& les Chroniques
Express
Johnny Marr
"Fever Dreams Pts 1-4"
DATES | Sorti le 25 février 2022 | Publié le mercredi 25 mai 2022
ET ALORS | Jusqu’ici nous évoquions les sorties solo de Johnny Marr avec la déférence due à l’un des meilleurs guitaristes de sa génération, sans pour autant nous enthousiasmer plus que de raison, ses vies passées au sein de ses groupes successifs nous intéressaient alors plus que son actualité. Mais avec l’arrivée de "Fever Dreams Pts 1-4", sa carrière solo change clairement de trajectoire, car le disque contient ce qui manquait aux précédents opus du guitariste légendaire devenu chanteur : des chansons incroyables. Ce quatrième album s’écoute, au choix, d’une traite ou découpé en quatre EPs compilés, un format qui semble aujourd’hui retrouver ses lettres de noblesse. Seize titres sans un seul morceau faiblard, c’est dire le soin particulier apporté à la cohérence de ce double album aux refrains et aux riffs si accrocheurs. Nul doute que dorénavant, les setlists des futurs concerts du Mancunien pourront se passer de puiser dans les répertoires des Smiths, d’Electronic ou de Depeche Mode car "Fever Dreams Pts 1-4" regorge de chansons qui n’ont pas à rougir de celles de ces formations anglaises. "Fever Dreams Pts 1-4" est de ces disques dont on sait qu’il y a eu un avant et un après, et nous font très nettement préférer l’après.
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17/20
We.The Pigs
"We.The Pigs"
DATES | Sorti le 26 novembre 2021 | Publié le lundi 24 janvier 2022
POURQUOI | Nom du groupe | Pochette
ET ALORS | Le premier album des Suédois de We.The Pigs est l’excellente surprise de la fin d’année dernière. Ce quintette originaire de Stockholm n’avait jusqu’ici enregistré que deux discrets singles, mais la sortie de "We.The Pigs" devrait changer la donne en ce qui concerne leur exposition au monde. Les chansons y sont efficaces et robustes, les influences sont héritées de l’indie rock à tendance noisy, shoegaze ou purement pop des 90s. Portés par un chant féminin aérien, We.The Pigs rejoint cette famille de jeunes talents que nous aimons et qui ne refusent pas quelques larsens lorsque l’occasion se présente ; on pense à Manon Meurt, à Pinkshinyultrablast, à Blankenberge ou encore à Be Forest, des formations qui ont essaimé dans toute l’Europe et dont la qualité des productions n’a rien à envier à celles qui créaient la sensation en Angleterre il y a plus de trente ans. Avec ce premier album pop, audacieux et bluffant, We.The Pigs, le pied sur les pédales d’effets, passe ce mur du son que nous adorons tant franchir avec ou sans casque, et délivre ici une sacrée collection cohérente et enivrante de chansons que l’on a envie de continuer de fredonner pendant longtemps. Reste tout de même un point qu’il faudra éclaircir : pourquoi ce drôle de nom ?
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PRÉMO
17/20
White Canyon and The 5th Dimension
"Spectral Illusion"
DATES | Sorti le 2 avril 2021 | Publié le vendredi 6 août 2021
ET ALORS | Inutile d’y aller par quatre chemins : "Spectral Illusion", le très addictif second album de White Canyon and The 5th Dimension est un authentique album de guitares, tour à tour domptées et douces, puis sauvages et rugueuses, qui serpentent sur le sinueux chemin du rock psychédélique et du post punk minimal que le groupe s’est choisi. C’est un album qui se faufile entre mystère et mystique, qui parle de légendes et de l’au-delà, de fantômes, de spectres et de serpent qui se mord la queue, et dont la pochette illustre à merveille le propos. Dans cette brume orchestrée par les guitares nerveuses et les cymbales d’une batterie bestiale, l’on croit reconnaître la voix de Jim Reid sur une obscure face B compilée sur le "Barbed Wire Kissed" de The Jesus and Mary Chain. Mais "Spectral Illusion" sait être autre chose de plus sournois, de plus inquiétant et de plus perçant aussi, grâce à cette rythmique qui semble se caler sur le souffle court d’un animal nocturne en chasse, comme sur le magnifique "Endless Sea" de neuf minutes. Organique, impulsive et instinctive, telle est la musique de ce duo brésilien mixte extrêmement discret mais diablement efficace, capables de produire un disque surprenant, si mystérieux, lancinant et enivrant.
