Chroniquer un disque de Wire est devenu quasiment aussi simple que ce le fut de chroniquer un album de The Fall. Wire, né à la même époque, aura fait une parenthèse de 10 ans dans les années 90, mais depuis sa renaissance au début des années 2000 le parcours reste similaire. Il y a d'abord une recette originale unique, copiée mais jamais égalée, basée sur quelques notes sèches, répétitives et tranchantes de guitares très électriques, agrémentées d'une basse monolithique, de synthés discrets et d'une batterie qui claque comme un fouet, le tout bourré d'expérimentations tant mélodiques que sonores. Sans oublier le chant froid et monocorde si particulier de Colin Newman. Il y a ensuite, tous les deux ans, un disque au design minimaliste, hélas toujours trop court, comportant une dizaine de pierres précieuses au sens premier du terme : “pierre”, parce qu’il s’agit d’un matériau brut, solide, rassurant et protecteur mais qui peut aussi se transformer en arme dangereuse, et “précieuse” parce qu'elle a été polie, ciselée, lustrée, qu'elle incarne la beauté et la pureté, mais aussi la richesse et le pouvoir. Un album de Wire, c'est tout cela à la fois : une musique essentielle, basique, dure et sans concessions, enrobée de poésie et de beauté, brillante de mille feux. Les disque se suivent et se ressemblent, avec quelques variations : parfois les morceaux sont plus violents, jusqu'à frôler la folie furieuse, parfois le tempo se ralentit jusqu'à affleurer la douceur et la sérénité. “Mind Hive” est un mix parfait entre les deux. Inutile d’en dire plus, on s’en délecte dès les premières secondes. Wire est un groupe dans lequel on se jette corps et âme, ou alors on passe son chemin. Choisissez votre camp !