& les Chroniques
Express
NNHMN
"Shadow in the Dark"
DATES | Sorti le 7 janvier 2020 | Publié le mardi 10 mars 2020
POURQUOI | Nom | Pochette
ET ALORS | NNHMN, pour Non Human. Bien que la rythmique binaire dispensée par Michel Laudarg et la voix lancinante de Lee semblent dans un premier temps vouloir confirmer cet état de "non humain", présentant dès le démarrage de l'album une composition basique, froide et robotique, on découvre vite qu'il ne s'agit en fait que de subterfuges et que le duo à beaucoup plus que ça à nous raconter. La progression de chaque morceau, l'ambiance étrange qui s'installe très vite et qui ne nous lâchera pas jusqu'au terme des huit titres, les subtilités électroniques parsemées ça et là, sans hasard, le charme de la voix et surtout de ce chant aux nuances bien plus riches que ce à quoi le genre minimal wave nous habitue, NNHMN est clairement bien plus humain que ce que la formation tente de nous faire croire, et surtout, bien plus intelligent que ce vers quoi renvoie le champs sémantique un peu vulgaire ("Shadow in the Dark", "Scars", "Black Sun", "Vampire"…) qui risque d'en détourner plus d'un de leur disque. L'intrigante vidéo du titre "Spécial", inspiré par Nico dans le film "La Cicatrice intérieure" réalisé par Philippe Garrel en 1972, n'est pas en reste pour nous convaincre que ces deux artistes méritent toute notre attention.
CONNEXE | Adult. | Minimal Wave | EBM
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15
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14/20
Say Hi
"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.
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14/20
Pray For Sound
"Waves"
DATES | Sorti le 8 novembre 2019 | Publié le mardi 11 février 2020
POURQUOI | Post-Rock | Pochette
ET ALORS | Le post-rock compte presque autant de ramifications, de sous-genres et de crossovers que de formations qui en jouent. Celui que propose Pray For Sound possède ses spécificités et son originalité, porté par une frappe ample et tout en rondeur au service d'une écriture qui rappelle avec surprise celle de la pop plutôt que celle habituellement plus saccadée du genre dans lequel sont classés ses disques. Avec ses refrains joués à la guitare et à fredonner en toute circonstance, le quatrième album instrumental du groupe américain originaire de Boston ne laisse que peu d'espace dans ses compositions, telle une pop rock suivant le schéma couplet-refrain sans chanteur ni chanteuse qui n'aurait pas sa place ici. Le son est à rapprocher de celui des jeunes prodiges belges Endless Dive plutôt que de celui, plus neurasthénique, de Mogwai. Plus pop que post, ce rock étiqueté avec maladresse s'est installé à la frontière entre deux mondes que l'on n'aurait guère osé rapprocher, et pourtant quelle réussite lorsqu'il est organisé par de jeunes gens si talentueux.
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14/20
Night Sins
"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.
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14/20
Ubikande
"Artefact"
DATES | Sorti le 30 avril 2019 | Publié le lundi 23 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Français
ET ALORS | Lorsqu’on découvre pour la première fois la voix de Cassandre Azama-Buxton, c’est à celle de Tanit que l’on pense. Immédiatement. Lyrique, grave, ciselée, décidée et maîtrisée ; une voix que l’on sait d’entrée importante et qui ne nous lâchera pas jusqu’à l’issue de l’écoute du premier album de Ubikande. Quant à l’environnement qui l’accompagne, il semble être tout aussi sûr de lui. Comment ne pas l’être pour concevoir des compositions aussi intenses, sorte de cold wave noisy qui mêle à la fois le malaise et la tension des Cranes, la noirceur des Cure et une énergie qui flirte avec l’industriel. On pense à The Young Gods ou à Killing Joke avec ces guitares dont émane une tension par moment quasi cathartique et ses mélodies hypnotiques. Mais l’objet, aux contours en constante transformation ne cesse de surprendre à chaque nouvelle écoute et rend rapidement bien futile cette recherche de références. Parce que si Ubikande a certainement les mêmes que les nôtres, la formation, originaire de Tours, a avec cet "Artefact" qui porte parfaitement son nom, créé quelque chose d’envoûtant.
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17.5
PRÉMO
14/20
Undertheskin
"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Pologne
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.
