Pixies

« Head Carrier »

[PIAS]

Chronique rédigée par Fred Thébault

publiée le lundi 19 septembre 2016 à 07h41

sorti le vendredi 30 septembre 2016



Il y a 25 ans de cela (*), ma première chronique musicale pour le jeune fanzine papier Prémonition concernait le quatrième album des Pixies, "Trompe le Monde". J'étais tellement fan de ce groupe que l'un de mes pseudos les plus utilisés pour de nombreuses années à suivre, dans les divers mondes virtuels précédant Facebook & co, fut "Sad Punk", du nom d'un morceau de cet album. Alors, après un silence radio de 23 ans, quand sortit "Indie Cindy", mettez-vous à ma place, la première note de guitare de Joey Santiago qui parvint à mes oreilles réveilla quelque chose de profondément enfoui. Ma vénérable expérience de chroniqueur prenait du plomb dans l'aile : mon enthousiasme pour cet album, très controversé, n'était-il qu'un vulgaire attrait nostalgique, avais-je des oeillères, était-je devenu un vieux con ? Rien à faire : deux ans après, "Indie Cindy" reste le cinquième album des Pixies, et pas l'ersatz balourd et fripé d'un talent évaporé avec l'âge, comme ont pu en pondre tant de "vieux" groupes reformés des années après. Certes, soyons honnête, "Indie Cindy" n'était pas à la hauteur de "Bossanova" ou "Doolittle", mais il n'avait rien de honteux et à défaut d'être un disque excellent, on pouvait sans honte le qualifier de "très bon".

Aujourd'hui, c'est "Head Carrier" qui sort. Le fan transi est-il plus à même qu'il y a deux ans d'analyser ce disque ? Deux ou trois écoutes suffisent à le placer au moins au même niveau qu'"Indie Cindy". Il y a la voix narquoise, énervée, cynique de Black Francis/Frank Black. Il y a la guitare tantôt furieuse tantôt surf guillerette de Joey Santigao. Il y a la batterie nerveuse de David Lovering. Et s'il n'y a plus la basse et les choeurs de Kim Deal, il y a ceux de cette petite "nouvelle" nommée Paz Lenchantin (qu'on avait entendue dans A Perfect Circle et le ratage Zwan, le groupe de Billy Corgan), membre officiel du groupe depuis juillet dernier, et qui remplace parfaitement son illustre prédécesseur/se/trice/eure. Et puis, comme pour "Indie Cindy", rien à faire : j'ai beau chercher un peu d'ennui, farfouiller pour y dénicher des effets de manche, comparer avec d'autres ratages d'autres survivants des 90's, rien à faire : je n'y vois que le plaisir de vieux potes de jouer ensemble, qu'une série de morceaux -plutôt sombres, comme le titre éponyme, mais ce n'est pas péjoratif- vigoureux et mordants ("Um Chagga Lagga", "Baals Back") avec des ballades héroïques ("Tenement Song", "Plaster Of Paris"), de sacrés tubes ("Talent" et les précités) et tout un cortège de mélodies imparables et accrocheuses.

"Head Carrier" est le sixième album des Pixies, il est foutrement réussi, et si comme le précédent ce n'est ni un chef d'oeuvre ni l'album du siècle, il reste bien meilleur qu'un tas de nouveautés hype qui n'épatent que les moins de 25 ans. "Head Carrier" tournera dans mes oreilles pendant de longues semaines avant de finir, probablement, dans mon top 20 de l'année. Et tant pis si c'est ma seule foutue nostalgie qui me pousse à écrire cette chronique à la première personne du singulier.

(*j'étais alors âgé de 3 ans, j'ai donc 28 ans.)


Ce qu'on a aimé
La fureur mesurée, intacte après 25 ans
Le son Pixies, fidèle à lui-même et d'une efficacité redoutable
La remplaçante de Kim Deal, Paz Lenchantin
Les tubes intersidéraux
Tout, quoi !
Ce qu'on n'a pas aimé
La pochette, un peu bordélique
La similitude du titre "All I think About Now" avec "Where Is My Mind"
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TRACKLISTING
1. Head Carrier
2. Classic Masher
3. Baals Back
4. Might As Well Be Gone
5. Oona
6. Talent
7. Tenement Song
8. Bel Esprit
9. All I Think About Now
10. Um Chagga Lagga
11. Plaster Of Paris
12. All The Saints

DATES
Sorti le vendredi 30 septembre 2016
Chroniqué le 19 septembre 2016