& les Chroniques
Express
Gwenn Tremorin & Anatoly Grinberg
"Singularity Spectrum"
DATES | 2023-04-14 | Publié le mardi 12 septembre 2023
POURQUOI | Flint Glass | Ant-Zen
ET ALORS | "Singularity Spectrum" est le son de la nuit qui tombe, inquiétante et pleine de mystères, comme une réponse en version lumineuse et étoilée au ténébreux et colossal "Night Falls" de Hecq. Nous invitant à lever les yeux vers le ciel, ces deux fines lames du design sonore que sont Gwenn Tremorin & Anatoly Grinberg ont su, avec précision, concision et sobriété, composer un disque où la surenchère sonore est à rechercher dans les couches successives de détails minutieux qu’offre cette electronica à la sensibilité à fleur de peau, et dont la rythmique est démultipliée, étirée puis compactée jusque dans ses moindres retranchements quantiques. Si le disque réussit à s’élever jusqu’aux frontières d’une dark ambient aux touches néo-classiques et ethniques, il explose sur un final absolument grandiose qu'est le titre "Paradoxia". Ecoute après écoute, "Singularity Spectrum" révèle un nouveau son, une nouvelle boucle, un nouveau secret caché dans cette oeuvre de science fiction qui dépeint un univers contraire au nôtre, et qui s’enrichit de deux EPs supplémentaires, "Strange Nebula" et "Fire Pulsations", prolongeant encore plus loin le voyage aux confins du cosmos. Une réussite absolue.
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17/20
Daniel Avery
"Ultra Truth"
DATES | Sorti le 4 novembre 2022 | Publié le mercredi 7 décembre 2022
ET ALORS | Il y a d’abord cette pochette traitée au noir absolu au milieu de laquelle apparaît une forme fluide, un visage pas tout à fait humain ni vraiment de chair : une apparition ? Un champ de force ? Car "Ultra Truth", le sixième album solo de Daniel Avery pulse et rayonne, empilant les couches sonores comme s’il s’agissait d’une matière dense dont le producteur britannique pourrait modifier à sa guise jusqu’à la structure moléculaire. Une introduction au piano passée à la moulinette, des déflagrations de matière noire sur "Devotion", "Higher" ou "Chaos Energy" que vient contrebalancer la grâce de "Spider" et de "Collapsing Sky"; tout dans "Ultra Truth" est question d’équilibre, de respiration, de pause puis de libération d’énergie brute. Aucun détail n’est laissé au hasard dans ce disque où le centre de gravité oscille en permanence entre ritournelles entêtantes ("Lone Swordsman", "Ultra Truth") et hymnes en accords mineurs ("Wall Of Sleep", "Lone Swordsmen"). Avec "Ultra Truth", Daniel Avery nous offre sa plus belle réalisation à ce jour, prolongeant les ambiances de "Together In Static" qui nous avait beaucoup impressionnés l’année dernière, et repousse toutes les limites de la musique électronique avec un disque intense à ne surtout pas manquer.
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18
PRÉMO
16/20
Flint Glass
"Azathoth"
DATES | Sorti le 21 juin 2022 | Publié le jeudi 8 septembre 2022
ET ALORS | Second volet de la trilogie que Flint Glass consacre à l’oeuvre d’H.P. Lovecraft, "Azathoth" a digéré toutes les collaborations dark ambient qu'a menées Gwenn Trémorin depuis la sortie du premier volume, "Nyarlathotep", en 2006. Écouter ce nouveau disque cent pour cent Flint Glass, le premier depuis seize ans, c’est décider de quitter notre monde pour un autre, aux contours flous, drapé dans une dark ambient brumeuse, pénétrante et habitée, dans laquelle l’auditeur avance à la lumière pâle de sa frontale, sans oser plisser les yeux afin d'éviter une mise au point qu'il pourrait regretter amèrement. C'est aussi une électronica ultra dark aux rythmiques savantes et tout en finesse que distille "Azathoth", où le travail sur le son reste époustouflant tout au long de ces huit titres riches de minutieux détails qui rendent compte d'un bestiaire venu d’un univers parallèle et effrayant, imaginé par l'écrivain américain au siècle dernier, et que complète à merveille celui, sonore, du musicien français. Face à une telle justesse de complémentarité, on s’interroge : et si Flint Glass venait de réaliser la collaboration la plus ultime qui soit, celle qui réunirait deux artistes qu'un siècle sépare mais que l’imaginaire rapproche indéniablement ?
