Miruna Boruzescu, native de Bucarest, œuvre depuis 2016 dans la synth-pop hantée, mâtinée d’indus’. Sous le nom de Borusiade, elle fait paraître régulièrement ses compos épurées sur bon nombre de labels tels Cómeme, Monika Enterprise, Relish, P-Balans, Cititrax, Correspondant, Pinkman et surtout Dark Entries. Après un excellent disque intitulé "Fortunate Isolation" paru début 2020, c’est un nouvel EP, cette fois chez Tripalium Corp. que Miruna continue de se purger l’âme par le biais de la création musicale avec ces nouvelles séquences mélancoliques qui ont pour thème les peines de cœur et le confinement. La Roumaine semble faire revivre les années sombres d’Industrial Records avec son chant maussade et désincarné et ses saisissantes bidouilles analogiques. Le Bucarest d’aujourd’hui exhalerait-il les odeurs nauséabondes du quartier d’Hackney du Londres des 70’s ou encore l’atmosphère austère de Hull ? Miruna se serait-elle nourrie de Throbbing Gristle ou de Chris & Cosey jusqu’à la lie ?
Si les errances aliénées et nonchalantes de "Purge" ou le bien trop long "Haunted Evolution" peuvent lasser, le premier titre "Let Go", single minimal wave en diable justifie à lui seul l’intérêt pour cet EP. Le bancal et bien nommé "Nervous" est presque du même tonneau et rappelle un peu l’excellent "To The Self" de son très recommandable album précédent. Sur la face B, on se délectera du très down tempo "Granted", ballade languissante et désabusée qui ne déparerait pas sur un album de The Knife, voire de Factory Floor quand le groupe londonien se laissait aller à des penchants plus "synth-noir" et post-industriels que dansants. À suivre de très près !