& les Chroniques
Express
Baulta
"Another Second Chance"
DATES | Sorti le 5 mars 2021 | Publié le vendredi 11 juin 2021
POURQUOI | Post-Rock | Pochette | dunk!
ET ALORS | Le cinquième album de Baulta commence par une sirène plaintive et inquiétante, au loin dans la brume, laquelle avertit que cette seconde chance est peut-être la dernière, et qu’il s’agit de ne pas la manquer. Après quatre disques auto-produits, "Another Second Chance" est le premier que les Finlandais réalisent pour le compte du véritable sanctuaire du post-rock instrumental de qualité qu’est le label belge dunk!. La musique de Baulta est de celles dont la beauté doit beaucoup à la gravité de son interprétation, à sa progression lente et expressive, à ses notes de piano qui véhiculent des mélodies fortes, économes et répétitives. D’une certaine manière, elle est à la fois douce et puissante, comme si le groupe était parvenu à contenir deux forces opposées tout au long de ces cinq morceaux robustes et solennels. Nous connaissions déjà les ingrédients, mais les proportions sont ici judicieuses : on pourrait d’ailleurs confondre avec le Cocteau Twins ambient de "Victorialand" sur la première moitié de "Hardly Even Here", avant sa seconde partie indéniablement cinématique; une composante que partage "Long May Reign", qui offre au disque un final héroïque en passant en revue tous les codes d’un genre qui n’en finit plus de nous passionner.
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15/20
RiLF
"My Beloved Farewell"
DATES | Sorti le 2 octobre 2020 | Publié le lundi 14 décembre 2020
ET ALORS | Il arrive qu’un seul coup d’oeil à la pochette d’un disque en dévoile avec justesse le contenu. "My Beloved Farewell", le nouvel album de RiLF est de ceux-là. Ce groupe japonais est composé de membres des formations Anoice et Matryoshka : la première est orientée musique instrumentale et néo classique, lorsque la seconde s’adonne à une electronica sur laquelle vient délicatement se poser un chant féminin fragile. L’accord au sein de RiLF est parfait, et les chansons qui prennent ainsi vie s’envolent avec beaucoup de grâce dans un ciel nuageux mais apaisant, proposant une poésie d’une beauté inouïe qui s’inspire de la pop d’avant-garde européenne pour la sublimer par ce petit quelque chose venu d’ailleurs. Nous retrouvons les influences de Sigur Ròs période "Untitled" et "Takk" au service de l’allégresse de "Soraninaru", de l’électronica mélancolique d’"Isolation", des onze minutes de "Someday We Will Find" et sa fin digne d’un feu d’artifice, ou encore de la douce euphorie de "Release You" qui conclut un album dont on ne se lasse pas une seule seconde. S’il n’est que le second disque en dix ans de ce collectif, c’est à coup sûr un chef-d’oeuvre de dream pop à la sensibilité toute japonaise à côté duquel il ne faut pas passer cet hiver.
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15
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16/20
Coldbones
"The Cataclysm"
DATES | Sorti le 17 avril 2020 | Publié le mercredi 29 juillet 2020
POURQUOI | Pochette | Coldbones
ET ALORS | Nous avions découvert Coldbones en 2018 avec "Where it all Began", un premier album que la paresse nous aurait dicté de classer sans suite sous la vaste bannière du post-rock. Seulement voilà, les compositions de ces jeunes gens sont plus à rapprocher de celles des Américains de Pray For Sound que de celles de Mono ou Sigur Rós, et méritent beaucoup plus d’attention qu’un rapide avis expédié. Le fait est que ces trois-là connaissent bien leur affaire : ils ont su trouver un son, voire une formule propre, dopée à l’énergie brute que "The Cataclysm" a su capter avec emphase en studio. Guidées par une batterie qui frappe sans relâche et s’approprie légitimement le premier plan, les guitares hurlent et envahissent l’espace disponible que l’absence de chant libère. Il en résulte un rock instrumental beau, puissant et vigoureux, avec de vraies belles intros qui glissent doucement vers des constructions complexes, dans lesquelles les guitares montent crescendo jusqu’à l’explosion finale, jusqu’au cataclysme. Une réussite totale.
