Daughter

« Not to Disappear »

[4AD]

Chronique rédigée par Christophe Labussière

publiée le 31 janvier 2016 à 02h19

sorti le vendredi 15 janvier 2016



​Étonnant ce sentiment indéfectible qui nous lie à 4AD depuis plus de 35 ans, alors que l'identité intrinsèque du label s'est pourtant dissoute il y a maintenant 15 ans. En 2000, alors libéré du carcan imposé par Ivo Watts Russel, 4AD est parvenu tant bien que mal, après tout de même un hiatus de dix ans, à trouver un second souffle, tentant de préserver son esprit toujours novateur, pour ne pas dire avant-gardiste, en se libérant des shémas stricts qui le singularisaient jusqu'alors et qui commençaient à l'étouffer. Tout le contour de cette niche dorée, feutrée, de ce moule si particulier dans lequel Ivo faisait entrer en douceur ses artistes, tel un hôte bienveillant, et qui lui ont permis de révéler au monde moult talents immenses, a alors volé en éclat pour permettre au label de ressusciter et de s'adapter. Et nous, année après année nous avons regardé passer ces nouveaux artistes, caractérisés par leurs différences et leur créativité (Blonde Redhead, Ariel Pink's Haunted Graffiti, The National, Deerhunter, TV On the Radio, Beirut...), respectueux que nous étions, mais persistant à attendre en secret le nouveau Graal.
Puis vint Daughter. Au départ une douce folk aux accents mélancoliques, soignée, mais trop souvent larmoyante, décousue, trop austère. On appréciait sans être bouleversés pour autant.
Puis, il y a quelques jours, "Not to Disappear". Étincelant, brillant, poignant. Élégant. D'une subtilité sidérante. Personne ne nous avait fait découvrir un tel univers depuis des années. La voix d'Elena Tonra est ensorcelante, la production et les compositions sont d'une richesse incroyable et laissent loin derrière le premier album qu'on est en droit aujourd'hui de juger comme raté. Il n'y a avec "Not to Disappear" pas un faux pas, et si l'on peut relever quelques écarts ("To Belong", "How"), des prises de risques ("No Care"), l'ensemble, particulièrement riche, est malgré tout homogène, d'une grande cohérence. Les Londoniens nous racontent une multitude d'histoires et nous entrainent dans un tourbillon d'émotions, de délicatesse, alternent balades soignées et cristalines avec des titres plus shoegaze, oscillant entre indie-pop, post-rock et dream-pop. Un disque magnifique.


Ce qu'on a aimé
Renouer avec l'esprit 4AD
L'émotion qui se dégage de chaque pore de cet album
Les paroles
Ce qu'on n'a pas aimé
Rien
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TRACKLISTING
1. New Ways
2. Numbers
3. Doing the Right Thing
4. How
5. Mothers
6. Alone / With You
7. No Care
8. To Belong
9. Fossa
10. Made of Stone

DATES
Sorti le vendredi 15 janvier 2016
Chroniqué le 31 janvier 2016