Nick Cave & the Bad Seeds
« Wild God »
[PIAS]
Chronique rédigée par Yannick Blay
publiée le mardi 00 0000 à 00h00
sorti le vendredi 30 août 2024
Notre Père, ce bon vieux Old Nick, nous offre sa nouvelle évangile pour la fin de l’été afin de nous délivrer du Mal ambiant et planétaire. "Wild God", le bien nommé, moins méditatif et plus organique que "Ghosteen", démontre que Cave cède totalement aux suggestions du divin, comme touché de plein fouet par l’illumination céleste. Certes, le chanteur compositeur australien a depuis toujours été en quête du vénérable et de l’intouchable et il cite la Bible dans ses chansons, depuis ses tout débuts, jusqu’à l’obsession. Et aujourd’hui, particulièrement avec cet album, il transmet ou suggère l’imminence du sacré, voire du sanctifié. Nick a toujours vécu la musique comme une expérience extatique et spirituelle, tel Michael Gira des Swans ou Blixa Bargeld, son ancien guitariste, leader d’Einstürzende Neubauten, de manière plus égo-centrée et bien plus noire et torturée qu’aujourd’hui.
Dans les premiers Bad Seeds, il demandait au Seigneur d’avoir pitié de lui (avec par exemple le titre "Mercy") avec l’énergie du désespoir, et il s’intéressait surtout à la violence de l’Ancien Testament et tout ce qui touchait à la débauche, à l’outrance, à la damnation et au meurtre. Il crachait son venin et sa haine du monde avec une énergie vengeresse en utilisant des images bibliques et était plus proche sur disque et sur scène d’un prince des ténèbres gesticulant jusqu’au carnage que d’une figure christique. Son âme tourmentée et obscurcie par diverses addictions aux drogues dures le poussait à défricher des territoires empreints de Romantisme Noir qui faisaient tout le sel d’un "From Her To Eternity" ou d’un "Tender Prey." C’est tout le contraire aujourd’hui avec ces songs of faith & devotion. Avec l’aide bénie du co-compositeur Warren Ellis, véritable apôtre homme orchestre aux poils hirsutes et aux chaussettes séculaires, les compos de "Wild God" ne push plus le sky away, mais nous en rapprochent au contraire jusqu’à la lie.
Ses chansons touchent parfois à la folk évangélique et miséricordieuse ("Joy"), à la Soul et au Gospel, sur "Conversion" surtout. On a droit à de véritables chants de louange, des choeurs angéliques (omniprésents), des cris de joie et de reconnaissance de leur propre humanité, Nick Cave se découvrant un amour créateur partagé, avec un Art non plus vengeur mais sauveur grâce à Dieu.
Pourtant, à part quelques titres de la face B de l’album un peu plus faibles, le reste du disque ne perd en rien de l’intensité émotionnelle habituelle sur les disques des Bad Seeds.
Rappelons tout de même que depuis "The Boatman’s Call" (l’album le plus fragile et "mou" de la disco Bad Seeds), cet ancien enfant de chœur de la cathédrale anglicane Holy Trinity de Wangaratta en Australie s’intéresse surtout au Nouveau Testament et se fait plus calme et assagi. Mais ce sont les terribles tragédies familiales que Nick a traversées ces dernières années qui le poussent inexorablement à composer aujourd’hui des chansons qui envisagent réellement et consciemment la possibilité de Dieu et qui cherchent indubitablement à faire le bien. Tout comme avec son site theredhandfiles.com où, tel un prêtre soucieux des autres, il répond personnellement à diverses personnes qui lui écrivent pour demander conseil et partager leurs malheurs ou questionnements philosophiques et théologiques. Il donne de lui-même et célèbre la vie plutôt que la mort (comme auparavant dans "The Carny" ou "Mercy Seat").
Depuis "Ghosteen", ses chansons le transportent, vers un ailleurs plus lumineux, et entraînent son public avec lui. Avec "Wild God", les Bad Seeds procurent cependant un sentiment d’élévation jamais atteint auparavant (même si aucun titre n’atteint la perfection du sublime "Hollywood", la fureur d’un "Tupelo", l’intensité d’un "From Her To Eternity" ou la sublime beauté sombre et mortifère d’un "Mercy Seat"), et il faut reconnaître que ce nouveau visage de l’Australien lui sied plutôt bien. Grâce à la lumière divine, cette mauvaise graine enfin sortie de la cave, donne aujourd’hui une plante radieuse aux feuilles généreuses, resplendissantes et ouvertes sur le monde, une plante que je me plairai à nommer, helléniste en herbe que je suis, "un théophile héliophile" ! Joli, non ?
