& les Chroniques
Express
Daniel Avery
"Ultra Truth"
DATES | Sorti le 4 novembre 2022 | Publié le mercredi 7 décembre 2022
ET ALORS | Il y a d’abord cette pochette traitée au noir absolu au milieu de laquelle apparaît une forme fluide, un visage pas tout à fait humain ni vraiment de chair : une apparition ? Un champ de force ? Car "Ultra Truth", le sixième album solo de Daniel Avery pulse et rayonne, empilant les couches sonores comme s’il s’agissait d’une matière dense dont le producteur britannique pourrait modifier à sa guise jusqu’à la structure moléculaire. Une introduction au piano passée à la moulinette, des déflagrations de matière noire sur "Devotion", "Higher" ou "Chaos Energy" que vient contrebalancer la grâce de "Spider" et de "Collapsing Sky"; tout dans "Ultra Truth" est question d’équilibre, de respiration, de pause puis de libération d’énergie brute. Aucun détail n’est laissé au hasard dans ce disque où le centre de gravité oscille en permanence entre ritournelles entêtantes ("Lone Swordsman", "Ultra Truth") et hymnes en accords mineurs ("Wall Of Sleep", "Lone Swordsmen"). Avec "Ultra Truth", Daniel Avery nous offre sa plus belle réalisation à ce jour, prolongeant les ambiances de "Together In Static" qui nous avait beaucoup impressionnés l’année dernière, et repousse toutes les limites de la musique électronique avec un disque intense à ne surtout pas manquer.
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18
PRÉMO
16/20
Flint Glass
"Azathoth"
DATES | Sorti le 21 juin 2022 | Publié le jeudi 8 septembre 2022
ET ALORS | Second volet de la trilogie que Flint Glass consacre à l’oeuvre d’H.P. Lovecraft, "Azathoth" a digéré toutes les collaborations dark ambient qu'a menées Gwenn Trémorin depuis la sortie du premier volume, "Nyarlathotep", en 2006. Écouter ce nouveau disque cent pour cent Flint Glass, le premier depuis seize ans, c’est décider de quitter notre monde pour un autre, aux contours flous, drapé dans une dark ambient brumeuse, pénétrante et habitée, dans laquelle l’auditeur avance à la lumière pâle de sa frontale, sans oser plisser les yeux afin d'éviter une mise au point qu'il pourrait regretter amèrement. C'est aussi une électronica ultra dark aux rythmiques savantes et tout en finesse que distille "Azathoth", où le travail sur le son reste époustouflant tout au long de ces huit titres riches de minutieux détails qui rendent compte d'un bestiaire venu d’un univers parallèle et effrayant, imaginé par l'écrivain américain au siècle dernier, et que complète à merveille celui, sonore, du musicien français. Face à une telle justesse de complémentarité, on s’interroge : et si Flint Glass venait de réaliser la collaboration la plus ultime qui soit, celle qui réunirait deux artistes qu'un siècle sépare mais que l’imaginaire rapproche indéniablement ?
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PRÉMO
16/20
Lith
"Anthropocene"
DATES | Sorti le 29 janvier 2022 | Publié le vendredi 17 juin 2022
POURQUOI | Dark Ambient | France
ET ALORS | L’Anthropocène est l’époque géologique caractérisée par l’avènement de l'activité humaine prépondérante à tout autre facteur naturel qui prédominait jusque-là, et détermine le sort de notre planète tout entière. Et c’est cette réalité que décrit fort bien le nouvel album du Français David Vallée et son projet Lith, dont l’électronica brute, massive et tellurique, associée à des patterns rythmiques fouillés et complexes, imagine la bande-son d’un futur que l’humanité a déjà orienté, voire condamné. Sur les dix titres instrumentaux qui composent "Anthropocene", le ton est solennel et la palette sonore est inquiétante pour évoquer ce constat tragique. Dès son intro qui sonne comme une mise en garde, "Anthropocene" semble remonter aux premières heures de l’Homme sur Terre avec sa rythmique tribale, avant de nous entrainer dans la désolation d’un monde de ruines et de cendres, au moyen de titres sans équivoque. Pour rendre compte de la puissance de nuisance et de destruction dont fait preuve notre espèce, le musicien emprunte autant au dubstep qu’à l’industriel et à la dark ambient sur ce disque dont la finesse d’exécution n’a pas fini de révéler la tonne de détails sonores qui nous fascinent.