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PRÉMO
16/20
Quinquis
"Seim"
DATES | Sorti le 20 mai 2022 | Publié le samedi 30 juillet 2022
ET ALORS | C’est du bout des doigts et du bout des lèvres qu’Emilie Tiersen, de son nom de jeune fille Emilie Quinquis, donne vie à "Seim", un disque plein de mystères et de révélations, co-écrit et co-produit par Gareth Jones, véritable légende du son électronique que l’on ne présente plus. La production est évidemment très soignée, feutrée, comme préservée dans une délicate bulle d’espace temps inaltérable. Guidé par la lumières de l’ambient et rythmée la pulsation de la melantronica, "Seim" s’impose comme la musique des rêves. Un souffle, quelques notes de cordes de guitare tout juste pincées ici ou là, et voici que "Seim" devient également la musique des étoiles, celle qui, dans notre imagination, accompagne avec grâce le mouvement des constellations. Du bout des lèvres et du bout des doigts, Quinquis interprète exclusivement en breton des chansons d’une exquise fragilité : un murmure, une respiration, et ces douces mélodies deviennent autant de comptines portées par ces boucles électroniques à la mécanique discrète. Du bout des lèvres et du plus profond de son âme, Quinquis nous offre un disque remarquable qui célèbre la vie dans toute sa quiétude et sa sérénité.
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PRÉMO
14/20
Lith
"Anthropocene"
DATES | Sorti le 29 janvier 2022 | Publié le vendredi 17 juin 2022
POURQUOI | Dark Ambient | France
ET ALORS | L’Anthropocène est l’époque géologique caractérisée par l’avènement de l'activité humaine prépondérante à tout autre facteur naturel qui prédominait jusque-là, et détermine le sort de notre planète tout entière. Et c’est cette réalité que décrit fort bien le nouvel album du Français David Vallée et son projet Lith, dont l’électronica brute, massive et tellurique, associée à des patterns rythmiques fouillés et complexes, imagine la bande-son d’un futur que l’humanité a déjà orienté, voire condamné. Sur les dix titres instrumentaux qui composent "Anthropocene", le ton est solennel et la palette sonore est inquiétante pour évoquer ce constat tragique. Dès son intro qui sonne comme une mise en garde, "Anthropocene" semble remonter aux premières heures de l’Homme sur Terre avec sa rythmique tribale, avant de nous entrainer dans la désolation d’un monde de ruines et de cendres, au moyen de titres sans équivoque. Pour rendre compte de la puissance de nuisance et de destruction dont fait preuve notre espèce, le musicien emprunte autant au dubstep qu’à l’industriel et à la dark ambient sur ce disque dont la finesse d’exécution n’a pas fini de révéler la tonne de détails sonores qui nous fascinent.
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PRÉMO
16/20
Johnny Marr
"Fever Dreams Pts 1-4"
DATES | Sorti le 25 février 2022 | Publié le mercredi 25 mai 2022
ET ALORS | Jusqu’ici nous évoquions les sorties solo de Johnny Marr avec la déférence due à l’un des meilleurs guitaristes de sa génération, sans pour autant nous enthousiasmer plus que de raison, ses vies passées au sein de ses groupes successifs nous intéressaient alors plus que son actualité. Mais avec l’arrivée de "Fever Dreams Pts 1-4", sa carrière solo change clairement de trajectoire, car le disque contient ce qui manquait aux précédents opus du guitariste légendaire devenu chanteur : des chansons incroyables. Ce quatrième album s’écoute, au choix, d’une traite ou découpé en quatre EPs compilés, un format qui semble aujourd’hui retrouver ses lettres de noblesse. Seize titres sans un seul morceau faiblard, c’est dire le soin particulier apporté à la cohérence de ce double album aux refrains et aux riffs si accrocheurs. Nul doute que dorénavant, les setlists des futurs concerts du Mancunien pourront se passer de puiser dans les répertoires des Smiths, d’Electronic ou de Depeche Mode car "Fever Dreams Pts 1-4" regorge de chansons qui n’ont pas à rougir de celles de ces formations anglaises. "Fever Dreams Pts 1-4" est de ces disques dont on sait qu’il y a eu un avant et un après, et nous font très nettement préférer l’après.
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17/20
Gnome & Spybey
"The Seventh Seal"
DATES | Sorti le 7 avril 2021 | Publié le vendredi 16 juillet 2021
POURQUOI | Ant-Zen | Mark Spybey
ET ALORS | Pour un peu, nous passions à côté du septième album de Gnome & Spybey, sorti début avril, "The Seventh Seal". Le disque crée la surprise puisqu’il s’agit du premier album que le duo réalise avec autant de vocaux au premier plan. Parler de chansons serait cependant un raccourci trop rapide, un amalgame un poil osé, pour ce qui relève plutôt du spoken words assez proche des travaux de Coil période "Astral Disaster" et "Musick to Play in the Dark". On découvre alors que le timbre de Mark Spybey est ici très proche de celui de John Balance, une bénédiction qui ne gâche rien à l’affaire, et ses paroles fantomatiques, comme capturées entre deux mondes et pour la première fois propulsées au premier plan, installent une dualité et un réconfort, dans cet océan d’ambient électronique un rien angoissante. Rarement au sein de ses autres projets Beehatch, Dead Voices on Air ou plus récemment en compagnie d’Anatoly Grinberg, Mark Spybey ne nous avait semblé aussi accessible : c’est une première tellement réussie que l’on en redemande déjà.
