In The Nursery

« Humberstone »

[ITN Corporation]

Chronique rédigée par Bertrand Hamonou

publiée le 15 mai 2022 à 21h52

sorti le vendredi 22 avril 2022



À quand remonte notre premier contact avec la musique d’In The Nursery ? Etait-ce avec "Twins", "Stormhorse", "L’Esprit" ou peut-être bien lors de la sortie de la compilation "Counterpoint" ? À bien y réfléchir, nous avons passé la majeure partie de notre vie à suivre avec passion, l’une après l’autre, les sorties de ces albums si beaux et tellement hors-normes, parfois hors du temps lui-même, ces pierres chatoyantes d’un édifice magnifique, patiemment construit sur quatre décennies ; et c’est leur vie entière que Klive & Nigel ont consacrée à enregistrer cette discographie vraiment à part. "Humberstone" qui vient de paraître reprend là où s’était arrêté "1961" (2017), lequel célébrait l’année de naissance des jumeaux, qui en baptisant ce nouveau disque de leur patronyme, annoncent clairement s’inspirer de leur histoire familiale et dédient d’ailleurs l’album à leurs parents disparus. C’est une oeuvre de fait extrêmement belle et personnelle, voire intime, et l’on imagine qu’elle s’affranchit du poids des mots par pudeur. Ce sont donc dix titres instrumentaux et cinématographiques dédiés à un rôle et une activité donnés par leur titre respectif, construits autour de souvenirs parfois en sépia, souvent en noir et blanc, toujours authentiques, parmi lesquels on retrouve nos repères habituels et rassurants, de la basse maltraitée qui coopère avec une rythmique façon tambours militaires sur "Redpits (The Gardener)" à la guitare torturée empruntée à Sigur Rós sur "Sulcus (The Ploughman)". "Emigré (The Dressmaker)", le titre qui ouvre l’album avec emphase fait déjà figure de classique avec ces codes qui n'appartiennent qu'à eux, quand le titre le plus poignant est probablement "The Storyteller", durant lequel on peut entendre leur mère faire la lecture aux jumeaux alors enfants. Quant à la lente descente vers les abîmes de "Suvla Bay (The Cavalryman)", elle nous rappelle que le style néo-classique et la bande originale ne sont jamais très loin des aspirations post-punk du début, et constituent d'ailleurs la marque de fabrique du son In The Nursery depuis plus de trente ans. Si "Humberstone" est la bande originale d'une histoire familiale en format long métrage, c’est aussi un disque élégant et somptueux, touchant et inspiré par les vertus les plus nobles : la sincérité et l’authenticité. Il ne fait aucun doute aujourd'hui que si Klive et Nigel n'avaient pas dédié leur propre vie à composer la discographie d'In The Nursery, c'est à coup sûr la nôtre qui aurait été bien plus terne.


Ce qu'on a aimé
La richesse des ambiances
L'inspiration authentique
L'équilibre des influences post-punk / bande originale
Ce qu'on n'a pas aimé
La dénomination des titres en trois parties qui surcharge la lecture, et rend difficile leur compréhension
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TRACKLISTING
1. H21 Émigré (The Dressmaker)
2. H43 Ektachrome (The Animator)
3. H29 Underscore (The Apprentice)
4. H24 Mallards (The Storyteller)
5. H57 Cookham Stone (The Painter)
6. H26 Sulcus (The Ploughman)
7. H31 Redpits (The Gardener)
8. H47 Suvla Bay (The Cavalryman)
9. H58 Centrefire (The Gunsmith)
10. H57b A Room At The End Of The Mind (The Jeweller)

DATES
Sorti le vendredi 22 avril 2022
Chroniqué le 15 mai 2022