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PRÉMO
16/20
Lisa Gerrard & Jules Maxwell
"Burn"
DATES | sorti le 7 mai 2021 | Publié le lundi 12 juillet 2021
ET ALORS | La pochette pourrait faire penser à celle de la bande originale d’un documentaire animalier ou d’un film, un exercice auquel Lisa Gerrard se plie régulièrement depuis plus de vingt ans, il n’y a cependant pas de connexion au septième art ici. "Burn" est bel et bien le nouvel album studio de Lisa Gerrard, cette fois épaulée par le compositeur Jules Maxwell, également claviériste de de Dead Can Dance en live. Ce nouveau disque rappelle justement le groupe avec son brassage occasionnel de voix, féminine et masculine, Jules Maxwell remplaçant honorablement Brendan Perry à ce poste. Trois ans après "Dionysus", disque franchement raté auquel la chanteuse s’était associée à contre-coeur, "Burn" est une très belle revanche. Électronica et world music se mêlent avec extrême justesse, le disque s’affirme au fil des écoutes clairement plus accessible que les précédents opus de l’Australienne, trop souvent versés dans le sacré. Si la moitié des chansons possède malgré tout cette emphase propre aux génériques de fin, les mélodies sont bien plus aériennes que plombées, et avec ses belles percussions, "Burn" est sans conteste l’album le plus chaleureux et le plus lumineux de la discographie de Lisa Gerrard. À ne surtout pas manquer.
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16/20
Front Line Assembly
"Mechanical Soul"
DATES | Sorti le 15 janvier 2021 | Publié le dimanche 28 mars 2021
ET ALORS | Deux mois seulement ont séparé son annonce et sa sortie, et l’on comprend l’urgence car qui mieux que Front Line Assembly sait chanter la pandémie, la désolation et la fin du monde ? Mais c'est surtout dans sa conception que "Mechanical Soul" intrigue : Rhys Fulber reconnaît avoir accumulé énormément de matériel solo depuis ses débuts techno en 2017, et admet volontiers avoir pioché dans cette réserve pour donner corps à cet opus, pourtant enregistré à deux. Cela s'entend effectivement sur chaque morceau qui sonne comme ses productions personnelles, avec en sus la marque de fabrique du groupe reconnaissable entre mille : les vocaux de Bill Leeb calés au millimètre. Les morceaux s’enchaînent et percutent comme cet extraordinaire "Unknown" qui présente quelques similitudes avec "Shifting Through the Lens" sur "I.E.D", ou "Komm, Stirbt Mit Mir" qui rappellera à bien des égards "Schicksal" sur "Civilization". Un magnifique tour de passe-passe transforme le "Future Fail" avec Jean-Luc de Meyer sur "Artificial Soldier" en un "Barbarians" peut-être ralenti, mais à la puissance de frappe décuplée. Avec un nouveau Noise Unit également dans la course, on se dit que l'on va réussir à tenir bon en 2021.
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15.33
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16/20
Brazzier
"Lignes Futures"
DATES | Sorti le 10 novembre 2020 | Publié le jeudi 24 décembre 2020
POURQUOI | Pochette | Frigo | Solo | France
ET ALORS | Entre 2002 et 2009, Max Balquier officiait au chant et à la guitare au sein du trio Frigo dont l’EP "Téléportation" fut d’ailleurs chroniqué ici-même pour rendre compte de l’électro-rock exceptionnel du groupe breton. L’aventure s’arrêtera après deux albums, avant de revenir sous la formule allégée du duo en 2018 avec You Vicious!. Et voici qu’aujourd’hui installé à Rennes, le Quimpérois sort "Lignes Futures", son premier album solo publié sous un pseudonyme brûlant, malicieux clin d’oeil au Frigo des débuts. Exclusivement électronique, écrit en français, le disque se caractérise par une touchante sincérité que l’on doit à la précision des mots choisis pour rendre compte des introspections nocturnes du musicien. Grâce à cette écriture incroyablement authentique, aidé de boîtes à rythmes et de quelques synthés, le Breton donne vie à une série de titres éblouissants où se bousculent mauvais départs, fuite en avant, futur incertain, nous entrainant entre rêve et réalité au plus profond de nuits sans lune ni sommeil. Et cette remarquable justesse du vocabulaire nous autorise à nous demander si ces histoires ne réveillent pas en nous, telles des braises sur lesquelles il suffisait de souffler, des sentiments jusque là enfouis. Fascinant.