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16
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16/20
Wire
"10:20"
DATES | Sorti le 19 juin 2020 | Publié le mercredi 1 juillet 2020
ET ALORS | Et de dix-huit pour Wire depuis le début de leur carrière, ou de neuf depuis leur reformation au début du XXIe siècle, après dix ans de silence. Et en 2020, "10:20" est aussi le deuxième album depuis le début de l'année après l'excellent "Mind Hive" sorti en janvier ! Confinement oblige, bon nombre de musiciens n'ont plus eu rien d'autre à faire, enfermés chez eux, que composer, composer, encore et encore. Alors tant pis pour les concerts, pour le fan de base il n'y a pas mieux qu'un nouveau disque ! "10:20" n'est pas cependant un véritable album doté de nouveaux morceaux, mais il reprend avec brio (avec qui ?) le flambeau de "Change Become Us" sorti en 2013, à savoir des réinterprétations de leurs propres morceaux. Qui dit "réinterprétation" ne dit pas "reprise", car cela va plus loin : Wire est capable de détruire soigneusement ce qui avait fait le succès d'un titre pour le reconstruire avec une rare intelligence, de nouveaux instruments et de nouvelles émotions. Et pour terminer cette chronique comme on l'a commencée, par des chiffres, ajoutons que l'âge est loin d'être rédhibitoire en matière de qualité : soixante ans, cela fait trois fois vingt ans, peut-être l'âge où l'on est le plus prolixe...
CONNEXE | Post-punk | Culte
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17/20
Sex Swing
"Type II"
DATES | | Publié le lundi 1 juin 2020
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Après un EP six titres paru fin 2016 dont nous ne ouîmes aucun écho, Sex Swing vient de sortir son premier album (sept titres, on change de catégorie), "Type II", et quel album ! Celui-ci est à l'image de la pochette et de la vidéo du single "The Passover" : malsain, morbide, avec tous les ingrédients propres à ravir tout ce que la musique compte de teigneux et de frustrés de tous âges. On pense aux Swans ou aux premiers Coil par le côté possédé, hypnotique et lancinant de la musique, ou plus près de nous à Pop. 1280 ou The Skull Defekts pour la hargne et la violence latente qui se dégagent de l'ensemble. Si vous aimez les saxos hurleurs, les synthés glacials, les basses énormes, les guitares tranchantes et le chant d'outre-tombe, vous serez ravis. Sex Swing vient d'Angleterre et deux de leurs quatre membres ont survécu l'un à un accident d'avion, l'autre à la foudre, c'est dire s'ils sont inspirés.
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16/20
Tides From Nebula
"From Voodoo to Zen"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le lundi 30 mars 2020
POURQUOI | Post-Rock | Pochette | Pologne
ET ALORS | Le rock instrumental des trois jeunes gens de Tides From Nebula a de quoi nous étonner et nous passionner : un jeu de guitare rageur, une section rythmique qui exécute des tonnes de motifs et des synthès aériens. La formule est diablement maitrisée et si elle était poussée au maximum, elle pourrait faire office de trait d’union entre le "WarMech" de Front Line Assembly et le "Myra" de Spurv. Ces musiciens originaires de Warsaw en Pologne jouent aujourd’hui dans la cour des grands en accordant une attention équivalente à leurs machines et leurs guitares, inventant une communication parmi deux mondes que l’on avait considérés jusqu’ici aussi hermétiques que peuvent l’être deux planètes d’un même système solaire, en permettant des échanges que l’on pensait impossibles voire contre-nature. "From Voodoo to Zen", leur cinquième album en dix ans revêt des allures de superproduction dans laquelle les machines et les guitares font match nul, et c’est bien là que réside la force de leurs compositions qui nous apparaissent alors comme une rafraichissante sortie de chemin sur l’autoroute souvent trop bien balisée du post-rock. Une sacrée réussite !