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PRÉMO
15/20
Lisa Gerrard & Jules Maxwell
"Burn"
DATES | sorti le 7 mai 2021 | Publié le lundi 12 juillet 2021
ET ALORS | La pochette pourrait faire penser à celle de la bande originale d’un documentaire animalier ou d’un film, un exercice auquel Lisa Gerrard se plie régulièrement depuis plus de vingt ans, il n’y a cependant pas de connexion au septième art ici. "Burn" est bel et bien le nouvel album studio de Lisa Gerrard, cette fois épaulée par le compositeur Jules Maxwell, également claviériste de de Dead Can Dance en live. Ce nouveau disque rappelle justement le groupe avec son brassage occasionnel de voix, féminine et masculine, Jules Maxwell remplaçant honorablement Brendan Perry à ce poste. Trois ans après "Dionysus", disque franchement raté auquel la chanteuse s’était associée à contre-coeur, "Burn" est une très belle revanche. Électronica et world music se mêlent avec extrême justesse, le disque s’affirme au fil des écoutes clairement plus accessible que les précédents opus de l’Australienne, trop souvent versés dans le sacré. Si la moitié des chansons possède malgré tout cette emphase propre aux génériques de fin, les mélodies sont bien plus aériennes que plombées, et avec ses belles percussions, "Burn" est sans conteste l’album le plus chaleureux et le plus lumineux de la discographie de Lisa Gerrard. À ne surtout pas manquer.
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PRÉMO
16/20
Sébastien Guérive
"Omega Point"
DATES | Sorti le 19 mars 2021 | Publié le lundi 12 avril 2021
ET ALORS | À la fois musicien et sound designer, Sébastien Guérive fait partie de cette famille de compositeurs à laquelle appartiennent également Ben Lukas Boysen, Ben Frost ou encore Franck Vigroux, et dont le travail sur le son est essentiel, sinon primordial, pour transmettre des sensations à l’auditeur, reléguant parfois la mélodie au second plan. "Omega Point", le nouvel album du Nantais, est de par son apparente simplicité mélodique et sa complexité sonore, une machine à faire cristalliser des émotions pures, comme s’il appartenait à chacun d’imaginer les scènes d’un film muet à partir de ses compositions électroniques. Grâce à une palette généreuse de sons juxtaposés et de mélodies discrètes à la musicalité fraiche, presque candide, les titres s’enchaînent, chacun suggérant une émotion particulière, comme si nous étions immergés dans une succession des scènes où s'inviteraient tour à tour l’angoisse, la surprise, la déception, la colère, l’audace ou encore la mélancolie, voire le regret. Egalement metteur en son pour des créations au théâtre, ce magicien maîtrise sans conteste le pouvoir suggestif des vibrations et des textures. Une très belle réussite, émouvante et délicate.
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PRÉMO
14/20
RiLF
"My Beloved Farewell"
DATES | Sorti le 2 octobre 2020 | Publié le lundi 14 décembre 2020
ET ALORS | Il arrive qu’un seul coup d’oeil à la pochette d’un disque en dévoile avec justesse le contenu. "My Beloved Farewell", le nouvel album de RiLF est de ceux-là. Ce groupe japonais est composé de membres des formations Anoice et Matryoshka : la première est orientée musique instrumentale et néo classique, lorsque la seconde s’adonne à une electronica sur laquelle vient délicatement se poser un chant féminin fragile. L’accord au sein de RiLF est parfait, et les chansons qui prennent ainsi vie s’envolent avec beaucoup de grâce dans un ciel nuageux mais apaisant, proposant une poésie d’une beauté inouïe qui s’inspire de la pop d’avant-garde européenne pour la sublimer par ce petit quelque chose venu d’ailleurs. Nous retrouvons les influences de Sigur Ròs période "Untitled" et "Takk" au service de l’allégresse de "Soraninaru", de l’électronica mélancolique d’"Isolation", des onze minutes de "Someday We Will Find" et sa fin digne d’un feu d’artifice, ou encore de la douce euphorie de "Release You" qui conclut un album dont on ne se lasse pas une seule seconde. S’il n’est que le second disque en dix ans de ce collectif, c’est à coup sûr un chef-d’oeuvre de dream pop à la sensibilité toute japonaise à côté duquel il ne faut pas passer cet hiver.
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PRÉMO
16/20
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