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17.5
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16/20
RiLF
"My Beloved Farewell"
DATES | Sorti le 2 octobre 2020 | Publié le lundi 14 décembre 2020
ET ALORS | Il arrive qu’un seul coup d’oeil à la pochette d’un disque en dévoile avec justesse le contenu. "My Beloved Farewell", le nouvel album de RiLF est de ceux-là. Ce groupe japonais est composé de membres des formations Anoice et Matryoshka : la première est orientée musique instrumentale et néo classique, lorsque la seconde s’adonne à une electronica sur laquelle vient délicatement se poser un chant féminin fragile. L’accord au sein de RiLF est parfait, et les chansons qui prennent ainsi vie s’envolent avec beaucoup de grâce dans un ciel nuageux mais apaisant, proposant une poésie d’une beauté inouïe qui s’inspire de la pop d’avant-garde européenne pour la sublimer par ce petit quelque chose venu d’ailleurs. Nous retrouvons les influences de Sigur Ròs période "Untitled" et "Takk" au service de l’allégresse de "Soraninaru", de l’électronica mélancolique d’"Isolation", des onze minutes de "Someday We Will Find" et sa fin digne d’un feu d’artifice, ou encore de la douce euphorie de "Release You" qui conclut un album dont on ne se lasse pas une seule seconde. S’il n’est que le second disque en dix ans de ce collectif, c’est à coup sûr un chef-d’oeuvre de dream pop à la sensibilité toute japonaise à côté duquel il ne faut pas passer cet hiver.
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15
PRÉMO
16/20
Celluloide
"Futur Antérieur"
DATES | Sorti le 24 janvier 2020 | Publié le mercredi 5 février 2020
ET ALORS | Il nous aura fallu patienter cinq années pour découvrir la suite d’ "Art Plastique", le précédent véritable album du groupe électronique le plus câblé de l’hexagone. Et quelle suite ! Sous sa pochette minimaliste et immaculée, l'objectif de "Futur Antérieur" sera atteint dès la première écoute, à savoir nous fournir un nouveau lot de titres accrocheurs, franchement malins et bourrés de détails à l’attention des plus attentifs. "Quelque Chose S'Efface", "La Cité des Aveugles", "Ta Main Se Glace" pour n'en citer que trois dont le potentiel évident aura fait mouche du premier coup, soit autant de nouveaux tubes à rajouter à une discographie déjà riche en pépites électroniques et analogiques. En plaçant toujours avec justesse ses bips et bleeps clignotants et multicolores associés au chant faussement détaché de Darkleti, le trio marseillais n’aura eu de cesse de fabriquer ces riches chansons au grand coeur pop et aux mélodies gourmandes, pleines de malice. On vous aura prévenus.
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13
PRÉMO
16/20
Echoberyl
"Apparition"
DATES | Sorti le 27 juillet 2019 | Publié le mercredi 18 septembre 2019
POURQUOI | Pochette | Paris
ET ALORS | C'est un exercice assez périlleux auquel se sont prêtés Cecilia Dassonneville et Adriano Iacoangeli avec leur projet Echoberyl. La première, parisienne, et le second, romain d'origine, que l'on connait pour son autre projet Polyverso qu'il partage avec Ari Todero, auteure des textes d'e cet album, expérimentent en effet une synthpop totalement décomplexée qui allie sans gêne des sonorités synthétiques "classiques" à des guitares plus inattendues. Et le mélange prend sacrément bien ! Avec les premières notes de "Dark Embrace Me" c'est New Order qui déboule en trombe, tandis qu'un peu plus loin c'est Cure qui s'invite sur "Rectangle" ou encore sur "Salt on Scars"… . Quant à la voix de Cécilia, elle n'est pas en reste pour nous séduire avec son phrasé atone qui pourrait rendre jalouse Léti de Celluloide, comme un compromis malin entre la pop française des années 60 et une synthpop froide, parfois empruntée, voire habitée, mais surtout diablement bien foutue. Parce que c'est dans cette cour-là qu'Echoberyl joue, celle des défricheurs qui parviennent encore et encore à renouveler un domaine qui n'en finira jamais de nous toucher.
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13.75
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16/20
Elz and the Cult
"Psychrodrama"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mardi 30 juillet 2019
POURQUOI | Turquie | Pochette | Nom
ET ALORS | Il va falloir arrêter de s’étonner de l’origine géographique d’un artiste ; on voit chaque semaine se dévoiler de toutes les régions du monde de nouveaux talents, plus ou moins originaux, mais toujours passionnés. Elz and the Cult est un trio originaire d’Istanbul et offre avec son second album "Psychodrama" un disque étonnant parce que particulièrement riche et intense. Une rythmique assez robuste, des synthés omniprésents, un chant addictif, parfois en turc, assez vindicatif et souvent touchant, l’ensemble offre une multitude de repères entre new wave, dark wave, électronique et post punk, et sème le trouble en nous balançant sans manière entre le "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails et des ambiances plus proches de Human League. Et ça, paradoxalement, d’une façon particulièrement homogène. Un condensé de très belles choses qui fait preuve d’une maturité étonnante.
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PRÉMO
16/20
FILTRES | Electro | 16