CONNEXE | Gothique | Post-Punk
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14/20
Anatoly Grindberg & Mark Spybey
"123 m"
DATES | Sorti le 27 mai 2019 | Publié le vendredi 13 décembre 2019
POURQUOI | Ant-Zen | Mark Spybey
ET ALORS | "123 m" (pour 123 mètres) est le disque d’une rencontre : celle du Russe Anatoly Grindberg (Tokee) et de l’Anglais Mark Spybey (Dead Voices On Air) le temps d’un voyage aux confins de la dark ambient, à la lisière de l’expérimental, de l’industriel et de la bande originale de film. Mélange subtil de field recording et de sons triturés pas toujours identifiés, l’ensemble se tient parfaitement et demande une attention toute particulière de la part de l’auditeur s’il veut s’immerger dans un monde fait de cris et de chuchotements, de rayons de lumière pâle et d’errances dans des terrains vagues. Ne venez pas y chercher des ritournelles à fredonner, ici c’est tout un univers parallèle qui vous est offert, parfois terrifiant et souvent très beau, comme la réalisation sonore d’un roman de Clive Barker. D’ailleurs il pourrait s’agir d'être plongé dans l’"Imajica" avec ses métamorphoses constantes et ses multiples allers et retours d’un monde à l’autre, que l’on s'y croirait pour de bon.
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14/20
Bedless Bones
"Sublime Malaise"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le jeudi 12 décembre 2019
POURQUOI | Pochette | Nom | Tallinn | Estonie
ET ALORS | Alors que dans un premier temps la voix de Kadri Sammel fait mine de nous entraîner vers des ambiances plutôt éthérées, la musique qui l’habille s’avère quant à elle rapidement bien plus complexe. Des rythmes parfois presque martiaux soutiennent des compositions d'obédience synthétique que n’auraient pas reniées en son temps Propaganda, avec un don pour les mélodies tout aussi solide que celui de ses aînés, mais ici vraiment modernes, mais bien moins faciles, comme un compromis malin entre heavenly, EBM et new wave. Le disque est riche en textures et en ambiances et se tient parfaitement de bout en bout même s’il faut un peu de patience pour se l’approprier. Une vraie surprise en provenance de Tallinn en Estonie, destination particulièrement touristique d’où l’on n’imaginait pas voir apparaître un aussi bel objet que ce disque de Bedless Bones.
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14/20
Moaan Exis
"Postmodern Therapy"
DATES | Sorti le 25 juin 2019 | Publié le mardi 24 septembre 2019
ET ALORS | Annoncé en mai par l’hallucinante vidéo du titre "Witness" qui ouvre de manière inquiétante "Postmodern Therapy", le second album de Moaan Exis s’impose comme une véritable machine de guerre de techno industrielle et rituelle. C’est d’ailleurs le visage peinturluré de rouge pour l’un et de noir pour le second que Xavier Guionie et Mathieu Caudron délivrent ensemble une musique musclée, truffée de trouvailles sonores astucieuses et de parties rythmiques boostées que les deux Français ont d’ailleurs baptisées "drum battles" lors de leurs lives. Au travers de son imagerie tribale, l’entité Moaan Exis cultive les mystères qu’un tel nom évoque, mais qu’elle sait cependant partager le temps d’un titre avec Caitlin Stokes du groupe Corlyx, digne d’être initiée. La mixité du chant rappelle d’ailleurs KMFDM, eux aussi habitués des albums lancés à cent à l’heure. Reste que "Postmodern Therapy" propose derrière une imagerie unique le son d’un nouveau monde sauvage, mi-humain et mi-animal, où ça hurle dans le micro et ça tambourine sur les fûts pour un résultat électro tribal et bestial.
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13
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14/20
Statiqbloom
"Asphyxia"
DATES | Sorti le 7 juin 2019 | Publié le mardi 17 septembre 2019
ET ALORS | L'adage populaire assure que l'on ne choisit ni sa famille ni ses parents, mais dès lors qu'il s'agit d’appartenir à une scène musicale, c'est une tout autre histoire. Il y a bien entendu des filiations plus évidentes que d'autres, et dans le cas présent, les membres de Statiqbloom ont clairement choisi de se positionner en tant qu'enfants légitimes du Skinny Puppy de la seconde moitié des 80s… qui auraient passé leurs vacances chez Synapscape. Sur leur second album de dark électro à l'ancienne (garanti sans aucun son préprogrammé), les compositions raclent le plancher et accrochent le plafond pour un résultat véritablement organique, jusqu’à sa pochette servie par un serpent albinos rampant sur le logo du groupe réalisé en bois. Le duo de Brooklyn y démontre un savoir-faire que l'on ne peut que respecter, tout en dépoussiérant du même coup "Vivisect VI" et "Cleanse Fold and Manipulate" que l'on avait un peu dédaignés ces dernières années. Fort heureusement, "Asphyxia" est venu remettre de l'ordre dans nos priorités.
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PRÉMO
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