Plus Uriel qu’Azazel, Nick Cave est donc devenu avec le temps une âme lumineuse emplie de compassion et d’empathie capable sans doute de guérir les personnes les plus chagrines grâce à son Art. Ce n’est pas donné à tout le monde. Et ça ne plaira sans doute pas à tout le monde non plus
Dans les premiers Bad Seeds, il demandait au Seigneur d’avoir pitié de lui (avec par exemple le titre "Mercy") avec l’énergie du désespoir, et il s’intéressait surtout à la violence de l’Ancien Testament et tout ce qui touchait à la débauche, à l’outrance, à la damnation et au meurtre. Il crachait son venin et sa haine du monde avec une énergie vengeresse en utilisant des images bibliques et était plus proche sur disque et sur scène d’un prince des ténèbres gesticulant jusqu’au carnage que d’une figure christique. Son âme tourmentée et obscurcie par diverses addictions aux drogues dures le poussait à défricher des territoires empreints de Romantisme Noir qui faisaient tout le sel d’un "From Her To Eternity" ou d’un "Tender Prey." C’est tout le contraire aujourd’hui avec ces songs of faith & devotion. Avec l’aide bénie du co-compositeur Warren Ellis, véritable apôtre homme orchestre aux poils hirsutes et aux chaussettes séculaires, les compos de "Wild God" ne push plus le sky away, mais nous en rapprochent au contraire jusqu’à la lie.
Ses chansons touchent parfois à la folk évangélique et miséricordieuse ("Joy"), à la Soul et au Gospel, sur "Conversion" surtout. On a droit à de véritables chants de louange, des choeurs angéliques (omniprésents), des cris de joie et de reconnaissance de leur propre humanité, Nick Cave se découvrant un amour créateur partagé, avec un Art non plus vengeur mais sauveur grâce à Dieu.
Pourtant, à part quelques titres de la face B de l’album un peu plus faibles, le reste du disque ne perd en rien de l’intensité émotionnelle habituelle sur les disques des Bad Seeds.
Rappelons tout de même que depuis "The Boatman’s Call" (l’album le plus fragile et "mou" de la disco Bad Seeds), cet ancien enfant de chœur de la cathédrale anglicane Holy Trinity de Wangaratta en Australie s’intéresse surtout au Nouveau Testament et se fait plus calme et assagi. Mais ce sont les terribles tragédies familiales que Nick a traversées ces dernières années qui le poussent inexorablement à composer aujourd’hui des chansons qui envisagent réellement et consciemment la possibilité de Dieu et qui cherchent indubitablement à faire le bien. Tout comme avec son site theredhandfiles.com où, tel un prêtre soucieux des autres, il répond personnellement à diverses personnes qui lui écrivent pour demander conseil et partager leurs malheurs ou questionnements philosophiques et théologiques. Il donne de lui-même et célèbre la vie plutôt que la mort (comme auparavant dans "The Carny" ou "Mercy Seat").
Depuis "Ghosteen", ses chansons le transportent, vers un ailleurs plus lumineux, et entraînent son public avec lui. Avec "Wild God", les Bad Seeds procurent cependant un sentiment d’élévation jamais atteint auparavant (même si aucun titre n’atteint la perfection du sublime "Hollywood", la fureur d’un "Tupelo", l’intensité d’un "From Her To Eternity" ou la sublime beauté sombre et mortifère d’un "Mercy Seat"), et il faut reconnaître que ce nouveau visage de l’Australien lui sied plutôt bien. Grâce à la lumière divine, cette mauvaise graine enfin sortie de la cave, donne aujourd’hui une plante radieuse aux feuilles généreuses, resplendissantes et ouvertes sur le monde, une plante que je me plairai à nommer, helléniste en herbe que je suis, "un théophile héliophile" ! Joli, non ?
Plus Uriel qu’Azazel, Nick Cave est donc devenu avec le temps une âme lumineuse emplie de compassion et d’empathie capable sans doute de guérir les personnes les plus chagrines grâce à son Art. Ce n’est pas donné à tout le monde. Et ça ne plaira sans doute pas à tout le monde non plus
Ce qu'on a aimé
Nick a vu la Vierge et ça lui va bien
Un disque qui fait du bien au coeur et donne de l’espoir (en l’Humanité et en ce monde en général)
Un disque lumineux, céleste, solaire, bon pour le moral, bon, bon
Un disque théophile héliophile, comprenne qui pourra
Un disque to reach out & touch faith
Ce qu'on n'a pas aimé
La face B est plus faible que la A, moins émotionnelle, tellement qu’on préfère s’envoyer la face A en boucle et zapper la B. Quoique on y trouve "Conversion" et "Cinnamon Horses", quand même !
On aimerait parfois plus de "Carnage" à l’ancienne et moins de "Foi et d’Espérance"
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TRACKLISTING
1. Song of the Lake
2. Wild God
3. Frogs
4. Joy
5. Final Rescue Attempt
6. Conversion
7. Cinnamon Horses
8. Long Dark Night
9. O Wow O Wow (How Wonderful She Is)
10. As the Waters Cover the Sea
DATES
Sorti le vendredi 30 août 2024
Chroniqué le 00 0000
2. Wild God
3. Frogs
4. Joy
5. Final Rescue Attempt
6. Conversion
7. Cinnamon Horses
8. Long Dark Night
9. O Wow O Wow (How Wonderful She Is)
10. As the Waters Cover the Sea
DATES
Sorti le vendredi 30 août 2024
Chroniqué le 00 0000