matériau très brut et leur confère une part d’authenticité, lesquelles apparaissent dès lors à l’opposé des flamboyances de Meta Meat, l’autre duo que Hugues forme avec Phil Von. Et si aujourd’hui trois labels de qualité sont impliqués pour la sortie du CD, du LP et la diffusion de la version digitale, c’est que cette fois c’est la bonne, on vous le garantit.

Deserta
"Black Aura My Sun"

"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.

PAGE | Suivante








