Chouette, un nouveau Bloc Party, se dit le fan transi qui les suit depuis, ô, bien dix ans déjà. Et de se rappeler aussi que l'album solo de Kele Okereke, "Trick" (2014) étant carrément insupportable, ça fait plaisir de voir que le groupe est toujours là, avec de nouveaux membres, après que Matt Tong et Gordon Moakes, respectivement batteur et bassiste, et piliers du groupe, aient tiré leur révérence. La pochette est très jolie, et dès les premières notes... ça part bien, un bon groove électro, la voix de Kele, qui fait beaucoup, ce feeling bien particulier qui mêle danse et intellect, spleen et délivrance, douceur et urgence, tout une gamme de sentiments opposés et complémentaires, bref une musique chaleureuse et humaine. Hélas ! Cet effet-là ne dure que l'espace d'un titre, le premier, "The Love Within" ! Au troisième morceau, on a déjà oublié le deuxième, et on se dit "vite, le quatrième". Et puis les titres se suivent et se ressemblent. Au sixième, on prend subitement conscience que tout ça est absolument ampoulé, larmoyant, sirupeux, on croirait presque, parfois, entendre du maître Gims ! Une horreur. Au début de "My True Name", huitième titre, l'intro rassure un peu, mais ça fait vite plouf. Alors, comme on a été bien élevé, on écoute l'album jusqu'au bout, mais malgré toute notre bonne volonté, notre désir de pardon, de compréhension, d'amour envers notre prochain, on est en plein supplice. Et d'ailleurs, est-ce vraiment Kele Okereke qui chante ? A t-il rencontré Dieu ? Pitié ! Trois notes sur "My True Name", le refrain de "Virtue", ça n'est pas assez, et ça, on ne pardonne pas. Mais sommes toutes, pas la peine de s'offusquer, c'est ce qui arrive à tous les groupes, et même aux meilleurs : Bloc Party s'est affadi, plusieurs membres fondateurs sont partis, bref le Bloc Party original, novateur, charismatique qu'on a connu, a vécu et il est temps de tourner la page. Mais il la tourneront sans nous, et ils en vendront des tonnes.