& les Chroniques
Express
Night Sins
"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Ubikande
"Artefact"
DATES | Sorti le 30 avril 2019 | Publié le lundi 23 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Français
ET ALORS | Lorsqu’on découvre pour la première fois la voix de Cassandre Azama-Buxton, c’est à celle de Tanit que l’on pense. Immédiatement. Lyrique, grave, ciselée, décidée et maîtrisée ; une voix que l’on sait d’entrée importante et qui ne nous lâchera pas jusqu’à l’issue de l’écoute du premier album de Ubikande. Quant à l’environnement qui l’accompagne, il semble être tout aussi sûr de lui. Comment ne pas l’être pour concevoir des compositions aussi intenses, sorte de cold wave noisy qui mêle à la fois le malaise et la tension des Cranes, la noirceur des Cure et une énergie qui flirte avec l’industriel. On pense à The Young Gods ou à Killing Joke avec ces guitares dont émane une tension par moment quasi cathartique et ses mélodies hypnotiques. Mais l’objet, aux contours en constante transformation ne cesse de surprendre à chaque nouvelle écoute et rend rapidement bien futile cette recherche de références. Parce que si Ubikande a certainement les mêmes que les nôtres, la formation, originaire de Tours, a avec cet "Artefact" qui porte parfaitement son nom, créé quelque chose d’envoûtant.
VOUS
LECTEURS
17.5
PRÉMO
14/20
Undertheskin
"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Pologne
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.
CONNEXE | Gothique | Post-Punk
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Bedless Bones
"Sublime Malaise"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le jeudi 12 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Tallinn | Estonie
ET ALORS | Alors que dans un premier temps la voix de Kadri Sammel fait mine de nous entraîner vers des ambiances plutôt éthérées, la musique qui l’habille s’avère quant à elle rapidement bien plus complexe. Des rythmes parfois presque martiaux soutiennent des compositions d'obédience synthétique que n’auraient pas reniées en son temps Propaganda, avec un don pour les mélodies tout aussi solide que celui de ses aînés, mais ici vraiment modernes, mais bien moins faciles, comme un compromis malin entre heavenly, EBM et new wave. Le disque est riche en textures et en ambiances et se tient parfaitement de bout en bout même s’il faut un peu de patience pour se l’approprier. Une vraie surprise en provenance de Tallinn en Estonie, destination particulièrement touristique d’où l’on n’imaginait pas voir apparaître un aussi bel objet que ce disque de Bedless Bones.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Statiqbloom
"Asphyxia"
DATES | Sorti le 7 juin 2019 | Publié le mardi 17 septembre 2019
ET ALORS | L'adage populaire assure que l'on ne choisit ni sa famille ni ses parents, mais dès lors qu'il s'agit d’appartenir à une scène musicale, c'est une tout autre histoire. Il y a bien entendu des filiations plus évidentes que d'autres, et dans le cas présent, les membres de Statiqbloom ont clairement choisi de se positionner en tant qu'enfants légitimes du Skinny Puppy de la seconde moitié des 80s… qui auraient passé leurs vacances chez Synapscape. Sur leur second album de dark électro à l'ancienne (garanti sans aucun son préprogrammé), les compositions raclent le plancher et accrochent le plafond pour un résultat véritablement organique, jusqu’à sa pochette servie par un serpent albinos rampant sur le logo du groupe réalisé en bois. Le duo de Brooklyn y démontre un savoir-faire que l'on ne peut que respecter, tout en dépoussiérant du même coup "Vivisect VI" et "Cleanse Fold and Manipulate" que l'on avait un peu dédaignés ces dernières années. Fort heureusement, "Asphyxia" est venu remettre de l'ordre dans nos priorités.
VOUS
LECTEURS
14.5
PRÉMO
14/20
Supersimmetria
"Abiogenesis"
DATES | Sorti le 26 avril 2019 | Publié le jeudi 8 août 2019
POURQUOI | Hands | Pochette
ET ALORS | En cinq albums, dont les trois derniers pour le compte du label Hands, Armando Alibrandi continue de parfaire son électro mystique quelque part entre Zero Degree et Kangding Ray, dans un registre d’ambient industrielle cadencée sur des rythmes techno paisibles. Inspiré entre autres par la physique et le mystère qui entoure la naissance des étoiles, le musicien nous livre cette fois sa réflexion sur la création de la vie à partir de matière inerte : l'abiogenèse. Et se pose du même coup en docteur Frankenstein mettant au monde une electronica suturée et bouillonnante. Et c’est peut-être là sa propre définition de l'abiogenèse : permettre à des machines de libérer l'esprit humain, d'y provoquer des émotions et d'y faire naître des images mentales au moyen de couches sonores brodées autour de rythmiques mécaniques et binaires.