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16/20
Thee Hyphen
"Incidental Tools of Confusion"
DATES | Sorti le 26 juin 2021 | Publié le mercredi 28 juillet 2021
POURQUOI | Réédition | Celluloide
ET ALORS | L’histoire discrète cet album, le tout premier de Thee Hyphen, projet pré-Celluloide, vire carrément à la saga avec la sortie de cette version entièrement remasterisée. Pour d’obscures raisons, le disque fut inconsciemment sabordé par l’ajout d’effets métalliques malheureux sur le chant lors de sa sortie confidentielle en 1994. Il serait d’ailleurs probablement resté méconnu si les bandes originales n’avaient pas refait surface l’an dernier. Et c’est un retour vers le futur que tente aujourd’hui l’album qui sonne plus contemporain que jamais, après un nettoyage en règle assorti de nouveaux mixage et mastering. Et parce qu’on y entend de belles machines analogiques tourner à plein régime, parce que le chant s’est clairement humanisé avec des harmonies uniques, parce que chaque son est placé avec la précision d’un orfèvre, et enfin parce qu’on y retrouve une version si élégante de la ritournelle la plus entêtante de Celluloide en intro de "This Aching Kiss", on réalise soudain qu’avec cette version 2.0, Thee Hyphen s’offre un bond dans le présent, auquel appartient sans l’ombre d’un doute sa solide dark pop électronique sans concession, passionnée et flamboyante. Vous l’avez manqué à l’époque ? Ne ratez surtout pas sa mise à jour !
CONNEXE | Électro | France | Celluloide
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15/20
Marva Von Theo
"Afterglow"
DATES | Sorti le 26 février 2021 | Publié le lundi 7 juin 2021
ET ALORS | Nous avions découvert Marva Von Theo en 2018 avec "Dream Within a Dream", le premier album d’un jeune duo venu d’Athènes, et dont la dark pop impressionnait par l’incroyable justesse de son interprétation et par les choix de ses expérimentations. Trois ans plus tard, l’alchimie des compositions électroniques de Theo Foinidis et le lyrisme de Marva Voulgari confine à la perfection sur "Afterglow". Il faut reconnaître que la chanteuse possède une voix charnue et sensuelle, d’une précision telle que son chant si vivant nous donne l’impression de voir danser avec beaucoup de grâce les notes de sa partition. On pense naturellement à Bel Canto et à Pocket Knife Army pour la formule mixte, le timbre de la voix, ainsi qu’un certain penchant pour la prise de risque. Mais les comparaisons s’arrêtent là, car ici chaque titre dévoile la puissance mélodique et le savoir-faire unique d’un groupe pour lequel tout est devenu possible avec ce second disque intelligent et intemporel, à la réalisation minutieuse et remarquable. D’ailleurs, "Afterglow" aurait aussi bien pu être enregistré il y a quinze ans ou bien dans vingt, car sa réussite repose en très grande partie sur une qualité fondamentale : le talent.
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17
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17/20
Carlo Onda
"Souleater"
DATES | Sorti le 10 janvier 2021 | Publié le mercredi 21 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Nom
ET ALORS | Quel… paradoxe. Autant le socle des compositions de Carlo Onda semble basique, que ce soient les sonorités de "synthés", de "percussions", les petits sons dispensés ça et là que l'on pourrait soupçonner d'être plus archaïques que véritablement vintage, mais en même temps, quel plaisir ! C'est carré, c'est puissant, ça donne envie de pousser à fond son ampli et de faire vibrer tout son appartement avec ce son qui vrombit et vous rend invincible lorsqu'il pénètre dans vos oreilles. Une sorte d'EBM du 21e siècle, qui n'est pas sans rappeler celle de Silent Servant, Kontravoid, ou Anthony Rother, mais avec deux choses en plus, ce mood italo-disco tout droit sorti des années 80, et ce "gros son" qui défonce tout, littéralement. Si on y ajoute cette voix nonchalante et burnée, cette impression de constant (dés)équilibre, mixant sonorités désuètes et production de génie, ce disque devient absolument irrésistible. Carlo Onda est originaire de Suisse allemande et son album "Souleater" est autoproduit, bien que le garçon ait déjà fait ses frasques avec ses premières K7 et EP sur les labels péruviens InClub Records, chez les Espagnols Oráculo Records et avec Cold Transmission. Un must pour démarrer ce nouveau printemps de confinement.
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15/20
Foretaste
"Happy End!"