CONNEXE | Post-Rock | Pologne
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14/20
Riki
"Riki"
DATES | Sorti le 14 février 2020 | Publié le mercredi 25 mars 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On se plaint souvent lorsqu'un artiste donne trop d'indices sur ses intentions, les distillant à l’envi à travers son look, le graphisme, ou encore les titres de ses chansons. Mais l'on déplore tout autant lorsqu'ils n'en donne aucun. Avec Riki, c'est encore autre chose ! Si les indices sont bien présents, en masse même, avec une photo de l'artiste sur la pochette qui exhibe un look androgyne entre Alphaville, Bonnie Tyler, Valor et Adam Ant, des sonorités électroniques qui semblent la majeure partie du temps émaner d'un "orgue" Bontempi, des mélodies qui parfois nous rappellent le hit des années 80 "Popcorn", un chant parfois en allemand qui nous renvoie à "Da Da Da" ou "Der Kommissar", des lignes de synthés sorties tout droit d'un tube de Kajagoogoo… on reste malgré tout incapable de savoir ce à quoi l'on a exactement affaire. Parce que ce disque est au final beaucoup moins vintage qu'il en a l'air, plus sombre, plus mélancolique et bien moins superficiel que tous les repères auxquels il fait référence, parce que derrière cette italo-disco et ce faux rétro-futurisme se dévoilent les fantômes de Siouxsie, parce que si les apparences sont souvent trompeuses elles sont ici carrément labyrinthiques.
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15/20
2Kilos &More
"Exempt"
DATES | Sorti le 12 février 2020 | Publié le lundi 23 mars 2020
POURQUOI | Ant-Zen | Pochette | France
ET ALORS | C’est éclatés sur la pochette de leur déjà cinquième album studio qu’apparaissent Séverine Krouch et Hugues Villette : nous étions habitués à les voir de dos ou grimpés dans les arbres, cette fois il sont tout simplement démembrés ! À la première les guitares, au second les parties rythmiques, la composante électronique est quant à elle partagée afin de cimenter des compétences mixtes et complémentaires à l’origine de cet unique subtil dosage d’electronica et de post-rock instrumental que l’on retrouve du début à la fin d’"Exempt". Le duo français reçoit bien entendu une fois de plus la visite de l’ami poète américain Black Sifichi qui en profite pour commencer par s’allumer une cigarette en trois tours de molette de briquet. Il y a toujours cette économie dans la forme, celle qui donne aux compositions de 2Kilos &More leur aspect de matériau très brut et leur confère une part d’authenticité, lesquelles apparaissent dès lors à l’opposé des flamboyances de Meta Meat, l’autre duo que Hugues forme avec Phil Von. Et si aujourd’hui trois labels de qualité sont impliqués pour la sortie du CD, du LP et la diffusion de la version digitale, c’est que cette fois c’est la bonne, on vous le garantit.
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15/20
Pray For Sound
"Waves"
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mardi 11 février 2020
POURQUOI | Post-Rock | Pochette
ET ALORS | Le post-rock compte presque autant de ramifications, de sous-genres et de crossovers que de formations qui en jouent. Celui que propose Pray For Sound possède ses spécificités et son originalité, porté par une frappe ample et tout en rondeur au service d'une écriture qui rappelle avec surprise celle de la pop plutôt que celle habituellement plus saccadée du genre dans lequel sont classés ses disques. Avec ses refrains joués à la guitare et à fredonner en toute circonstance, le quatrième album instrumental du groupe américain originaire de Boston ne laisse que peu d'espace dans ses compositions, telle une pop rock suivant le schéma couplet-refrain sans chanteur ni chanteuse qui n'aurait pas sa place ici. Le son est à rapprocher de celui des jeunes prodiges belges Endless Dive plutôt que de celui, plus neurasthénique, de Mogwai. Plus pop que post, ce rock étiqueté avec maladresse s'est installé à la frontière entre deux mondes que l'on n'aurait guère osé rapprocher, et pourtant quelle réussite lorsqu'il est organisé par de jeunes gens si talentueux.
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14/20
Undertheskin
"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Pologne
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.
CONNEXE | Gothique | Post-Punk
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