VOUS
LECTEURS
14
PRÉMO
14/20
Esya
"Absurdity of ATCG (I)"
DATES | Sorti le 24 mai 2019 | Publié le jeudi 1 août 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Titre
ET ALORS | Une voix écorchée, et des effets qui la transforment en un cri étouffé qui hante ces mélodies lancinantes et entêtantes. Les premières secondes de "Absurdity of Atcg" d'Esya, le projet de Ayşe Hassan, bassiste de Savages, sont tout simplement hypnotisantes. Le premier titre, "Everything", dure plus de 8 minutes et Esya y répète à l’envi "Here we are, lost and found". Ce que nous sommes, perdus, après avoir pénétré dans cet univers déformé aux guitares dissonantes. On est tout simplement happé, aspiré par ces mélodies hypnotiques. Suit "Nothing" et ces lancinants "Did you hide, did you die", comme autant d’interrogations qui nous éloignent de tous repères connus. On pense à Sonic Youth pour la dissonance et les guitares, à PJ Harvey pour ce chant brut, presqu'érotique, ou à Nine Inch Nails pour la noirceur et la rudesse de l'ensemble. Mais toute cette matière est en fait bien plus complexe, totalement addictive.
VOUS
LECTEURS
PRÉMO
14/20
Data Fragments
"Data Fragments"
DATES | sorti le 17 mars 2019 | Publié le mardi 7 mai 2019
POURQUOI | Grèce | Pochette | Nom
ET ALORS | Il suffit d’un son, d’un effet, d’une mélodie ou simplement d’une ambiance, et l’on se retrouve immédiatement renvoyé aux compositions de The Cure. Est-ce une malédiction qui empêcherait toute jeune formation d’obédience new-wave a s’imposer, comme si le groupe de Robert Smith était omniscient, ou bien sont-ce nos oreilles qui manquent de discernement ? Vous l’avez compris, Data Fragments baigne dans ces ambiances new-wave que l’on rattache souvent aux premiers Cure, mais qui rappellent aussi Little Nemo, Sad Lovers ou des formations plus récentes comme celles que l’on chronique ici. Et ce que ces artistes ont en commun est avant tout le goût de la mélancolie. On pourrait tenter d’estimer l’intérêt qu’il y a à ressasser à l’infini les mêmes sons sans les avoir vraiment digérés, on préférera prendre un sain plaisir à écouter cet album plutôt malin et franchement bien foutu. Cure, toujours…
VOUS
LECTEURS
12
PRÉMO
14/20
Ghostland
"Dances on Walls"
DATES | Sorti le 10 décembre 2018 | Publié le jeudi 14 mars 2019
ET ALORS | Trop de repères peuvent nuir à l'auditeur. "Dances on Wall" de Ghostland en est un parfait exemple. La formation est originaire d’Athènes et a signé avec le label parisien Manic Depression pour son premier album. Un label d'obédience gothique, qui accueille un groupe au nom qui l'est tout autant. Une poignée d'indicateurs comme autant de fausses pistes qui desservent les premières écoutes. Le disque est en effet plus lumineux que ce à quoi on pourrait s'attendre, neuf titres menés par la voix rafraîchissante de Makrina qui rappellent avant tout une autre formation bien éloignée de cet univers, les Canadiennes de The Organ. On est malgré tout plus près de Cure que des Smiths, avec quelques synthés en prime et de belles lignes de basse, mais il y a ici cette même lumière, ce don pour les mélodies enjouées et les compositions riches qui emporte tout et nous permet de passer un très bon moment.
VOUS
LECTEURS
13
PRÉMO
14/20
Fawns of Love
"Permanent"
DATES | Sorti le 18 janvier 2019 | Publié le jeudi 21 février 2019
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Une certaine vision des premières heures de Factory hantée par quelques fantômes shoegaze, voilà ce qui habite le deuxième album des Californiens de Fawns of Love. Les sonorités électroniques, synthétiques et rythmiques rappellent, dans le désordre, celles d'A Certain Ratio, Section 25, A.R. Kane, ou New Order, tandis que les guitares et leur réverb renvoient à Cure ("Horoscope"), New Order ("Permanent", "Mournful Eyes) ou Slowdive. Le chant n'est pas en reste lorsqu'il s'agit d'y voir des influences, la voix féminine, à la fois mélodique et atone, flotte dans un espace parallèle entre celles de Cocteau Twins et Blonde Redhead. Un assemblage de repères de très bon goût, qui offre un environnement très confortable et permet au disque de réussir l'improbable, offrir un résultat digeste, tant ce mélange d'influences est bien maîtrisé, rendant paradoxalement le résultat plutôt original.
VOUS
LECTEURS
13
PRÉMO
14/20
FILTRES | 14 | Pochette