DATES | Sorti le 29 janvier 2021 | Publié le lundi 19 avril 2021
POURQUOI | Pochette | Synthpop | France
ET ALORS | Cinq ans après son impeccable "Space Echoes" enregistré la tête dans les étoiles, Foretaste pose les pieds sur terre avec un sixième album dont le track-listing compose une phrase (à condition d’y placer judicieusement la ponctuation), et nous promet une fin heureuse, même si la pochette de "Happy End!" suggère, non sans malice, une issue bien différente. Et question contraste, le duo a cette fois-ci fait le pari d’un son plus brut et plus expérimental, orchestré par des motifs rythmiques plus chaotiques qu’à l’ordinaire, renforcé par une palette sonore moins lisse que sur ses productions précédentes, qui confèrent un relief inédit à ses compositions de pop électronique. Car c’est bien de pop dont il s’agit avant tout ici : gorgée des refrains imparables qui font la force des Français, et portée par une quantité de sons qui clignotent de toutes parts. À mi-parcours, "Robotic Blues" qui renvoie la politesse du "So Sorry" de Dekad constitue la surprise de ce voyage vers la fin du monde, avant de laisser la place à trois tubes supplémentaires introduits par "Bored To Death", dédicace au label qui accueille fidèlement le groupe depuis ses débuts. Mais pourquoi diable l’histoire devrait-elle se terminer ?
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PRÉMO
14/20
Onoda
"Land/Islands"
DATES | Sorti le 9 octobre 2020 | Publié le jeudi 26 novembre 2020
POURQUOI | Pochette | Noise Pop | France
ET ALORS | Quelle claque ! "Land/Islands" est le tout premier album du groupe français Onoda, et pourtant, il fait déjà preuve d’une audacieuse maturité. Et de la maturité, il en aura fallu pour laisser ces cinq longs morceaux de six à dix minutes chacun progresser à un rythme tout autant serein que martial. Quitte à doubler le nombre de mesures afin d’atteindre un idéal sonique époustouflant soutenu par des boucles répétitives et emmené par une rythmique qui vrombit comme le moteur d’une mécanique qu’il faudrait sans cesse alimenter. Passées leurs intros inquiétantes et tendues, les chansons montent en puissance, mues par une batterie intraitable et des boucles qui tournent, retournent et permettent aux refrains de s’introduire dans la tête jusqu’à l’ivresse. On pense à une version noisy pop aux accents krautrock du "Data Mirage Tangram" des Young Gods, avec cette idée commune du travail sur le son au coeur même des compositions, pour un résultat extrêmement dense et d’une richesse incroyable. Une telle réussite n’arrive pas par accident : il y a forcément une sacrée dose de talent là-dessous.
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16/20
House of Harm
"Vicious Pastimes"
DATES | Sorti le 4 septembre 2020 | Publié le mardi 24 novembre 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On est tout de suite tombé sous le charme de la new wave de House of Harm. Le premier contact a évidemment eu lieu avec la pochette et ces trois silhouettes monochromes et floues, hommage forcément intentionnel au "Pornography" de The Cure. La référence à leurs grands-parents britanniques ne s'arrête pas là tant la formation originaire de Boston s'amuse à piocher ça et là sons et mélodies qui ne sont pas sans rappeler celles de Robert Smith, les clochettes de "Coming of Age", la rythmique et la basse du démarrage de "Against the Night", ou encore la petite mélodie de guitare de "Catch". Mais ces clins d'oeil ne sont que des repères rassurants et amusants et n'entachent en rien la construction des compositions, pas plus que leur originalité. Celles-ci s'avèrent en effet bourrées d'intelligence et fichtrement efficaces. Les synthés, guitares, et rythmiques puisent allègrement dans le genre sans finalement ne plagier aucun groupe particulier, on ne pense d'ailleurs jamais vraiment à The Cure, d'autant que la voix de Michael Rocheford, si elle aussi suit les codes du genre, s'impose et contribue à entériner l'identité propre du groupe. 35 minutes trop courtes qui incitent à écouter encore et encore le disque.
CONNEXE | The Cure | New Wave | Synthpop
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14/20
Lamia Vox
"Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer"
DATES | Sorti le 1 aout 2020 | Publié le vendredi 30 octobre 2020
ET ALORS | "Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer" ("Tout est Rivage. La Mer appelle pour toujours"), le quatrième album de Lamia Vox, de son vrai nom Alina Antonova, s'écoute obligatoirement en fermant les yeux. Votre subconscient vagabond vous chuchotera alors en un éclair que si Lisa Gerrard avait décidé, en 1998, de s’associer au duo Suédois Arditi plutôt qu’à l’Australien Pieter Bourke, l'album "Duality" que la chanteuse de Dead Can Dance sortit cette année-là aurait furieusement ressemblé au nouvel album de l’artiste tchèque dont il est question ici. Les rythmes martiaux s'invitent dans des compositions néo-classiques faites de sons de cors, de santour et de nappes inquiétantes, pour un résultat qui emprunte les chemins de procession de la dark ambient, de la musique rituelle et du chant éthéré. Jamais répétitif, à la fois solennel et très beau, le disque libère ses incantations titre après titre tout au long d’une cérémonie digne. Une très belle réussite.
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PRÉMO
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